Il faut s’appuyer sur son passé pour retrouver le goût de l’avenir. Et notre passé est glorieux dans beaucoup de domaines grâce à des femmes et des hommes qui ont su, avec peu de moyens, hisser le fanion rouge et blanc dans les quatre coins du monde. Dans le domaine de la race chevaline, nous sommes en déclin depuis cinq années au moins, et certaines instances internationales ont commencé à sonner le signal d’alarme.
Dans la plupart des pays avancés dans le domaine, on retrouve souvent à défaut d’un passionné, un militaire pour gérer le cheptel du pays et trouver le dosage subtil entre le devoir d’améliorer la race, et celui de promouvoir les différentes utilisations du cheval dont les plus nobles sont les sports équestres aussi bien les disciplines académiques que l’équitation traditionnelle, ces disciplines attirent énormément les enfants et les juniors !
Quand on est à la tête de la FNARC (Fondation Nationale de l’Amélioration de la Race Chevaline), on a un devoir sacré de résultat. Il ne faut surtout pas claironner le manque de budget. Car ce dont nous souffrons, c’est l’absence d’une bonne gouvernance ! Le secteur du cheval quand il est bien géré, peut générer de gros profits grâce aux divers services proposés, tels que la pension des juments dans les différents haras nationaux lors de la saison de monte (février à juin), les examens échographiques, les inséminations artificielle, les saillies des étalons qui se facturent entre 500 et 2000 dinars et la vente des produits de deux ans nés à la FNARC ; de nos jours même le fumier se vend très cher ! A côté de ce volet purement mercantile qui intéresse d’ailleurs le pur sang arabe, on se doit de préserver notre patrimoine qui est le cheval barbe, et qui est d’ailleurs le seul compétitif à l’étranger, car ni le pur sang arabe, ni le pur sang anglais ne peuvent ramener un titre honorable à notre pays. La plus urgente des missions de la FNARC est la préservation et la promotion de cette race berceau d’Afrique du nord ainsi que la mise à niveau de la gestion de ce cheptel comme on le fait pour le pur sang arabe et le pur sang anglais. Il est également du rôle de la FNARC de vulgariser le cheval et de le rendre plus proche et plus accessible aux enfants. L’équitation est une activité culturelle et sportive qui n’attend qu’un nouveau souffle pour redémarrer. N’avons-nous pas encore réalisé que la culture, l’éducation et les activités sportives sont les meilleures armes contre l’extrémisme et l’obscurantisme ? Côté image nationale, nous brillons par nos absences dans les salons internationaux où nous fûmes comptés parmi les élites lors de notre participation en 2013 au championnat du monde du barbe au Maroc ! Aujourd’hui, nous n’avons ni dynamique, ni motivation, ni groupe soudé ! Nous étions vice champion en 2013, mais nous avons snobé le salon de 2014 pour cause de tenue d’élections selon le responsable de la FNARC, et avons enchaîné en 2015 car ceux qui veillent sur le secteur n’ont pas entamé à temps les analyses et les préparatifs. C’est triste à mourir, car les titres aident à la mise en valeur du barbe tunisien, très apprécié par les connaisseurs internationaux. Cette disparition du circuit est ruineuse pour le secteur du barbe en mal d’existence ! Il faut savoir que 90 % des chevaux sans documents et dispersés dans le pays sont de type barbe ou arabe barbe. Et il faut les passer devant une commission raciale nationale pour leur validation en tant que tels. Cette commission n’est même pas constituée alors que l’organisation mondiale du cheval barbe ne cesse de rappeler avec insistance, l’urgence de créer une telle commission.
Alors devant ce laisser aller qui est hélas à l’image de la désolation ambiante, nos plus beaux spécimens quittent notre territoire, et vous l’aurez compris dans l’irrégularité totale, et peuvent se faire reconnaître dans les pays voisins ! Notre laboratoire d’ADN fonctionne selon le bon vouloir de ses responsables, marquant ainsi, d’après beaucoup d’éleveurs de barbe, une lenteur déconcertante qui perturbe énormément le processus des transactions de chevaux. Il est vital et urgent que les autorités de tutelle donnent de l’importance à la race et à ceux qui en sont passionnés en nommant quelqu’un qui fasse bouger les choses, et qui fasse surtout libérer les carcans…
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