La bohémienne de Séville
Carmen est un opéra classique composé par Georges Bizet et dont le livret est signé Prosper Mérimée. Cette version ballet de Natalia Osipova, étoile du théâtre Mikhailovsky de Saint-Pétersbourg, se concentre sur l’aspect dansé de l’opéra : une harmonie entre la danse classique et la danse de caractère, imposée par le thème. La preuve en fut donnée le samedi 9 août à Hammamet.
Carmen est une bohémienne qui vit à Séville, dans le sud de l’Espagne. Elle déclenche une bagarre dans la manufacture de tabac où elle travaille, en raison de son tempérament libre et rebelle. L’un des brigadiers, Don José, doit la mener en prison mais tombe sous son charme et la laisse s’échapper. Par amour pour Carmen, il abandonne tout (sa fiancée, son travail…) mais sa jalousie prend le dessus. Carmen se lasse rapidement de lui et tombe amoureuse du célèbre torero Escamillo…
Grâce et déploiement lyrique
Aujourd’hui, c’est une chorégraphe de Saint Petersbourg, sensible à la danse de Maya Plissetskaya qui se penche à nouveau sur l’oeuvre Carmen Ballet. Natalia Osipova Étoile lumineuse et chorégraphe décalée, relève le défi de présenter un ballet Carmen qui voit se lier harmonieusement le Grand Classique et la Danse populaire. Un parti pris qui est la marque de fabrique de cet enthousiasmante belle de danse !
Natalia Osipova, étoile lumineuse et chorégraphe de Saint Petersbourg, relève le défi de présenter un ballet Carmen qui voit se lier harmonieusement le Grand Classique, le néo-classique et la Danse populaire. Un parti pris qui est la marque de fabrique de cette enthousiasmante belle de danse !
Carmen le Ballet, imaginée par Natalia Osipova, pose sur scène un être irréel, chargé de la conscience de Carmen, marionnettiste de son destin. Il en porte d’ailleurs le nom … Le Destin ! Ce personnage vif, manipulateur et insaisissable, simplement perçu par Carmen, va mener le drame à son terme, écrasant l’intrigue de sa terrible présence, faisant naître et s’éteindre, en une étincelle de temps réel, de jeunes âmes. Des âmes ! Celle de José, un amant qui aurai pu être magnifique, celle d’un toréador décalé et celle d’une Carmen encagée dans nos temps et nos convenances… Des sentiments qui ne s’élèveront pas, des gloires sans socle, des destinées fatalement fatales, de la belle violence, des caractères coupés au couteau rouillé… Telle est l’œuvre construite par Prosper Mérimée, mise en musique par Georges Bizet, dansée d’une autre manière par de jeunes instinctifs, ressentie par une chorégraphe viscéralement slave. Et cette vision venue du froid d’une histoire du sud est tout simplement juste, bouleversante, terrible et universelle.
Cette version se démarque des autres représentations. Les danseurs choisis (Nicolaï Andreosov ou encore Alexander Babenko) sont deux grands techniciens mais n’oublient pas l’interprétation des rôles. Les gestes techniques dansés dégagent une réelle émotion et apportent un plus à cette histoire connue de tous. Enfin, Hammamet a fourni un écrin sublime à la folie dansante de Carmen.
*Musique de Georges Bizet, d’après la nouvelle de Prosper Mérimée, direction de la danse Natalia Osipova, étoile du théâtre Mikhailovsky de Saint-Pétersbourg.
F. B.