Le logiciel espion Pegasus utilisé contre des militants palestiniens

(FILES) In this file studio photo illustration taken on July 21, 2021, shows a smartphone with the website of Israel's NSO Group which features 'Pegasus' spyware, on display in Paris. - US authorities on November 3, 2021, put the Israeli maker of the Pegasus spyware on the list of restricted companies, after determining the firm supplied software used to target officials and journalists. (Photo by JOEL SAGET / AFP)

La saga Pegasus s’est déplacée lundi dans les Territoires palestiniens avec des révélations selon lesquelles le logiciel espion de la société israélienne NSO a été utilisé pour traquer les portables de six militants palestiniens, dont l’un a aussi la nationalité française. Le 22 octobre, le ministère israélien de la Défense a annoncé avoir placé six ONG palestiniennes, dont al-Haq, Addameer et Bisan, sur sa liste des « groupes terroristes » en raison de liens supposés avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), organisation marxiste considérée comme « terroriste » par l’État hébreu, les Etats-Unis et l’Union européenne.
Suspectant un possible hacking du téléphone de l’un de ses employés, l’organisation de défense des droits humains al-Haq a mandaté le groupe européen Frontline Defenders d’enquêter sur les portables de 75 membres de ces six ONG pour voir s’ils avaient été infectés par le logiciel Pegasus. Or lundi, Frontline Defenders a conclu, après contre-vérification avec le Citizen Lab de l’université de Toronto et la cellule digitale d’Amnesty International, que six portables avaient été infectés par le logiciel.
« Lorsque le système Pegasus est dans le téléphone, il est totalement surveillé… Le téléphone n’est plus à toi », a-t-il ajouté, appelant la France « à prendre ses responsabilités » dans cette affaire, d’autant qu’il avait été lui-même en contact « avec des personnes au Quai d’Orsay, à l’Élysée, avec le consul général de France à Al-Qods » et des journalistes aient été piratés « avant » que les ONG ne soient désignées « terroristes » par Israël.
Des ONG internationales et israéliennes ont déploré cette désignation qui pourrait avoir pour conséquence d’assécher le financement de ces ONG, dont certaines œuvrent pour la défense des droits humains et des prisonniers et reçoivent des fonds européens.
*« Totalement surveillé… Le téléphone n’est plus à toi »
« J’ai senti qu’il y avait un truc qui n’allait pas, qu’il y avait quelque chose de suspect dans mon téléphone (…) Frontline Defenders a découvert qu’entre le 10 et le 30 avril, mon téléphone a été attaqué par Pegasus », a déclaré à l’AFP M. Hamouri, qui habite à Ramallah en Cisjordanie occupée. « Lorsque le système Pegasus est dans le téléphone, il est totalement surveillé… Le téléphone n’est plus à toi », a-t-il ajouté, appelant la France « à prendre ses responsabilités » dans cette affaire, d’autant qu’il avait été lui-même en contact « avec des personnes au Quai d’Orsay, à l’Élysée, avec le consul général de France à Al-Qods » et des journalistes. Ubai al-Aboudi, directeur de Bisan, a affirmé à l’AFP avoir « peur pour (la) vie et (la) sécurité » des militants.
Le groupe NSO s’est retrouvé exposé en juillet après des enquêtes publiées par un consortium de médias internationaux révélant que son logiciel Pegasus avait permis d’espionner les téléphones de journalistes, d’hommes politiques, de militants ou de chefs d’entreprise de différents pays, incluant le président français Emmanuel Macron. Les Etats-Unis ont placé NSO sur leur liste d’entreprises menaçant la sécurité nationale en raison de son logiciel qui permet de récupérer les messages, photos, contacts, et d’activer à distance les micros d’un smartphone. Cette société basée en banlieue de Tel-Aviv s’est dite « consternée » par cette décision sur son logiciel, vendu à des gouvernements étrangers avec l’approbation de la Défense israélienne.
*Contre-attaque du Shin Beth
Un rapport de 74 pages du Shin Beth présenté à des responsables américains et européens – consulté ce week-end et dont le « + 972 magazine », un média israélo-palestinien indépendant, avait obtenu l’accès en premier- offre peu d’éléments pour étayer des relations entre le FPLP et ces ONG. Une source de sécurité israélienne a indiqué que ce rapport n’était pas le seul contre ces ONG, et que « différents documents » avaient été présentés « à différents niveaux de confidentialité » à des responsables étrangers. Elle n’a toutefois pas précisé si Pegasus avait été utilisé pour obtenir des informations.
(Le Parisien, avec AFP)

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