Le centre-ville de Tunis semble accueillir de nouveaux lieux où la musique se conjugue à des moments de détente. Le duplex en est l’exemple type, nous avons rencontré Sami Baccouche dans son repère. Interview.
Si vous vous présentiez, vous diriez quoi ?
Sami Baccouche, Tunisien, vendeur de bonne humeur au duplex sis au 4, avenue Kheireddine Pacha à Tunis, ouvert tous les jours de midi à 2h00 du matin y compris les dimanches.
C’est quoi cette idée d’ouvrir un endroit « branché » au centre ville ?
Le mot « branché » ne me correspond pas, ni à moi ni à l’endroit que je gère, d’ailleurs. Je me demande si c’est toujours aussi branché que ça d’utiliser le terme « branché ». Sinon, en tant que publicitaire reconverti depuis quelques années, la première opportunité que j’avais eue pour mon premier projet se situait au centre ville et du coup je m’y suis un peu attaché.
Que répondez-vous à ceux qui disent que le centre-ville c’est « has been » et que tout se passe en banlieue ?
Je n’ai pas de réponse particulière à donner aux gens qui boycottent le centre ville, je comprends leurs craintes, ils risquent d’y croiser de vrais êtres humains et quelque part, ça peut, effectivement, leur faire peur. Sinon, j’adore le centre ville, j’aime bien aussi la banlieue, il y a plein d’endroits sympas ici et là, ce que je ne comprends pas c’est le fait que certaines personnes s’obstinent à taxer tel ou tel lieu de telle ou telle étiquette seulement par rapport à sa position géographique dans la ville. Chaque lieu a son identité, son charme, son type de clientèle et aux gens de se rendre là où ils se trouvent le plus à l’aise.
Vous êtes actuellement « l’homme de la nuit » le plus sollicité par les médias ? Pourquoi d’après-vous ?
L’homme de la nuit ce n’est pas moi, c’est BATMAN !! Après, si je suis sollicité par des médias tel que le vôtre, c’est peut être dû au fait que nous avons lancé au Duplex certains concepts atypiques comme les soirées « No Smartphone », tous les mercredis, ou les soirées « No Smoking » tous les mardis. En quelques jours j’ai été interviewé par des radios, à deux ou trois reprises par des magazines en ligne et là je réponds à votre article pour la presse écrite. A vrai dire, je ne m’y attendais vraiment pas du tout, mais ça fait plaisir de voir notre travail récompensé par cet engouement.
Quid de la musique qui passe au duplex ? En quoi est-elle différente des autres endroits ?
Comme plusieurs bars que j’aime bien à Tunis, à la banlieue, ou encore entre les deux, à La Soukra, au duplex nous proposons des live bands tous les soirs, une date hebdomadaire pour chaque formation et on laisse les dimanches pour des « guests » dont le Jazz Club de Tunis pour un jam bimensuel. Je ne sais pas si on diffère énormément des autres endroits qui proposent le même genre de prestations, mais je peux vous garantir qu’on s’efforce de choisir minutieusement les artistes qui se produisent sur notre scène.
Comment se passe la journée type d’un fêtard ?
Faudrait demander ça aux fêtards eux-mêmes, moi je ne suis là que pour vendre de la bonne humeur, ce qui fait que mes journées et mes soirées, que j’adore grâce au métier que je fais, ressemblent plus à celles d’un tenancier de bar-restaurant qu’à celles d’un fêtard, ce qui est totalement différent. La journée d’un fêtard à mon avis doit se passer, pour sa majeure partie, au lit, vu qu’il doit récupérer de la veille.
Niveau business, ça marche aussi bien qu’un bar à la Marsa ?
Vous travaillez pour le fisc ? ! Sinon plus sérieusement, je n’ai pas les chiffres de mes confrères à La Marsa. Puis je ne pense pas que le fait de se situer ou pas au centre-ville soit en rapport direct avec le succès d’un établissement ou son échec. Pour l’instant ça marche bien, et peut être que grâce à votre article ça marchera un petit peu mieux.
Vos statuts facebook sur votre vie la nuit connaissent un grand succès. A quand le livre ?
Loin de moi la prétention d’écrire un livre, je ne pense sincèrement pas en avoir les capacités. Mes statuts facebook ne sont qu’une sorte de défoulement, comme pourrait l’être pour certains le jogging par exemple. Vous êtes journaliste, si ça vous intéresse, proposez-moi vos services pour écrire un recueil concernant mes tergiversations nocturnes et on en parle quand vous voulez .
Propos recueillis par Farouk Bahri