Le jardin des agaves

Par Alix Martin

 “Le jardin des agaves“ : un nom original imaginé par le propriétaire du … mais « chut », ne dévoilons pas immédiatement l’objectif de notre promenade située dans la plaine de la Mornaguia.

Des promenades

Cette région agricole, à une vingtaine de kilomètres de Tunis, une quarantaine de la Carthage antique, a été mise en valeur à l’aube de l’histoire du pays. Si les sites préhistoriques en sont absents, c’est tout simplement parce que les innombrables travaux des hommes les ont effacés.

La contrée, traversée par deux grandes voies romaines parallèles est parsemée de sites berbéro-romains plus ou moins effacés tels que Thuburbo minus / Tébourba, Inuca, Siciliba, Turris, etc. …

La présence arabo-musulmane se manifeste par la Mohamedia, la Manouba, le mausolée consacré à Sidi Ali Hattab, Borj Chakir, ainsi que les autres nombreux Borj et mausolées. Même la colonisation a laissé des traces, par exemple à Saint Cyprien disparu, à Massicault / Borj El Amri et dans les « fermes » éparses. Il ne s’agit donc que de se laisser guider par sa curiosité ou sa fantaisie.

Connaissez-vous « l’ensemble » consacré à Sidi Ali Hattab à une vingtaine de kilomètres de la capitale, le long de la route menant à Medjez El Bab ? Il est encore tellement vénéré que des foules de pèlerins s’y rendent. Ils sont si nombreux qu’une grande esplanade a été aménagée pour les accueillir. Architecture andalouse, zliz, stucs ouvragés, cour pavée de marbre : vous serez comblés.

Mais, hélas, on vous fera découvrir aussi une très belle salle aux voûtes d’arêtes dont le pied des colonnes baigne dans 50 centimètres d’eau depuis bien longtemps sans émouvoir les « responsables » ni culturels ni cultuels. Il paraît que c’est la nappe phréatique qui est « remontée ». N’y aurait-il rien à faire pour préserver ce très beau bâtiment ?

Par ailleurs, une historienne, aujourd’hui décédée, Melle Ferchiou avait émis une hypothèse : de grands « monuments » mégalithiques quadrangulaires, des « mausolées tours », des monuments circulaires construits et de grands tumulus isolés semblent avoir un lien avec une bourgade berbéro-romaine voisine. Ils sont nombreux dans la région en particulier le tumulus voisin, simultanément de Furnos minus / Furna et Turris / Henchir El Aouila ou le tumulus voisin d’un bourg qui s’appelle aujourd’hui Bir Bou Lastal.

Le plus caractéristique et le plus facile à atteindre est le grand tumulus construit sur une éminence à la sortie de Medjez El Bab. Il est très visible, à droite de la route menant à Testour. Il mesure encore plus d’une trentaine de mètres à la base et 4 mètres de haut. Les nombreux tessons de poteries, de toutes les époques, depuis le IIe siècle avant J.C., prouvent qu’il a été vénéré longuement. Selon Melle Ferchiou, ces tumulus isolés, construits dans une région « punicisée » de longue date, seraient les sépultures d’un grand propriétaire terrien qui aurait été inhumé sur ses terres. Il aurait été « héroïsé » et serait devenu le « Saint Patron » des alentours, en particulier de la bourgade voisine qui serait l’héritière actuelle du « douar » de ses anciens ouvriers. Même si ce n’est pas exact, l’explication est plaisante ! Comme il y en a dans toute la région, près de Vallis / Sidi Médien, près de Ksar Tyr, près de Municipium septimum / Henchir Debbik, etc. … les objectifs de promenade ne manquent pas ! Il suffit de consulter « L’atlas archéologique » de la Tunisie, sur Internet, pour avoir les coordonnées des différents sites antiques. Ensuite, on part à la découverte du « monument » voisin, « lié » à l’agglomération à découvrir aussi.

Mais avant d’aller se promener – longuement, parfois – dans la campagne, très agréable dans cette région de plaines et de petites collines, où les randonnées à pied, ou à V.T.T. sont à l’honneur, on a prévu une « base » pour prendre un repos mérité. Elle s’appelle, avons-nous écrit, « Le jardin des Agaves ».

