Par Amine Ben Gamra
Selon la loi de Finances 2024, la Tunisie doit trouver plus de 28 milliards de dinars et l’opération est délicate parce que les bailleurs de fonds se font de plus en plus rares et que le pays a d’importantes échéances à rembourser l’an prochain.
Motif d’inquiétude supplémentaire : les négociations avec le FMI pour un prêt de 1,9 milliard de dollars, clé d’autres aides étrangères, piétinent depuis longtemps.
Pire, récemment l’agence américaine Moody’s a maintenu la note de la dette à long terme du pays à CCC-, jugeant « plus élevé » le risque d’un défaut de paiement.
Il est peut-être temps pour l’UE de prêter main forte à la Tunisie.
En effet, si le pays ne parvient pas à se réformer et qu’il tombe dans une pauvreté encore plus grande, cela ne ferai qu’accélérer le rythme de la migration irrégulière vers l’Europe via les côtes tunisiennes.
Dans le contexte d’une crise financière profonde, les dirigeants tunisiens devraient s’assurer que leurs partenaires de l’UE comprennent l’importance de la stabilité globale de la Tunisie dont la sécurité est primordiale non seulement pour les 12 millions de Tunisiens mais aussi pour les Européens.
Il est grand temps de faire pression sur l’Europe pour obtenir un soutien financier.
Bien que l’Etat ait réussi à honorer les échéances de paiement de sa dette extérieure en 2023 et à exiger du peuple tunisien une politique d’austérité, il est probable que les pressions vont s’intensifier dans les années à venir avec des échéances de paiement de dettes extérieures plus importantes et avec des déficits budgétaires qui s’aggravent d’une année à une autre.
L’année 2024 s’annonce très difficile car la combinaison de taux d’intérêt élevés, d’une faible croissance, d’un taux de change élevé et d’une dette croissante est de plus en plus insoutenable.
La Tunisie doit redoubler d’efforts pour soutenir sa croissance.
Des mesures ciblées et novatrices sont nécessaires pour promouvoir via l’investissement et la création d’emplois.
L’investissement est le levier qui peut aider à faire bouger l’économie. Mais comment faire quand cela est passé d’une moyenne de 25% du PIB entre 2000 et 2011 à 15% aujourd’hui suite au manque de financements extérieurs.
Notre pays doit s’engager davantage auprès de ses partenaires étrangers, dont beaucoup restent perplexes quant au niveau de soutien qu’il conserve.
On n’a pas le luxe de négliger le dialogue avec les principaux prêteurs et partenaires commerciaux de la Tunisie.
*Expert-comptable
Commissaire aux comptes