Le billet vert a connu jeudi sa plus forte chute depuis trois ans, ébranlé par les déclarations du président américain Donald Trump sur de nouvelles mesures protectionnistes. Vers 15h00 GMT, le dollar perdait 0,81% face à l’euro, tombant à 1,1582 dollar, après avoir touché son plus bas niveau depuis octobre 2021 à 1,1631 dollar.
La dégringolade observée intervient alors que Trump a annoncé son intention d’envoyer « dans une semaine et demie, deux semaines » des lettres à certains partenaires commerciaux des États-Unis pour leur notifier de nouveaux droits de douane. « Nous allons envoyer des lettres aux pays concernés pour les en informer comme je l’ai fait avec l’UE », a déclaré le président américain à Washington mercredi.
Le Dollar Index, qui mesure la valeur du dollar contre un panier de devises, a plongé à 97,602 points, son niveau le plus faible depuis mars 2022. « Le dollar a clairement été affecté », constate Derek Halpenny, analyste chez MUFG, soulignant la nervosité des marchés malgré l’accord récent entre Washington et Pékin sur les terres rares.
« Le soulagement après l’accord sino-américain a été de courte durée », analyse Ipek Ozkardeskaya de Swissquote Bank. « De nombreux points sensibles demeurent incertains au-delà de ces concessions », précise-t-elle à l’AFP, faisant référence à l’accord permettant d’une part les exportations chinoises de terres rares vers les États-Unis, et d’autre part l’accueil d’étudiants chinois dans les universités américaines.
Facteurs aggravants
La veille déjà, le dollar avait souffert de données inflationnistes décevantes aux États-Unis. L’inflation sous-jacente de mai s’est révélée plus faible que prévu, alimentant les spéculations sur une possible baisse des taux de la Réserve fédérale.
La livre sterling, quant à elle, n’a profité que modérément de la faiblesse du dollar, ne gagnant que 0,34% à 1,3593 dollar. Ce timide rebond s’explique par le ralentissement plus marqué que prévu de l’économie britannique en avril, mois qui a vu l’entrée en vigueur de hausses d’impôts sur les entreprises et de certaines taxes douanières américaines.
« Ces mauvaises données pourraient forcer la Banque d’Angleterre à procéder à une nouvelle baisse de taux cet été », prédit Matthew Ryan d’Ebury. Si un changement lors de la prochaine réunion de la BoE semble improbable, une baisse en août devient selon lui une hypothèse crédible.
Alors que la trêve douanière avec l’UE expire théoriquement le 9 juillet, les déclarations trumpiennes ont ravivé les craintes d’une escalade protectionniste, plongeant le marché des changes dans l’incertitude. Les investisseurs, qui espéraient une accalmie après l’épisode chinois, doivent désormais composer avec la perspective de nouvelles turbulences commerciales.