L’Aïd, le jour qui vous fera votre fête !

Il était une fois l’Aïd, une fête pour s’aimer, des enfants qui jouent dans les ruelles de la médina, tous ensemble… Des familles unies, pas de feux d’artifice …quelques fouchiks et des bonbons suffisaient à faire le bonheur des enfants, et les gâteaux préparés en famille, tout est fait maison … Les petits bonhommes vêtus d’habits traditionnels … Et les maris offraient de l’or pour la maîtresse de maison. L’Aïd, c’était toute la famille mais aussi les voisins. Une ambiance bon enfant … Aujourd’hui les temps ont changé … Et votre bourse ne vous fait pas de cadeau !

Visites surprises, grande tournée, cousines, cousins, tantes et grands mères … C’est l’Aïd… La fin des grands couffins du mois de Ramadan, et le début d’une autre liste.  Nouvelles chaussures pour madame, la robe de bébé, la chemise de l’aîné … Et les gâteaux … Tout doit être parfait.

La fête à qui ?

« Papa, je ne veux pas de costard,  je n’ai pas cinquante ans moi, je veux un jean et un tee-shirt et je déteste les chemises. Emmène-Moi à Z… », dit le fils

« Oui, chéri, c’est une bonne idée, je pensais aussi acheter une robe à Z… » Surenchérit la mère …

Zut alors … Voilà quelques enseignes dont bien des pères de familles sont devenus allergiques.

« Chaque Aïd, il ne se passe pas une année sans que je ne dépense au moins 700 dinars pour les vêtements de mes deux enfants et de ma femme… Et ce qui me tue, c’est que c’est toujours les mêmes boutiques … Une chemise pour un enfant de deux ans coûte 40 dinars ! Un pantalon pour bébé 59 dinars et une robe bébé à 89 dinars, c’est de la foutaise ! Quand on voit la vitesse à laquelle bébé grandit, il faut quatre salaire pour pouvoir suivre ! », nous confie Mohamed, 35 ans, jeune père de famille.

En cette situation économique très difficile, l’Aïd est devenu pour certaines familles un cauchemar. Synonyme de dépenses, de concessions, de sacrifices parfois …

« Je ne peux pas ne pas offrir des jouets à mes enfants, ou de nouveaux vêtements … je ne peux pas non plus leur acheter n’importe quoi … Le jour de l’Aïd, on se doit d’être élégant et soigné et ça a un prix … C’est très dur mais inévitable.» Amèle, 28 ans, mère de deux enfants.

 

L’aïd c’est sacré !

Tous les Tunisiens se plaignent de la hausse des prix, des salaires qui ne suivent pas … Mais la plupart continuent à dépenser … Les achats de l’Aïd, pour beaucoup, c’est sacré.

« Nous avons de grandes difficultés financières mais on ne peut pas accueillir les gens n’importe comment, c’est une fois par an, c’est aussi une question de traditions … Comment expliquer à ces enfants qu’on ne peut pas leur offrir de jouets comme chaque année ou de tenues … C’est une fête et je ne voudrais pas décevoir mes enfants en ce jour de fête » 

Associations, militants, organisations et ministères insistent pourtant : « Il faut savoir boycotter, dire non au dépassement. Il faut passer son chemin et ne pas acheter quand les prix sont exagérés.  Il faut passer son chemin quand il le faut. C’est le seul moyen de contrer les spéculateurs, d’éviter les arnaques. C’est un comportement citoyen qu’il faut adopter pour éviter la flambée des prix » a tant de fois déclaré Mohamed Zarrouk, Président de l’Organisation de défense du consommateur (ODC).

Une facture salée pour quelques bouchées sucrées …

Il n’est pas une maison que vous visiterez le jour de l’Aïd où l’on ne vous présentera pas ces fameux gâteaux traditionnels tunisiens …

Pistache, noisette, pâte d’amende, un véritable concours de couleurs et d’ornements.

Ces petits gâteaux atteignent le prix de 50 dt le kilo dans certaines pâtisseries de grande renommée.

Nous sommes allés à une pâtisserie présente dans plusieurs villes et quartiers et voici une liste des prix :

Baklawa, à partir de 30 dinars le kilo,

Baklawa Bey, à partir de 46 dinars le kilo

Bjaouia, à partir de 44 le kilo

Mlabess, à partir de 40 le kilo.

Des coffrets, bien emballés, bien présentés se vendent jusqu’à 60 dinars …

Connaissez-vous la dernière ?

Les dépenses du mois de Ramadan touchent à leur fin, l’aïd, c’est fait pour beaucoup d’entre vous …

Mais nous sommes à deux mois de la rentrée scolaire … Encore des dépenses ! Bon courage !

 

 

Yasmine Hajri

Related posts

Projet de loi sur l’organisation des contrats de travail et la fin de la sous-traitance: du nouveau 

Le pape François décède à l’âge de 88 ans

L’hiver fait son retour : pluie, froid et orages au programme