Le business plan, c’est pour quand ?

 

Il faudrait quand même raison garder et se rendre à l’évidence, la conférence internationale sur l’investissement est prévue pour les 29 et 30 novembre 2016 à Tunis. Autant dire que c’est pour demain.
Qu’avons-nous préparé pour assurer sa réussite, alors qu’elle est fondamentale pour favoriser la relance de notre économie et la promotion du processus de la croissance en berne dans notre pays depuis six ans. Le rendez-vous a été pris, les invitations lancées depuis des mois, le calendrier est figé. Retarder encore serait malvenu.
Il serait scandaleux de présenter à un parterre prestigieux de bailleurs de fonds internationaux, venus de loin pour assister à cette conférence et éventuellement prendre des engagements fermes, un simple catalogue de projets d’infrastructure de base ou de projets économiques à réaliser ou à financer, sans qu’il y ait une vision sociétale pour l’avenir du pays, un modèle de croissance, un programme de développement à long terme.
Le fait de changer de gouvernement à la veille de cette conférence, preuve s’il en est, de l’instabilité politique, avec en moyenne un nouveau gouvernement tous les ans depuis six ans, est en soi un facteur négatif et même dissuasif pour des investisseurs étrangers. C’est un signe de manque de maturité politique et sociale, peu propice à la croissance économique, surtout que, à chaque fois on prend les mêmes partis politiques et on recommence, sans succès pour autant.
Notre pays n’a pas encore adopté un code de l’investissement, promis par les gouvernements successifs depuis cinq ans, il est encore en cours d’examen à l’ARP : il ne fait pas l’unanimité des acteurs économiques, ni de la société civile dans le pays.
Le ministre qui l’a présenté n’est plus au gouvernement, celui qui l’a remplacé est-il contraint de défendre un texte qui n’est pas le sien à titre de continuité de l’Etat car il n’a pas le temps matériel pour réviser la copie ? Ou bien, faut-il quand même revoir les incitations financières et les avantages fiscaux, quitte à retarder la promulgation du texte?
Le texte lui-même prévoit la mise en place de nouvelles institutions qui va retarder encore plus le caractère opérationnel de ce Code, sur lequel nous fondons beaucoup d’espoirs pour amorcer le redressement de notre économie chancelante ?
Le plan de développement 2016-2020 est un autre document fondamental pour la reconstruction de notre pays, il a pris, lui aussi, beaucoup de retard, pratiquement un an. Tergiversations au niveau de sa conception, atermoiements au niveau de son adoption par le gouvernement Essid, lenteur au niveau des rouages de l’ARP, … “on n’est pas sorti de l’auberge”. Autant dire que nous sommes en fin d’année 2016, sans avoir de plan de développement approuvé et fiable, autant dire qu’on ne sait pas où on va.
Se présenter à la conférence sur l’investissement sans plan approuvé, c’est aller au devant d’un échec cuisant vis-à-vis de la communauté économique et financière internationale.
Parallèlement à cela, le cercle Kheireddine un “think tank” tunisien vient de lancer un appel en faveur d’un soutien international à la transition politique et économique en Tunisie sous forme d’un plan Marshall, signé par un ensemble d’économistes et de personnalités tunisiennes et internationales une conférence à Paris a eu lieu le 15 septembre sous la présidence et à l’initiative de l’ancien premier ministre français Jean Pierre Raffarin.
Il s’agit de réunir une enveloppe d’investissements de l’ordre de 20 milliards d’euros, destinée à financer sur cinq ans de grands projets de développement en Tunisie pour insérer notre pays dans le cercle vertueux de la croissance inclusive et du développement des régions défavorisées.
Parmi les projets à présenter à la conférence internationale sur l’investissement il n’y pas que les grands projets d’infrastructures de base mais aussi des projets à caractère économique et de développement et d’autres à caractère social.
Parmi les plus importants citons le futur pont fixe de Bizerte, le port en eau profonde de l’Enfidha ou de Bizerte, deux centrales électriques : celle de Radès III et celle de 600 mégawatts à Mornaghia.
Les problèmes d’approvisionnement en eau et d’irrigation prennent une acuité certaine ce qui implique de construire de nouveaux barrages comme ceux de l’oued Tessa et Mellègue II.
Le réseau de routes express à construire pour désenclaver la Tunisie profonde : implique 6 milliards : avec la desserte de Kasserine, Sidi Bouzid et Gafsa.
Il y a plusieurs centrales de dessalement d’eau à construire et à financer à Sfax, Djerba et Médenine, ainsi que trois grands hôpitaux : Béja pour le Nord Ouest, Gafsa pour le Sud Ouest et un hôpital anti-cancer à Tunis.
Le projet Taparura, l’extension du réseau ferroviaire, l’aménagement du port de Radès : extension des quais et la construction de la zone logistique, l’aménagement de zones industrielles,…
Il y a encore beaucoup à faire dans notre pays.

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