L’année 2022 et les possibilités de sortie de l’ère des grandes peurs et du monde de l’enfermement !(2)

La fragilité de l’économie et la poursuite des risques
L’économie mondiale a connu un important rebond au cours de l’année passée et la croissance globale a atteint 5,9% en 2021 suite au recul du virus, au début de sortie du confinement des plus importants secteurs économiques, et àla reprise des activités économiques. Mais, les pronostics pour l’année 2022 indiquent un recul de la croissance globale qui sera autour de 4,9% suite à l’apparition des nouveaux variants, Delta et Omicron, et leurs effets sur l’économie globale. Le niveau de la croissance au cours de la nouvelle année sera fortement lié à l’évolution de la pandémie et notre capacité à la maîtriser et à réduire ses effets sur la santé publique et sur les activités économiques.

Parallèlement à la pandémie, l’économie mondiale sera confrontée au cours de cette année à quatre grands défis. Le premier concerne le retour des tensions inflationnistes qui ont atteint au plan de l’économie américaine leur niveau le plus élevé depuis 40 ans avec une moyenne annuelle de 6,8% au cours de l’année passée et de 5% pour les pays de l’Union européenne. Le retour de l’inflation s’explique par deux raisons essentielles : l’accroissement des prix des matières premières avec la reprise des activités économiques et les difficultés des circuits de distribution suite à la pandémie. Le retour de l’inflation va inciter les banques centrales dans le monde à sortir de l’expansionnisme ambiant pour des politiques monétaires plus restrictives, ce qui aura des conséquences négatives sur la croissance.

Le second défi concerne le recul de la croissance dans les pays émergents qui a été une importante locomotive de la croissance globale au cours des dernières années. Ce repli de la croissance est lié à la faiblesse du rebond post-Covid-19 dans la mesure où le niveau de vaccination reste relativement faible, particulièrement dans les pays les plus pauvres où le taux n’a pas dépassé les 8% des populations globales.

Le troisième défi est lié à la difficulté d’accès aux matières premières et aux produits semi-manufacturés du fait des perturbations des circuits de distribution dans le monde suite à la pandémie. Le cas le plus frappant à ce propos concerne l’industrie automobile dont les difficultés de provision pour les semi-conducteurs ont été à l’origine d’une baisse du chiffre d’affaires estimé à 200 milliards de $ pour l’année 2021. Ces difficultés persistent jusqu’à nos jours en dépit des accords passés entre les grandes compagnies mondiales et leurs fournisseurs, traduisant une grande nervosité sur les marchés mondiaux.

Le quatrième défi concerne le retour des tensions commerciales et des conflits entre les grandes puissances économiques mondiales dont les Etats-Unis, la Chine, la Russie et l’Europe, ce qui renforcera l’incertitude et l’inquiétude sur l’économie mondiale.

Si le recul de la pandémie lors de la seconde moitié de l’année écoulée a été à l’origine d’un important rebond dans la croissance globale et d’un retour de confiance des investisseurs, les nouveaux défis vont avoir des effets négatifs et la trajectoire de l’économie mondiale sera marquée par une grande fragilité et le retour des grands risques.

La protection de l’environnement et l’année de l’apathie et de la lassitude
Généralement, les années qui suivent les conférences internationales sur le climat sont marquées par la lassitude et la baisse de la mobilisation pour la protection de l’environnement. Cette année sera par conséquent marquée par un recul dans la mise en place des engagements de la part des Etats en la matière.

Par ailleurs, la montée des prix des matières premières à partir de la seconde moitié de l’année passée va contribuer à cette démobilisation dans la mesure où les vagues de froid dans les pays développés vont amener les pays à recourir aux énergies conventionnelles et particulièrement au charbon qui a des effets néfastes sur l’environnement et par conséquent sur le développement durable.

L’année 2022 sera également marquée par la publication des deux rapports du comité des experts sur l’évolution du climat, le Giec, et qui mettra en exergue la poursuite de la détérioration de l’environnement suite à l’absence d’une véritable volonté politique pour limiter les émissions de CO2 et l’inscription dans un nouveau modèle de développement plus durable.

Le recul de la pauvreté et la poursuite de la fragilité sociale
La plupart des prévisions économiques soulignent le recul de la pauvreté dans le monde au cours de cette année après qu’elle eut connu des niveaux très élevés dans le monde suite à la récession et à la pandémie. Ainsi, le nombre de personnes qui vivent sous le seuil de la pauvreté absolue avec moins de 1,9 dollar par jour ont atteint 750 millions de personnes à la fin de l’année 2020. Le retour de la croissance économique et l’effervescence que nous connaissons depuis juin 2021 vont contribuer au recul des chiffres de la pauvreté, et le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté sera de 687 millions de personnes.

Mais, en dépit du recul de la pauvreté, les inégalités et la marginalité sociale vont se poursuivre au cours de l’année, ce qui constituera un important facteur d’instabilité politique.

La lecture prospective des grandes trajectoires épidémiologiques, politiques, économiques, sociales et climatiques qui vont structurer l’année 2022 indique qu’elle ne sera pas un point d’inflexion et n’entamera pas de grandes ruptures, mais sera marquée par l’incertitude, les doutes et les inquiétudes. Cette année va par conséquent s’inscrire dans la dynamique et la logique de la décennie passée et sera marquée par la persistance des grandes peurs et de l’enfermement sur soi et dans les frontières nationales

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