Est-il plutôt du genre Guillaume II, Mussolini ou Hitler qui tenaient l’hégémonisme en haute estime, convaincus que le nationalisme et la puissance économique et militaire sont les seules clefs des relations internationales ? La question est ouverte. Quoi qu’il en soit, le président américain est forcément atteint d’une pathologie atroce qui le pousse à s’attaquer à tous les piliers de la démocratie et de l’ordre mondial. Il se pose en incarnation suprême de l’Amérique «laide». Celle de la violence, l’arrogance, l’exploitation et l’impérialisme. Il a l’»Art» hollywoodien de prendre une fissure de la société américaine et de la transformer en abîme. En apparence, il joue avec le feu mais, en réalité, il joue avec la foule dont l’éloge de la force et de la suprématie est une célébration du courage. Faucon machiavélique, guère préoccupé par le droit et qui n’a que faire des principes moraux, ce mauvais génie de l’Amérique unilatéraliste a donné l’image calamiteuse d’une grande puissance qui cherche, d’abord, à se protéger, loin de la démonstration de force affichée. Qu’on ne s’y trompe pas ! Donald Trump n’a rien d’un artisan du concept ni d’un architecte politique systémique. Il n’est pourtant pas si superficiel et frivole qu’on a souvent tendance à le croire. Il est radical, populiste, excessif, cruel, acrimonieux mais tout, sauf bête. Cela lui a permis de passer encore plus fort vers l’Amérique qu’il veut. Il n’a jamais cherché à masquer ses desseins derrière une pseudo-exemplarité politique ou diplomatique. Seule compte l’exploitation des points forts de l’Amérique, partout où il la juge nécessaire et quand bon lui semble, sans égard pour le droit international dont il n’a cure. Il n’y a plus rien à perdre à brandir des menaces. Il veut incontestablement imprimer sa marque dans le nouveau «désordre» mondial en ajoutant sa touche personnelle de confusion.
À l’image de l’étrange Philippulis, l’un des personnages qui nous a le plus impressionnés dans les «aventures de Tintin» lorsque nous étions enfants, il se prend pour seul maître du monde. Stratégie classique des tyrans.
Les acteurs de la terreur dans l’Histoire de l’humanité étaient toujours experts dans la manière de manipuler la provocation, la dissuasion, l’intimidation et la haine pour exercer leur pouvoir tyrannique. Selon Machiavel, « les vices sont permis selon qu’ils sont utiles ou non au pouvoir», c’est-à-dire que l’arrogance, la provocation à deux balles, la vulgarité, la mauvaise foi, les incartades violentes, les idées les plus sottes peuvent donner, actuellement, de «bons» chefs occidentaux !
Cow-boy doublé d’un tragédien, aussi habile à entremêler le concept «judéo-chrétien» et celui «israélo-américain», à se jouer des frontières historiques, qu’à dépoussiérer, sinon subvertir les folies de plusieurs tyrans romains pour justifier toutes leurs tendances hégémoniques. Son «nouvel ordre international» (Liberal international ordre) repose essentiellement sur trois obsessions : America first, vive Israël et haro sur l’Iran et la Chine. Elles constituent en elles-mêmes son nouvel horizon prometteur. Somme toute, un avenir apocalyptique fondé sur le énième sous-prétexte de la fameuse «destruction créatrice». Cette politique s’exerce au moyen même de la mondialisation, mais elle renforce essentiellement la prédominance de l’intérêt national américain.
En tant qu’Arabe et Musulman, je ne vous cache pas mon soulagement. Lui, au moins, nous affronte à visage découvert et n’agit pas hypocritement comme ses prédécesseurs qui prétendaient nous mener dans la «bonne voie» celle de l’émancipation, de la souveraineté et de la dignité en nous rappelant sans cesse que les droits de notre nation sont irréversibles, le véritable bonheur, en somme. En vérité, ils n’avaient fait qu’attiser les flammes du bûcher qu’ils nous préparaient.
104