Lors d’une séance plénière conjointe consacrée aux projets de budgets et au rapport économique pour 2025, le chef du gouvernement, Kamel Maddouri, a qualifié d’ »ambitieux mais réalisable » l’objectif de croissance économique de 3,2 % pour l’an prochain. Cette prévision repose sur une perspective de reprise économique durable, malgré les contraintes financières qui continuent de peser sur le pays. Selon Maddouri, les priorités pour atteindre cette croissance incluent la stabilité politique, l’amélioration des performances économiques et une lutte renforcée contre la corruption.
Un budget au service de la relance économique
La présentation de la loi de finances et du budget pour 2025, amorcée vendredi dernier, a rassemblé pour la première fois les députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et du Conseil national des régions et districts (CNRD), marquant une nouvelle étape depuis la prestation de serment du président Kais Saied. Le Premier ministre a expliqué que ce budget vise à soutenir la relance économique et à moderniser l’administration publique. Ainsi, les ressources de l’État devraient progresser de 2,5 %, atteignant 78,2 milliards de dinars, soit une hausse notable par rapport à l’année précédente.
Les recettes totales sont prévues en augmentation de près de 3 %, pour atteindre les 50 milliards de dinars (15 milliards d’euros), en grande partie grâce à une hausse des recettes fiscales (+7,3 %). Les dépenses, quant à elles, s’établissent à environ 59,8 milliards de dinars (17,69 milliards d’euros), soit une augmentation modeste de 23 millions de dinars (6,8 millions d’euros) par rapport à 2024. Le gouvernement consacre la majorité de ces dépenses aux charges salariales, représentant plus de 40 % du budget total, soit environ 24,3 milliards de dinars (7,1 milliards d’euros). Par ailleurs, les investissements publics devraient se maintenir autour de 5,4 milliards de dinars (1,6 milliard d’euros), et les interventions de l’État à 20,5 milliards de dinars (six milliards d’euros).
Les subventions, un enjeu majeur
En matière de subventions, la Tunisie fait face à une pression croissante, avec une enveloppe de 11,5 milliards de dinars (3,4 milliards d’euros), soit 19,4 % des dépenses prévues et 6,3 % du PIB. Les secteurs énergétiques captent la majeure partie de ces fonds, environ huit milliards de dinars (2,37 milliards d’euros) pour le secteur des hydrocarbures. La consommation de produits pétroliers devrait croître de 2 %, ce qui nécessitera un milliard de dinars (295 millions d’euros) pour compenser le coût d’achat du gaz en provenance d’Algérie.
En termes de produits de première nécessité, l’État continue de soutenir financièrement divers aliments de base. En 2025, le gouvernement prévoit d’allouer 2,6 milliards de dinars (769 millions d’euros) pour les céréales, 375 millions de dinars (110 millions d’euros) pour l’huile végétale, 524 millions de dinars (155 millions d’euros) pour le lait, 190 millions de dinars (56 millions d’euros) pour les pâtes et le couscous, ainsi que 10 millions de dinars (2,96 millions d’euros) pour le sucre. Pour soutenir l’éducation, 28 millions de dinars (8,28 millions d’euros) seront destinés aux cahiers, papiers et manuels scolaires.
Ces prévisions se basent sur un prix du baril de Brent à 74 dollars et une stabilité du dinar tunisien, et le gouvernement espère améliorer les importations tout en stabilisant les prix des produits alimentaires de base sur les marchés internationaux.