L’austérité participative oui,… mais comment ?

2017, L’année de toutes les difficultés, c’est déjà demain, c’est pourquoi sans attendre, il faudrait que le gouvernement de Youssef Chahed adopte un programme d’austérité pour éviter la faillite et le chaos dans le pays, car la situation socio-économique a atteint un tel degré de gravité que seuls les inconscients et les irresponsables sous-estiment ou feignent d’ignorer.

A titre indicatif, il suffit de citer quelques chiffres significatifs : une croissance qui est plus proche de 0% que du chiffre officiel de 1% pour 2016.
Le déficit du Budget initialement prévu à 3,9 millions de dinars sera presque le double soit 6,5 MD sur un budget de 23 MD : c’est la déconfiture des finances publiques. Nous empruntons à l’étranger pour financer les salaires des fonctionnaires qui sont de l’ordre de 13 MD, soit près de 60% du Budget de l’Etat.
La dette extérieure frise les 61% du PIB, tandis que le dinar s’effondre chaque mois un peu plus.
Pendant ce temps-là une partie de la population n’est pas consciente de la situation et surconsomme au delà de ses revenus, fait la fête dans les festivals en attendant l’Aïd et la rentrée scolaire.
Ce serait une erreur stratégique grave de conséquences sociales que de faire payer aux catégories populaires et moyennes “la lourde facture des échecs de 7 gouvernements successifs sur tous les plans. En effet, licencier des milliers de fonctionnaires, réduire les salaires des retraités et des salariés, faire des ponctions sévères dans les prestations sociales des caisses nationales de sécurité sociale, les soins hospitaliers et médicaux publics ainsi que la réduction des crédits destinés à l’éducation et à l’infrastructures de base seraient des mesures suicidaires et aggraveraient la situation actuelle déjà explosive.
Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas une austérité imposée ou décrétée par le nouveau gouvernement, mais voulue et assumée par la population, représentée par la société civile et les organisations nationales, car les partis politiques sont plutôt attachés à la sauvegarde de leurs intérêts partisans et personnels immédiats.
L’austérité participative devrait découler d’un sursaut salvateur qui mettrait chacun parmi nous devant des choix existentiels : se serrer la ceinture, consentir des privatisons provisoires ou faire des sacrifices momentanés et se remettre sérieusement au travail.
Il s’agit durant 2 ou 3 ans de faire passer l’intérêt supérieur du pays au dessus des intérêts personnels et partisans.
En quoi consiste l’austérité participative ?
Le gouvernement devrait donner l’exemple et donner un signal fort à toute la population en ce qui concerne la concrétisation de la politique d’austérité surtout qu’il compte plus de 40 ministres et secrétaires d’Etat qui ont droit chacun à plusieurs voitures luxueuses et puissantes, énergétivores,… à un train de vie coûteux, avec missions et réceptions, à plusieurs membres de cabinet ou conseillers rémunérés de façon conséquente pour “préserver le prestige de l’Etat”.
Ce serait une mesure appréciée de bonne gouvernance que de réduire de façon sensible toutes les dépenses relatives aux salaires et dépenses des nouveaux membres du gouvernement.
Plusieurs mesures prioritaires s’imposent pour redresser la situation économique et redonner de l’espoir à la jeunesse, notamment dans les régions défavorisées.
D’abord, redonner confiance aux acteurs économiques, notamment les chefs d’entreprises et le milieu des affaires pour les inciter à investir et porter secours aux entreprises en difficultés.
Faire adopter le plan de développement 2016-2020 par l’ARP et faire accélérer la promulgation du code de l’investissement
Ensuite donner un coup de frein sévère aux importations légales portant sur des produits non indispensables ou fabriqués en Tunisie et aux importations clandestines soit la contrebande.
Le gouvernement doit trouver une solution immédiate à la crise du bassin phosphatier de Gafsa par une négociation au niveau le plus élevé, car la pérennité de la CPG est menacée alors qu’elle représente l’avenir de toute la région, ainsi qu’une ressource fondamentale pour le budget de l’Etat et la balance des paiements.
Adopter un pacte de paix sociale sur trois ans entre le gouvernement, l’UGTT et l’UTICA, comportant un gel relatif des salaires et des prix, l’arrêt de toutes revendications sociales et salariales ainsi que l’abstention de tout sit-in en attendant l’amélioration de la situation économique du pays.
C’est la mise en application de la réforme fiscale qui va permettre au pays de donner un coup de frein à la flambée vertigineuse de l’endettement extérieur du pays, il s’agit de faire payer ceux qui gagnent beaucoup d’argent légalement et illégalement, mais qui s’arrangent pour ne pas payer leurs impôts, sinon des sommes dérisoires. Il s’agit notamment des contrebandiers, des professions libérales, des “commerçants parallèles” et des spéculateurs en tout genre.
Le gouvernement faute de négocier le report des échéances de remboursement de crédits extérieurs de 2017 qui dépassent les 800 MD sera contraint de demander aux bailleurs de fonds de les transformer en financement de projets de développement dans les régions défavorisées.

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