Le gouvernement dans l’œil du cyclone

Alors que la colère se répand comme une trainée de poudre dans plusieurs régions de pays suite à l’incapacité du gouvernement de répondre aux besoins des citoyens, notamment dans les zones défavorisées, plusieurs initiatives ont été lancées, soit pour appeler le gouvernement à entamer un débat national, soit pour appeler, carrément à la chute de ce gouvernement. La dernière en date est celle de Maya Jeribi, Secrétaire générale du Parti Républicain qui a appelé à former un gouvernement de salut national. Mieux encore, elle est allée plus loin pour dire que «Si nous étions au pouvoir, nous aurions pu faire mieux que le gouvernement actuel».

L’appel a été mal perçu par la Troïka. Bien que Mocef Marzouki ait choisi de garder le silence absolu, attendant le passage du cyclone, Mustapha Ben Jaafar, le Président de l’Assemblée constituante accuse franchement l’opposition d’opportunisme et de se lancer d’ores et déjà dans la campagne électorale.    Quant au gouvernement Jebali, il considère cette initiative tardive voire même non innocente. 

Le gouvernement actuel doit faire face à plusieurs initiatives l’incitant à s’ouvrir sur la société civile et l’opposition pour trouver une solution commune dans le but de surmonter la crise actuelle.

Ceci dit et sur un autre plan, nous remarquons que le torchon brûle de nouveau entre le gouvernement et l’UGTT, la force socio-politique qui ne cesse de se montrer seule capable de contrecarrer la Troïka. Preuve en est, nous avons assisté au mois de mai à une recrudescence du nombre des grèves à travers les régions, atteignant par moment 10 par jour.

Aussi, la réconciliation tant souhaitée entre le gouvernement et l’opposition ne s’avère guère facile. Le courant ne passe plus. D’ailleurs, à chaque fois où un débat télévisé regroupe opposition et partis au pouvoir, nous assistons à un combat de coqs et à un dialogue de sourds où chacun défend ses positions et développe un discours dénué de toute objectivité.

Faut-il rappeler encore une fois qu’il y a — bien que l’opposition le nie fermement— plusieurs facteurs et visions plutôt idéologiques qui sont à l’origine de cette dissonance au niveau du discours des forces en présence. L’arrivée au pouvoir du parti islamiste longuement absent sur la scène politique tunisienne durant des décennies l’a pris au dépourvu. Il ne faut pas oublier que cette opposition, composée essentiellement d’anciens militants qui ont subi la répression au temps de Ben Ali, croyait et c’est tout à fait légitime d’ailleurs, qu’elle méritait d’avoir un avenir meilleur. Malheureusement pour elle, la guerre d’ego qui la secoue l’a affaiblie et a permis au parti Ennahdha  essentiellement, de prendre de l’avance et de profiter de l’occasion en exploitant à bon escient le facteur religieux, très mobilisateur. La bonne organisation et la discipline ont fait le reste.  

Quant au gouvernement, il est convaincu, qu’il est incapable, face aux difficultés rencontrées, de gérer le pays d’une manière unilatérale. Cela ne veut pas dire aussi, qu’il souhaite partager le pouvoir. Cependant, «créer des ennemis», faire croire à la théorie du complot et accuser inlassablement l’opposition de mettre les battons dans les roues est une façon indirecte et sinueuse d’impliquer cette opposition dans la gestion du pays en lui conférant un rôle très négatif.

En définitive, le gouvernement actuel ne semble pas être capable d’échapper à la critique, car son rendement et sa manière de gérer le pays ne permettent pas de rassurer les Tunisiens quant à leur avenir.

 

Par Mohamed Ali Ben Sghaïer

 

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