Le Djihadisme, cette idéologie de « la piété bestiale »

Etre, exister et vivre, trois termes différents impliquant une certaine progression dans la vie de quelqu’un. Naître sans l’avoir voulu, être une entité physique sur cette terre et mener une vie, un parcours, sentir et œuvrer.
On dresse souvent un profil commun du terroriste : pauvre, marginalisé et frustré. Il est vrai que quelque part, chez une personne prête à tuer et à se faire tuer, il existe une sorte de marginalisation. Mais parfois, il s’agit surtout d’une auto-marginalisation. Un terroriste fuit la société avant de se retourner contre elle et le point commun entre un jeune brillant ayant viré vers le terrorisme et un jeune qui d’un échec à un autre se retrouve naturellement sur la voie du fondamentalisme est l’idéologie dans laquelle ils se jettent tous les deux.
Jusqu’au moment fatidique, ils auraient existé, sans vraiment être capables de vivre et de savourer la vie. Ils n’en ont pas trouvé un sens et leur vie devient alors un pont à consacrer dans un passage vers l’au-delà. C’est ici qu’intervient l’idéologie et trouve en ces personnes les parfaits soldats.
Prenons un exemple concret : les deux terroristes ayant pris d’assaut le musée du Bardo. Au vu de leur propre récit (communiqué intitulé journée normale), ils auraient très bien pu déposer une bombe et repartir, au lieu de cela, ils se sont exposés à la mort en emportant avec eux autant de victimes qu’ils l’auraient pu. Ils sont là au sommet de leur idéologie : se sacrifier en martyr en emportant avec eux le plus grand nombre d’offrandes à déposer « aux portes du paradis » là où ils auront droit, chacun à 70 vierges dont la virginité se renouvelle à jamais.
Un autre aspect alimentant l’idéologie qu’ils adoptent et constituant l’un de ses attraits : les instincts basiques et bestiaux. A savoir : marquer son territoire sur terre, d’où la notion d’un Etat qu’ils construisent au prix du sang et de la terreur, s’enivrer par le sentiment de puissance et couronner cette puissance par l’instinct sexuel. Ce dernier est départagé entre le plaisir en soi et le sentiment de possession et de dominance plus existants chez certains que chez d’autres. Dans une première étape : on terrorise, étanche la soif du sang et de puissance, on marque son territoire, au nom de la religion. On tue sans se faire tuer, on prend les femmes en odalisques et esclaves, autant de femmes que l’on peut, autant pour étancher le sentiment de dominance, de possession et de plaisir. Puis, on décide de passer à l’étape suivante, s’offrir en martyr, pour partir dans un paradis supposé renouveler éternellement les plaisirs de la chair, toujours les besoins basiques.
Il existe une pyramide des besoins chez les humains établie par le psychologue Abraham Maslow et constituée de cinq étapes partant de la survie jusqu’à la réalisation de soi. Là où cette dernière est chez un être « normalement constitué et ayant accepté le fait qu’il est sur terre pour vivre et pour donner un sens à sa vie » est dans l’approfondissement de sa culture, l’épanouissement, le développement personnel (…), l’ultime réalisation chez le terroriste est d’imposer son idéologie et de servir son Dieu en s’offrant et en lui offrant des âmes humaines. Tous les aspects enrichissant la vie comme la connaissance, la culture, les arts… sont bannis pour la simple raison que leur existence donne un sens à la vie et détournerait alors tout potentiel soldat de la mort. Toute personne susceptible de les apprécier sont les ennemis de cette idéologie, d’un côté car elle ne peut être manipulable et d’un autre elle refusera de se soumettre à un Etat dont l’édification se fait sur la destruction et dont les traits présentent un tableau de chaos et de vide.
Un terroriste croit fermement ou veut faire croire que sa vie doit être dédiée au service de Dieu car il est destiné à s’éteindre. Il cherche à travers le meurtre et la mort l’accès au paradis éternel, mais ignore peut-être que ce sont ses instincts les plus basiques et terrestres qui le motivent. Un humain par contre cherchera à s’épanouir dans son humanité et les sociétés les plus développées le sont grâce à des humains qui sont dans une perpétuelle recherche de moyens améliorant la condition humaine…

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