L’agroalimentaire, moteur de croissance

Que faire si nous voulons quand même promouvoir la croissance économique et créer des emplois dans notre pays, alors que les principaux moteurs de cette croissance sont en panne depuis et pour quelques années encore ?

En effet tourisme, phosphates, textile-habillement, investissements se débattent dans de grandes difficultés et heureusement que les exportations et l’immobilier résistent encore, malgré les obstacles et les handicaps.

Mais nous devons trouver de nouveaux moteurs de croissance, notamment ceux qui peuvent et doivent tirer les régions défavorisées vers le haut pour les sortir de leur “torpeur” et les intégrer de façon dynamique dans les circuits économiques.

Le secteur de l’agroalimentaire recèle des potentialités énormes qui ne sont pas exploitées à leur juste valeur. Il peut et doit constituer un moteur de croissance.

Il permet de fixer au sol la population et réduire l’exode rural qui vide les campagnes et encombre les villes.

Il permet de créer des emplois avec des investissements plus modestes que dans l’industrie et le tourisme. Il est moins soumis aux fluctuations politiques et sécuritaires et aux crises économiques et sociales.

Notre proximité géographique avec l’Europe, la diversité de notre climat et de nos sols font que nos produits agricoles et alimentaires bénéficient d’avantages compétitifs qui méritent d’être mieux exploités au profit de notre pays.

Pays de micro-exploitation et de petits paysans, soumis à un stress hydrique croissant, la chance pour survivre réside dans les cultures intensives permettant, grâce à l’irrigation, d’obtenir des rendements élevés portant sur des produits à valeur ajoutée aussi bien à l’export que sur le marché local.

Il y a des choix à faire dans notre pays :  si notre climat n’est pas favorable à la culture des céréales, même dans le Nord du pays, de sorte que les rendements sont faibles et les récoltes aléatoires, pourquoi ne pas reconvertir les cultures en olivier, la vigne ou autres cultures fruitières en sec qui sont nettement plus rentables : investissons dans la reconversion d’autant plus qu’elle crée plus d’emplois tout en étant plus rentable.

Nous devons mettre en place un système intégré comportant plusieurs maillons solidaires et complémentaires qui vont du producteur agricole au consommateur client des grandes surfaces en Europe en passant par le centre de conditionnement des fruits et légumes ou l’usine qui transforme les produits agricoles en conserves ainsi que la logistique de transport  et de distribution.

Dans ce cadre, il y a lieu de généraliser les contrats de production pour réduire toutes sortes d’aléas, ce qui est de nature à rassurer tous les partenaires sur les prix à pratiquer mais aussi les quantités et qualités des produits.

Des industries agroalimentaires à haute valeur ajoutée doivent être implantées sur les lieux de production en partenariat avec des enseignes internationales réputées, qui doivent apporter surtout leur savoir-faire technologique et leurs circuits de commercialisation à l’export.

Trois sortes d’orientations nous semblent être très intéressantes : Les produits du terroir, l’agriculture biologique et les cultures de primeurs.

Nous avons plusieurs produits de terroir qui justifient des qualités gustatives et physiques appréciables et spécifiques, mais qui ne sont pas protégées par des AOC (Appellation d’origine contrôlée) et qui méritent une traçabilité valorisante et intéressante à l’export : pommes de Sbiba, muscat de Rafraf, hindi de Thala, grenade de Gabès, tomate de Haouaria, harissa de Nabeul, piment baklouti, Deglet Nour de Kébili ou de Tozeur, figues de Kélibia…

Les produits biologiques : huile d’olive, dattes, oranges, grenades… se vendent à des prix très élevés sur les marchés en Europe c’est pourquoi nous devons développer rapidement la certification bio de nos cultures de fruits et légumes et réaliser les extensions de ces cultures dans les meilleures conditions.

Notre climat est favorable notamment dans le Centre et le Sud avec des printemps précoces et des étés tardifs à des cultures de primeurs et d’arrière-saison à la fois, ce qui nous permet d’exporter des raisins, des tomates, piments et des grenades en Europe en plein hiver.

Nous devons tirer la leçon des expériences malheureuses et des mésaventures regrettables du lait, des dattes à l’export et des tomates destinées aux conserves.

Je devrais dire en fait des tragédies qui conduisent les éleveurs à renverser dans la nature des quantités énormes de lait, des producteurs de tomate qui vendent à perte leurs récoltes aux industriels et des paysans qui sont contraints de brader leurs dattes à des exportateurs voraces ou à des grossistes-spéculateurs.

Ces dysfonctionnements générateurs de drames humains et de lourdes pertes matérielles découlent d’un défaut de programmation des campagnes agricoles et d’un manque d’adéquation entre production et débouchés.

Nous devons planifier à moyen terme, car il y a souvent des lenteurs administratives et politiques désespérantes dans la prise des décisions.

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