Le chinois, première langue étrangère à l’horizon 2035

 

Par Aïssa BACCOUCHE

 

« Parle, pour que je puisse savoir qui tu es », « Dis-moi qu’elle est ta langue je te dirai qui tu es ». On peut multiplier à l’envi de telles lapalissades tant il est vrai que la langue est bel et bien un marqueur de l’identité d’une personne, d’un peuple, d’une nation. La nation, pour paraphraser Lénine (1870-1924) définissant le communisme – c’est les soviets plus l’électricité -, est essentiellement une langue et un drapeau.

Les langues, l’humanité en a connu plusieurs milliers tout au long des sept millions d’années de son existence. Beaucoup sont devenues caduques tandis que quelques-unes restent vivaces selon les estimations de l’UNESCO, il subsiste encore près de sept mille langues parlées.

Le latin, pourtant l’une de nos langues nationales pendant des siècles ainsi que le grec sont considérées comme langues mortes.

Les langues vivantes sont généralement celles qui ont sous-tendu l’expansion des impérialismes des XIXe et XXe siècles. Ce sont les langues des vainqueurs au sens où l’entendait Ibn Khaldoun (1332-1406) qui avait énoncé dans ses prolégomènes que « le vaincu est par inclinaison porté à emprunter les modes de vie des prépondérants (langue, us et tenues vestimentaires)

C’est ainsi que le français qui n’était guère la première langue étrangère en Tunisie avant le protectorat devint en vertu du coup de force du 18 Mai 1881 une langue officielle. Le paradoxe, c’est qu’elle l’est restée soixante ans après l’indépendance. En dépit de toutes les velléités d’arabisation, notre pays se targue encore d’être un acteur majeur de la francophonie. L’initiative déclenchée en catimini par feu Mohamed MZALI, un sorbonnard patenté, ministre de l’éducation nationale au cours des années 70 pour s’affranchir de ce bilinguisme suranné en créant à l’Ariana le lycée anglophone , a été escamotée par ses successeurs

Si bien qu’on aura perdu près de cinquante ans pour mettre les tunisiens au diapason de la langue la plus parlée au monde.

Mais à cœur vaillant rien n’est impossible. Il faut revenir à la charge et rattraper le temps écoulé. Le monde du XXIe siècle ne ressemble guère aux précédents. Le soleil se lève – encore un pléonasme – à l’est –. Finis les empires où le soleil ne se couche jamais.

Le chinois est désormais la langue de la nation la plus évoluée économiquement et technologiquement. Surclassant l’anglais, l’espagnol, l’arabe, le français et le russe, c’est la langue majeure parmi celles qui sont adoptées dans la cénacles de l’ONU.

Mon fils, Mohamed Aziz, consultant en outsouscing, un pur produit de l’enseignement public – école primaire Farhat Hached à l’Ariana, collège Khereddine, lycée Imam Moslem, ISG de Tunis – a poursuivi son cursus universitaire, en anglais à HEC Lausanne.

De retour au pays, il s’est inscrit de son propre chef dans l’apprentissage de la langue de Confucius.

Il est sorti major de sa promotion à Bourguiba School. Depuis, il ne cesse de parfaire sa maîtrise du chinois en poursuivant encore des études à l’institut Confucius.

Il est tellement imbu de la nécessité pour sa génération de vivre au tempo du siècle présent qu’il ne cesse de clamer depuis 2014, « le chinois devrait être consacré comme la première langue étrangère ».

L’autre jour, lors de la réunion organisée à Tunis par le think tank créé par Si Khemaies JHINAOUI ancien ministre des affaires étrangères pour célébrer les 60 ans de relations tuniso-chinoises, Aziz s’était adressé aux conférenciers chinois dans leur propre langue. Il devait réitérer, à cette occasion, sa proposition suscitée.

Alors, sa voix sera-t-elle entendue par nos décideurs du boulevard Bab Benat ?

En tout état de cause, le conseil supérieur de l’éducation initié par le président SAIED est habilité à adopter une programmation qui aboutirait à l’horizon 2035 à placer le chinois à la place qui lui siéra.

 

 

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