Fin 1983, l’économie tunisienne subit de plein fouet les contrecoups du choc pétrolier. Le Fonds monétaire international exige du gouvernement de l’époque un plan d’austérité, auquel il répond le 29 décembre 1983.

Par Dr. Sami El Mekki*
A la surprise générale des tunisiens, les prix des aliments de base flambent à l’instar de celui du pain qui augmente de 80% et celui des céréales de 70%.
Cette décision hâtive et irréfléchie du gouvernement va embraser le pays pendant plus d’une semaine. Dès cette annonce, les braises de la révolte se propagent à grande vitesse du sud au nord dans toutes les villes du pays entraînant la plus grande insurrection populaire depuis l’indépendance.
Tunis et sa banlieue s’embrasent le 3 janvier 1984 et les émeutes se poursuivent dans un climat de guérilla urbaine sans précédent, malgré la proclamation de l’état d’urgence.
Devant cette fronde populaire, le président Habib Bourguiba intervient le 6 janvier 1984 et décide dans un bref discours la suspension totale de toutes les augmentations des prix du pain et des céréales et termine son allocution par « que Dieu bénisse le peuple tunisien. »
Ainsi, l’allocution du « combattant suprême » a eu pour effet de retourner magistralement la situation en sa faveur. Comme par magie, les émeutiers de la veille descendent dans les rues pour exprimer leur joie, leur contentement et leur soutien au père de la nation.
Habib Bourguiba restera incontestablement un géant de l’histoire. Grâce à son intelligence peu commune, ses capacités de visionnaire hors-pair, ( qui nous manquent cruellement aujourd’hui ) son exceptionnelle habileté manœuvrière et sa grande proximité de son peuple, il a su transformer une révolte sanglante en une véritable liesse populaire…
Mais n’est pas Bourguiba qui veut… et on ne naît pas leader, on le devient… on le devient au prix d’un dur travail comme pour chaque chose obtenue dans la vie…
N’est-ce pas Monsieur Emmanuel Macron, qui a tout intérêt à ravaler son orgueil, à s’asseoir sur son amour propre et pourquoi pas à s’inspirer des grands hommes politiques de l’histoire afin d’éviter une hécatombe dans son pays, parce que l’heure est grave et l’histoire ne pardonne pas…
Médecin-Pneumologue