De dangereuses actions de salafistes ont été dénoncées, dans la presse locale, qui touchent à l’environnement des lycées de plusieurs villes tunisiennes. Il s’agit d’une action d’envergure d’éléments de cette mouvance qui s’installent devant des lycées pour faire leur propagande, à grand renfort de puissants mégaphones, pour agir sur ces jeunes âmes en leur bourrant le crâne au prétextes de faire leur éducation religieuse à leur manière. Ils prétendent leur interdire le chant, la danse, la mode (sur ce dernier point, les autorités des établissements s’en occupent suffisamment) et insistent pour que les jeunes filles portent le voile, les menaçant de châtiments divins dans ce Monde et dans l’Autre. Nos jeunes n’ont pas besoin de ce “lavage de cerveau”, ils ont des professeurs qui leur enseignent l’éducation religieuse et l’instruction civique, ils ont appris le Coran depuis la 1ere année primaire… Cette occupation illégale du domaine public et cette propagande doivent être interdites par les forces de l’ordre, mais, les policiers ne pouvant être partout à la fois, tout(e) citoyen(ne) ou parent d’élève devrait alerter le poste de police le plus proche, car nos enfant ont besoin de vivre tranquillement leur jeunesse, tout en se consacrant à leurs études et en se livrant aux distractions de leur âge pour décompresser après les examens.
Mais le salafisme ne se limite pas aux manifestations, au port de la barbe, du “qamis”, il peut être caché dans l’esprit de certains. C’est ainsi que le 7 avril courant, Mme Sana Ghenima, pdg d’une société, se rendant à l’étranger par l’aéroport Tunis-Carthage pour un voyage d’affaires, a eu la surprise d’être interpellée par un agent de police qui lui a demandé : “Est-ce que votre mari est au courant de votre voyage ? Est-il consentant ?”. Eberluée et se demandant si elle était bien en Tunisie au 21e siècle, elle a réagi énergiquement et est allée se plaindre au chef de la police de l’aéroport qui l’a reçue en s’excusant pour le dépassement commis par l’agent. Cet incident se serait répété avec d’autres personnes. Cela paraît impensable au pays du Code du statut personnel et c’est pour cela que la plus grande vigilance doit être de mise et chaque tentative de retour en arrière doit être combattue et signalée largement pour que les droits des femmes ne soient pas bafoués après un demi-siècle de combats.
* Le Mufti de Tunisie monte au créneau : Après l’entretien donné au journal Le Maghreb par Lotfi Ben Jeddou, ministre de l’Intérieur, qui a déclaré que de nombreux réseaux “clandestins” qui s’occupent du recrutement de jeunes Tunisiens pour le djihad en Syrie ont été découverts, , et après les déclarations et les mises en garde à la télévision d’Ahmed Manaï, ancien observateur de la Ligue arabe en Syrie, c’est au tour du Cheikh Othman Battikh lui-même de prendre position contre cette nouvelle “traite d’êtres humains.”
Dans une déclaration faite le 19 avril, le Mufti de Tunisie, la plus haute autorité religieuse du pays, a dénoncé pêle-mêle ce soi-disant djihad (“aller combattre en Syrie n’est pas du djihad”), le “djihad du nikah” pour lequel 16 jeunes filles ont été envoyées “au front” (“c’est une forme de prostitution et d’adultère” a-t-il déclaré) et le “mariage orfi” qui s’amplifie dans les milieux estudiantins (“le mariage coutumier est illégal et nul. En Tunisie, le mariage n’est légal qu’en vertu d’un contrat civil, conformément aux disposition du CSP”). C’est clair et net, et il ne reste plus qu’à souhaiter que les imams répercutent ces paroles dans leurs sermons du vendredi (du moins dans les mosquées qui ne sont pas aux mains des salafistes !)
* Mieux vaut tard que jamais ! Les responsables de l’ANC ont enfin compris que le fait d’être un élu du peuple ne signifie pas obligatoirement que “l’on a la science infuse ” et que l’on peut tout faire tous seuls.
On commençait à s’en douter, à voir le “brouillon” de la Constitution toujours en chantier… Devant cette stagnation, qui met en danger l’évolution de la feuille de route actuelle (vote de la Constitution, ISIE, élections…), la Commission de rédaction et de coordination de la Constitution a décidé de s’adjoindre un aréopage d’experts, c’est ainsi qu’ont été choisies dix personnalités pour l’examen du contenu du texte —parmi lesquelles on note avec plaisir les noms de Yadh Ben Achour et de Kaïs Saïed — et trois autres compétences pour la formulation exacte des articles de la Constitution. Souhaitons bonne chance à ces personnalités de bonne volonté et de grande valeur, et espérons que des interventions venues “d’en haut” ne viennent pas retarder ou influencer leur tâche !
* Faudra-t-il armer nos douaniers ? Titrait La Presse il y a quelques temps. Mais bien sûr et il faut le faire le plus tôt possible, comme l’a exigé une récente manifestation des intéressés eux-mêmes. Bien entendu, il ne s’agit pas des agents de la douane des ports ou des aéroports, qui n’ont à craindre, parfois, que les réclamations éventuelles des voyageurs. Par contre, les agents qui sont en poste à nos frontières de Libye (surtout) ou d’Algérie ont besoin d’un armement conséquent et de véhicules adaptés aux poursuites, car en ce moment ce sont les contrebandiers qui font la loi, n’hésitant pas à attaquer les postes de garde ou les bâtiments où sont entreposées les marchandises confisquées, des produits dont la Tunisie a besoin partent à l’étranger et des armes entrent chez nous, tout cela avec violence ! Force doit rester à la loi !
Raouf Bahri