Gouvernement remanié, Assemblée dissoute, détenus graciés : le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a donné plusieurs gages pour tenter de désamorcer de nouvelles protestations populaires, à l’occasion du deuxième anniversaire du mouvement du Hirak.
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a promis jeudi qu’une nouvelle équipe gouvernementale serait formée dans les 48 heures. Le remaniement devrait concerner, selon lui, « des secteurs qui enregistrent des déficits dans leur gestion, ressentis par les citoyens et nous-mêmes ». La formule est vague mais destinée à désamorcer de nouvelles protestations populaires à la veille du deuxième anniversaire du Hirak, le mouvement de colère antisystème né à la mi-février 2019.
Pour faire preuve de bonne volonté vis-à-vis des protestataires, le chef de l’Etat, tout juste revenu d’une nouvelle hospitalisation de plus d’un mois en Allemagne, a annoncé qu’il graciait une soixantaine de manifestants déjà condamnés ou en passe de l’être. Avant de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer de nouvelles élections législatives, il a également reçu les partis d’opposition mais par le FLN et le RND, liés au pouvoir depuis des décennies.
Le nouveau code électoral qui régira le scrutin parlementaire prévu d’ici à l’été sera mis en œuvre par ordonnance et mettra l’accent sur un financement très strict des campagnes afin de dissiper tout soupçon de corruption, alors que celle du président Bouteflika pour un cinquième mandat avait été éclaboussée par plusieurs scandales de financement occulte et dont les responsables sont aujourd’hui en prison.
*Un nouvel appel à défiler le 22 février
Les 16 et 19 février 2019, des premières manifestations avaient éclaté, respectivement à Kherrata puis à Kenchela, au cours desquelles des affiches ou des portraits du président Bouteflika avaient été arrachées et piétinées. Mais c’est à Alger le 22 février, ainsi que dans toutes les grandes villes du pays que les Algériens étaient massivement descendus dans la rue pour réclamer le départ du président et de son clan. Il faudra attendre le 2 avril avant qu’Abdelaziz Bouteflika soit « démissionné » et le 13 décembre avant qu’une élection présidentielle tardive voit Abdelmadjid Tebboune l’emporter.
Depuis, le Hirak n’a jamais vraiment cessé de réclamer un changement de système pour mettre fin à un régime contrôlé indirectement par le pouvoir des militaires. Seule l’épidémie de Covid-19 a permis de limiter la régularité et l’ampleur des manifestations. Mais un nouvel appel à défiler lundi pour le deuxième anniversaire du Hirak a été publié sur les réseaux sociaux ces dernières heures, comme si les annonces du président Tebboune n’avaient pas convaincu.
(Le Journal du Dimanche)