Cette semaine a été marquée par le démarrage des épreuves écrites du baccalauréat, un examen bien préparé grâce à l’appui des forces de sécurité à travers tout le pays. Toutefois des incidents ont éclaté dans quelques régions entre des surveillants et des élèves tentant de tricher et des mesures énergiques ont dû être prises dès le premier jour.
Les activités terroristes ont connu de nouveaux épisodes, échanges de tirs entre l’armée et des terroristes à Fernana (Jendouba), agitation dans le djebel Ouargha et riposte de l’armée. Quatorze arrestations de terroristes préparant des attentats à Gafsa, incendies volontaires dans le djebel Nahli (Ariana) où 40 hectares de forêt ont été détruits après six départs de feu.
La séance de reprise du Dialogue national prévue pour samedi 7 juin a été reportée de quelques jours, faute de consensus sur la date et le déroulement des élections. Houssine Abassi a toutefois déclaré que «le recours à l’ANC n’es pas à l’ordre du jour», en effet il vaut mieux l’éviter…
* Les «bonnes» habitudes d’Ennahdha ne se perdent pas, au contraire, elles se transforment. Le premier jour de l’épreuve du baccalauréat, au Lycée d’Hammam Sousse, un groupe de jeunes militants du parti islamiste sont allés distribuer aux candidats des dépliants et des tracts portant le logo du parti et contenant des invocations, renouvelant l’opération faite l’an dernier dans plusieurs établissements. Des élèves trouvant cela inconvenant ont alerté le proviseur du lycée, qui a à son tour informé le gouverneur et ce dernier a fait intervenir les forces de sécurité qui ont confisqué les CIN des membres de ce groupe «en attendant les mesures nécessaires» qui seront prises à leur encontre.
Le soir même, sur Nesma TV, Meryem Belcadhi présentait en début d’émission la photo d’un petit paquet contenant une tablette de chocolat et un stylo, généreusement distribués par le même parti aux candidats, dans la région de Tunis sans doute. C’est à croire qu’Ennahdha a des intérêts chez les chocolatiers ! On peut se demander quels seront les cadeaux offerts pour les élections ? En tout cas, rappelons avec force qu’il s’agit de respecter la neutralité de l’institution éducative et de la préserver de toute intervention politique, quelle qu’elle soit.
* Devant le développement des activités terroristes dans notre pays, la nécessité d’une loi contre le terrorisme se fait de plus en plus pressante et le ministre de la Justice, Hafedh Ben Salah, a déclaré le 3 juin sur Mosaïque FM que la nouvelle loi contre ce fléau sera «stricte et sévère» en précisant que «vu sa gravité et le danger qu’il présente, le terrorisme doit être traité autrement et non comme un acte criminel ordinaire». C’est en somme ce qu’ont réclamé les sécuritaires qui, le 31 mai, avaient organisé un sit-in devant le ministère de l’Intérieur en réclamant des moyens supplémentaires et le Secrétaire général du Syndicat de l’Union des forces de sécurité, Montassar Matri, qui a demandé «la refonte de la législation et notamment de la loi 6914 contre le terrorisme». Il n’en a pas fallu davantage pour que les faucons d’Ennahdha montent au créneau, car enfin de quoi se mêlent ces policiers, Gardes nationaux et autres soldats ? Ne leur suffit-il pas d’aller se faire tuer pour défendre le pays ?Faut-il encore qu’ils se mêlent de légiférer ? Après tout, comme l’a joliment dit le député d’Ennahdha Nejib Mrad, le 6 juin sur Shems FM, «la situation n’a pas atteint le même degré de gravité qu’en Algérie». Minimisant le danger il a ajouté que «les 136 articles du projet de loi sont exagérément répressifs parce qu’ils nous font replonger dans un régime dictatorial et tyrannique». Donc d’après lui, l’armée ne doit pas intervenir dans les villes. Sans doute que, les terroristes, eux, ont le droit d’intervenir au cœur de Kasserine pour «faire un carton» sur quatre jeunes soldats…
Aussitôt le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, a été «auditionné» à l’ANC sur ce sujet brûlant qu’est «la loi relative à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent», le 5 mai. Le lendemain, en marge de la Journée d’études qu’il a ouverte à Tunis, Lotfi Ben Jeddou a demandé «la levée de l’obstacle juridique qui empêche l’armée d’intervenir avec son matériel lourd en milieu urbain et rural pour combattre le terrorisme et assister les efforts des unités sécuritaires». Il a réclamé la constitution d’équipes mixtes (police, GN et armée) pour des interventions rapides et efficaces. En somme l’équivalent de ce qui existe en France avec le Plan Vigipirate.
Faut-il attendre que les «cellules dormantes», dont on soupçonne l’existence à travers la Tunisie, entrent toutes à la fois en action pour prendre des décisions énergétiques ? Après Kasserine, c’est à Fernana que, le 1er juin, des échanges de coups de feu ont éclaté entre la Sécurité nationale et des terroristes. Quant aux armes, en plus de l’arsenal «kadhafiste» déjà entré dans le pays, les arrivages continuent. À la Goulette 32 armes de guerre ont été découvertes dans le réservoir d’un camion, à Gabès un homme venant de Libye a été arrêté avec un révolver, à Gafsa 14 terroristes préparant des attentats ont été arrêtés… et tout cela la semaine dernière ! Sans parler des incendies volontaires… Cinq à sept départs de feu simultanés dans le djebel Nahli, en plein centre du gouvernorat de l’Ariana, avec des dizaines d’hectares de forêt détruits, des céréales incendiées à Smendja… Et sur la frontière ouest, après le djebel Chaambi et le djebel Semmana, c’est le djebel Ourgha qui depuis hier est en proie à l’intervention de l’armée !
Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour que l’ANC se réveille et donne à ceux qui nous défendent la loi qu’ils réclament !
* Et même les contrebandiers veulent profiter du vide juridique… et du manque de volonté de l’État pour mettre fin à leur trafic juteux. Forts de «leur bon droit» ( ?), un groupe de ces délinquants a organisé un sit-in devant le District de la Sûreté nationale à Bir Ali Ben Khlifa, pour protester contre les interventions des forces de l’Ordre. Non mais !…
* À travers les partis politiques : naissance d’un nouveau parti, «La Tunisie pour tous», de centre gauche, avec pour président Abdelhamid Hammami, qui participera aux élections et «écarte toute alliance avec un autre parti.»
Quand je disais que nous allons avoir autant de partis qu’en octobre 2011 !
Selon Taïeb Baccouche le congrès de Nidaa Tounes est reporté sine die , mais Ridha Belhaj soutient que «les concertations se poursuivent». Ils ne sont décidément jamais d’accord !
On parle d’un projet de parti nouveau, une «alliance sociale démocratique» entre Ettakatol, le Courant démocratique de Mohamed Abbou, le Parti du Travail tunisien et le MUP. Vraiment, on espérait mieux du parti de Mustapha Ben Jaafar et de Mohamed Bennour.
Raouf Bahri