Lassaad Yacoubi : un homme seul

Moncef Kammoun

 On a bien du mal aujourd’hui à trouver des justifications à l’attitude étrange de la fédération de l’enseignement secondaire de l’UGTT et plus précisément à  son secrétaire général,  Lassaad Yacoubi.
 J’ai dis étrange parce l’UGTT a toujours joué un rôle décisif dans les moments difficiles. Elle est la force nationale au service pas uniquement des travailleurs mais du peuple, elle a toujours été un vrai contrepoids au pouvoir politique, et c’est là un phénomène purement Tunisien.
De tout temps l’UGTT a été un acteur incontournable de la scène politique, depuis sa création en janvier 1946, la centrale syndicale a mené le combat pour l’indépendance nationale pendant les années sombres où la violence coloniale se déchaînait contre le peuple et les militants, après l’indépendance l’UGTT était l’unique organisme qui a osé tenir tête à Bourguiba pour défendre les intérêts des travailleurs
et sous Ben Ali, l’UGTT a joué aussi un rôle primordial surtout dans le déclenchement et  l’encadrement des mouvements et la radicalisation des revendications populaires et la politisation de cette révolution qui n’était, au départ, qu’une protestation populaire spontanée et désorganisée. Les structures régionales et locales de l’UGTT ont, en effet, encadré et organisé cette contestation sociale  et après la révolution l’UGTT a réussi là où tous les partis politiques ont échoué elle a été au centre des négociations pour trouver une issue à la crise que le pays a traversée, elle a en effet, décidé des grèves générales et mené le bal des protestations avant de conduire le dialogue national et d’en imposer l’orientation et la cadence.
Aujourd’hui, les actions suicidaires de la fédération de l’enseignement secondaire de l’UGTT pour des revendications sociales en faisant une grève le 6 décembre 2017, une autre le 15 février courant doublée d’un boycott administratif et enfin une menace réelle d’une année blanche dans les collèges et les lycées en prenant en otage 900.000 élèves est tout à fait indigne de l’UGTT, et de l’esprit de Hached surtout que toutes ces revendications sont d’ordre pécuniaires tel que  la revalorisation des primes, la retraites anticipées à 55 ans, la classification de la profession comme métier “pénible” et ce cela dans un pays qui compte déjà six cent mille chômeurs et qui vit avec une économie à 50 % parallèle, un PIB dont la croissance peine à atteindre les 2 %, un DT qui glisse dangereusement, une dette extérieure qui représente plus de 70 % du PIB.
Le secrétaire général de la fédération de l’enseignement secondaire, Lassaad Yacoubi, a appelé les professeurs à ne pas reprendre les cours et à ne pas fournir les notes des élèves à l’administration et de poursuivre, seul, son combat et ce malgré la décision contraire de la commission administrative nationale de l’UGTT
Il est temps aujourd’hui que cette centrale syndicale, si grande par son histoire, si forte par ses militants, si honorable par ses fondateurs, de retrouver sa crédibilité auprès des Tunisiens.

 

 

 

 

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