 

La maison d’hôtes

Vous trouverez tous les renseignements souhaités sur « facebook » mais nous pouvons vous dire ici qu’elle est à quelques kilomètres du bourg de la Mornaguia. Les bâtiments d’origine ont été complètement transformés et aménagés selon les goûts de leur propriétaire. Ce qui surprend d’abord c’est le nombre très important d’arbres et de plantes différentes qui sont cultivés autour de la maison et dans le jardin sur différents plans étagés, bordant la piscine et formant un écrin de verdure devant la façade de la maison. Elle n’est pas grande mais elle a été meublée et aménagée, parfois avec d’anciens meubles familiaux, qui reflètent le goût du propriétaire. Ce qui surprend beaucoup de visiteurs, c’est le nombre d’oiseaux différents qu’on y rencontre : les moineaux évidemment puis les chanteurs : serins, verdiers, linottes et dans les cieux : hirondelles, martinets et guêpiers. Mais un observateur silencieux peut voir aussi une fauvette à tête noire ou une très belle « rubiette » de Moussier endémique. En cette saison, les tourterelles roucoulent et les merles sifflent dans les arbres.

Même si la demeure n’est pas grande, avons-nous écrit, il est fréquent que des groupes importants y soient reçus et que des « agapes » plantureuses et amicales s’y déroulent. Le jardin et même, parfois, les champs alentour permettent de se détendre jusqu’à la nuit parce qu’on ne peut pas encore dormir au « Jardin des Agaves ». Mais, en cette saison et en ces lieux, on pourrait avoir de nombreuses idées pour « meubler » une sortie.

 

Des idées farfelues

Puisque toute la région est parsemée de sites berbéro-romains, on pourrait imaginer de cuisiner, ici, un véritable repas romain. Ce ne serait pas difficile : les recettes existent dans un livre, traduit du latin, qui a été écrit par Apicius, le cuisiner de l’empereur Tibère, avons-nous déjà écrit récemment. Puisque la vallée de la Medjerda a vu de nombreux andalous, chassés d’Espagne, s’y installer, on pourrait préparer un « repas andalou » dont les mets sont « délicats » et délicieux.

Puisque c’est le moment de l’année où les nuits sont les plus courtes et, souvent, les plus agréables, on pourrait imaginer « une nuit blanche » autour d’un feu de camp. Combien y a-t-il de temps que vous ne vous êtes pas assis – dans un fauteuil de plage confortable ! – au vent d’un feu de bois, pour ne pas subir la fumée, que vous n’avez pas dégusté des côtelettes de véritable agneau – c’est le moment ! – grillées doucement sur des braises extraites du brasier et qui ne « brûlent pas » pare qu’elles ne sont pas encore grasses ?

Depuis combien de temps, une « petite laine » sur les épaules, dans la nuit qui avance n’avez-vous pas écouté la chanson du « berrèd », humé le parfum qui s’en exhale et dégusté, à petite gorgée, un thé rouge qu’on peut « corser » avec un brin de thym, de romarin ou de géranium : « atrchia » ?

A voir l’énorme « bulle » rougeâtre qui domine Tunis et qu’on voit à près de 20 kilomètres à la ronde, on est en droit de se demander quand nos responsables feront des économies d’énergie « publique », maintenant où l’on parle beaucoup d’économies d’énergie chère et de protection de « l’Environnement » ?

Vous souvient-il encore de la dernière fois où vous avez regardé les étoiles d’un beau ciel d’été ? Pourriez-vous retrouver, au moins, l’étoile polaire ou allez-vous avouer avoir « perdu le nord » ? Saurez-vous retrouver Capella de la constellation du Cocher ou Acturus du Bouvier qui sont parmi les six étoiles les plus brillantes ? Êtes-vous encore capable de citer les planètes du système solaire dans l’ordre de leur position par rapport au soleil ? Ces stridulations qui remplissent la nuit éveillent-elles les souvenirs des grillons de votre enfance quand il y avait encore des coins de campagne dans les villes d’alors ? Vous verrez : une nuit d’été passe tellement vite qu’on est surpris de voir le ciel pâlir alors qu’on évoque encore des souvenirs.

A.M

Related posts

Affaire du complot contre la sûreté de l’État : Unimed réagit au jugement contre Ridha Charfeddine

Rencontre avec le metteur en scène Moez Gdiri :  « L’adaptation du théâtre européen nous a éloignés de notre réalité tunisienne »

Charles-Nicolle : première kératoplastie endothéliale ultra-mince en Tunisie