Pour soutenir la transition politique qui est encore loin d’être achevée, nous avons besoin de la conforter par la réussite de la transition économique. Or celle-ci ne peut être assurée que par une croissance accélérée du PIB, tributaire d’un flux massif d’investissements intérieurs et extérieurs.
Les experts économiques et financiers sont unanimes pour affirmer que le climat actuel des affaires est tout à fait morose et défavorable à toute croissance. Mais pourquoi donc ?
D’abord de quoi se compose le climat des affaires.
Un cadre juridique clair, attractif et libéral, favorable à l’entrepreneuriat et à l’initiative privée, permettant aux investisseurs d’avoir une visibilité et une stabilité à long terme.
Cela n’est pas du tout le cas dans l’état actuel des choses puisque plus de quatre ans après le déclenchement de la Révolution ni le gouvernement, ni l’Assemblée des Représentants du Peuple ni le patronat ne sont parvenus à se mettre d’accord sur un texte définitif pour le Code de l’investissement.
Il y a là une carence de taille, un obstacle certain à la promotion des investissements.
Ce Code est urgent et doit être attractif et incitatif pour les investisseurs.
Des infrastructures de base solides et de qualité à la charge de l’Etat sont nécessaires pour attirer les investisseurs : routes, autoroutes, ports, aéroports, zones industrielles aménagées, notamment dans les zones défavorisées du pays. Or depuis quatre ans, il n’y a pas eu de grands travaux, ni de grandes réalisations pour diverses raisons, dont les problèmes sécuritaires.
Pire, les travaux de maintenance des routes et pistes rurales sont défaillants, d’où la dégradation des infrastructures. Tout cela n’a rien d’encourageant pour la reprise de la croissance. Le projet de loi sur le partenariat public-privé doit être approuvé au plus vite, même s’il doit être réaménagé pour préserver les intérêts de la collectivité nationale, car l’Etat ne dispose pas de gros moyens pour financer les grandes infrastructures et les investisseurs exigent ce qui est légitime, des garanties solides pour ménager leurs intérêts.
Une bonne gouvernance des affaires de l’Etat, faite notamment de transparence et de lutte efficace contre la corruption mais aussi de mise en chantier d’un vaste programme de grands travaux dans les régions pour servir de modèle et de locomotive.
Cela n’est pas du tout le cas actuellement puisque même les projets à caractère régional ne sont réalisés qu’à concurrence de 50%, bien que les crédits soient disponibles.
L’Etat doit avoir le courage de mettre à exécution les réformes structurelles inscrites à son programme dont notamment la réforme fiscale, la loi sur les marchés publics, la restructuration des banques publiques.
Un système fiable de financement de l’économie doit être mis en place pour permettre aux entreprises économiques de promouvoir leurs projets de développement à des conditions correctes.
A ce propos, la réforme des banques publiques qui comporte la recapitalisation et la restructuration des trois banques est devenue d’une extrême urgence : c’est la responsabilité du ministère des Finances.
De son côté, la BCT qui prépare la mise à niveau des banques privées pourrait accélérer la procédure pour favoriser la réalisation des projets et la création d’emplois par le tissu entrepreneurial privé.
La conjoncture sociale actuelle dans le pays est très tendue avec la paralysie de bassin minier, la succession des grèves nationales sectorielles dans l’enseignement public, la santé, les transports ferroviaires, ainsi que la multiplicité des revendications salariales et sociales et les sit-in avec de temps à autre, blocage des routes et des voies d’accès aux locaux de travail.
On ne peut pas dire que ce climat est propice à l’investissement. Il est largement temps que l’Etat exerce son devoir de faire appliquer la loi pour remettre le pays au travail. Il y a donc urgence et nécessité d’une trêve sociale durable pour améliorer le climat de l’investissement.
Nos objectifs de croissance du reste légitimes doivent être plus ambitieux et plus élevés que ceux prévus par les pouvoirs publics, car 3% à 4% de croissance par an, alors que l’inflation officielle est de l’ordre de 6% à 6,5%, cela ressemble à une récession réelle.
Il faudrait des taux de croissance de l’ordre de 6% par an pour créer des emplois durables et impulser le développement dans le pays.