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Après une candidature commune de quatre pays du Maghreb où les recettes de ce mets populaire se déclinent à l’infini, le couscous, plat emblématique de l’Afrique du Nord, est officiellement entré mercredi 16 décembre au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.
La Tunisie, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie, qui se sont longtemps disputé la paternité de ce plat ancestral à base de semoule de blé dur, d’orge ou de maïs, servi avec légumes et viande ou poisson savamment épicés, ont déposé un dossier « Savoirs, savoir-faire et pratiques liés à la production et à la consommation du couscous » auprès de l’Unesco.
*Autant de recettes que de noms
Mercredi, les représentants des quatre pays ont dit tour à tour leur « joie » et leur « fierté » pour cette reconnaissance gastronomique et culturelle, lors de la cérémonie officielle retransmise sur le site Web de l’Unesco. Dans les quatre pays, « femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, sédentaires et nomades, issus du monde rural ou citadin, ainsi que de l’émigration » s’identifient à ce « mets emblématique » proposé dans les plus modestes restaurants et revisité par les plus grands chefs, selon le dossier de candidature.
« L’esprit du couscous est l’expression de la vie en société », souligne le dossier qui ne donne aucune recette, information culinaire potentiellement sensible. Présent à tous les événements familiaux ou culturels, que le moment soit « heureux ou tragique » comme le rappelle le document, le plat ancestral a en effet autant de recettes que de noms. Appelé selon les régions « Seksou », « Kosksi », « Kseksou », le mot « couscous » est issu de la transcription latine des termes berbères « Seksu », « Kuseksi » et « Kseksu » (grains bien roulés).
*Un compromis entre quatre pays
Certaines populations du Sahara l’appellent « Ucu » (nourriture en langue amazighe). En Tunisie et Algérie, on le nomme aussi « naâma ».
Il apparaît sous la forme « kuskusi » dans les dictionnaires arabes à partir du XIXe siècle. Comme cela avait été dit lors du dépôt de candidature, en mars 2019, c’est la première fois que quatre pays du Maghreb unissent leurs efforts pour déposer un dossier commun.
L’initiative a soulevé des espoirs que le plat populaire soit la mise en bouche d’un rapprochement politique. En septembre 2016, l’annonce par l’Algérie de déposer un dossier « couscous » à l’Unesco avait suscité l’ire de son voisin marocain, grand rival politique, diplomatique et culturel. Un accord avait ensuite été trouvé. Mais des orgueils nationaux mijotent encore : la ministre algérienne de la Culture, Malika Bendouda, a ainsi tenu à souligner que son pays « était parmi les précurseurs de la genèse de ce plat », mercredi lors de la cérémonie officielle.
« J’ai déjà goûté les couscous algérien et tunisien, mais le meilleur est sans conteste celui du Maroc », assure pour sa part Fatima Moussafir, 49 ans, cuisinière à « Dar Rbatia », un restaurant traditionnel situé dans la vieille ville de Rabat, en vantant sa recette avec « sept légumes » et épices « goûteuses ».