L’Allemagne est en mesure de devenir le partenaire stratégique numéro un de la Tunisie avant même la France notre partenaire privilégié et historique. En effet, l’Allemagne soutient la révolution tunisienne et continue depuis 2012 à prêter main forte à la Tunisie et est disposée à développer encore plus ses relations économiques et ses investissements en Tunisie.
L’aide allemande à la Tunisie s’évalue à 290 millions d’euros en 2017. D’ailleurs c’est -ce qui a été confirmé par l’ambassadeur d’Allemagne Dr. Andreas Reinicke. Selon lui, l’Allemagne s’engage pour la Tunisie car les allemands ont vécu la même transition durant la deuxième guerre mondiale et la réunification du pays dans les années 90.
Le soutien de l’Allemagne se traduit par des moyens financiers et techniques afin d’accompagner la Tunisie dans de grands projets stratégiques dans sa transition économique. Dernier grand projet pour lequel l’Allemagne s’engage aux côtés de la Tunisie, c’est la transition énergétique du fossile au renouvelable. Il faut rappeler que 34% de l’électricité produite en Allemagne est issue des énergies renouvelables et ce secteur emploie près de 300.000 personnes.
Le plan solaire tunisien s’inscrit dans ce même cadre et la Tunisie espère passer de 2% actuellement à 30% de la production électrique issue de l’énergie renouvelable, soit 4000 MW. L’état actuel du secteur de l’énergie met le pays, qui manque de ressources naturelles, face à de grands défis majeurs liés aux équilibres financiers, à la sécurité de l’approvisionnement. Un déficit énergétique qui se creuse et une forte dépendance de l’importation notamment de gaz naturel de l’Algérie.
Les principaux acteurs de ce plan solaire tunisien sont le secteur public à travers la STEG, le secteur privé et les bailleurs de fonds en l’occurrence l’Allemagne. Deux acteurs allemands essentiels interviennent dans ce secteur, il s’agit de la GIZ, l’entreprise fédérale allemande mandatée par le gouvernement allemand qui représente la coopération technique et la Banque de développement de la république fédérale d’Allemagne (KFW) qui représente la coopération financière de cette coopération énergétique.
L’intervention de la KFW en Tunisie
Installée depuis 2012, la KFW représente le bras financier des projets énergétiques en Tunisie. Le volume de financement des projets en cours ou en préparation par la banque, avoisine les 2 milliards d’euros. La KFW finance plusieurs projets dont la première centrale photovoltaïque à Tozeur avec une capacité de 10MW. Il s’agit d’un projet pilote qui aboutira à d’autres dont la capacité est plus conséquente. Selon la KFW, grâce à ce projet l’importation d’énergies fossiles sera réduite à environ 2.900 tep (tonne équivalent pétrole) par an. Il s’agit d’un prêt bonifié à 0,9% de taux d’intérêt, d’un montant de 11,5 millions d’euros dont de 2 millions d’euros sous forme de don de l’union européenne et de l’Allemagne.
Dans cette coopération énergétique entre la Tunisie et l’Allemagne, la GIZ demeure le premier partenaire technique. Depuis sa création la GIZ a mis en œuvre 45 projets avec les acteurs tunisiens avec une enveloppe actuelle de 110 millions d’euros. Avec l’appui de celle-ci la Tunisie a mis en place le cadre réglementaire pour la promotion des énergies renouvelables, quoi que selon Matthias Giegerich, directeur général de la GIZ, la mise en œuvre des textes de lois demeurent difficile actuellement. Deux ans déjà depuis l’adoption de la loi sur les énergies renouvelables, c’est seulement le 15 novembre qu’un appel d’offres vient d’être lancé par le gouvernement sur la production de 140 MW entre énergie photovoltaïque et éolienne. Quant aux particuliers ou aux PME qui veulent produire leur propre énergie renouvelable, les procédures demeurent ambigües. L’objectif d’arriver à 30% de l’électricité issue de l’énergie renouvelable d’ici 2030 risque d’être un mirage.
La 7ème Journée tuniso-allemande de l’Énergie dont le thème « Promouvoir la transition énergétique – outils et technologies » qui sera organisée ce mercredi avec la présence de Khaled Kaddour, ministre tunisien de l’énergie, mettra-t-elle encore plus l’accent sur les défaillances du secteur et boostera-t-elle les parties prenantes, en l’occurrence l’administration tunisienne, à accélérer l’application des lois en rapport avec l’énergie et se lancer pleinement dans le Plan Solaire Tunisie.
N.J