Le Maroc franchira une étape historique dans son secteur énergétique d’ici la fin de l’année 2025. Pour la première fois, le royaume produira du gaz naturel liquéfié (GNL), a annoncé Graham Lyon, PDG de la société britannique Sound Energy, détentrice du permis d’exploration du champ gazier de Tendrara, situé dans l’est du pays. Cette annonce marque un tournant stratégique pour un pays qui dépend aujourd’hui presque entièrement des importations pour couvrir ses besoins en gaz.
Selon Graham Lyon, la production initiale atteindra environ 10 millions de pieds cubes par jour, avec une augmentation progressive pour atteindre 40 millions de pieds cubes par jour grâce au développement de nouveaux gisements. Actuellement, le Maroc ne produit que moins de 100 millions de mètres cubes de gaz naturel par an, issus de petits gisements situés à l’ouest du pays, dont les réserves s’épuisent rapidement. Pour répondre à une demande annuelle estimée à un milliard de mètres cubes, le royaume importe la quasi-totalité de son gaz, principalement via un gazoduc reliant l’Espagne.
Un projet ambitieux en cours de finalisation
En attendant le démarrage de la production, Sound Energy finalise la construction d’une unité de liquéfaction de gaz sur le champ de Tendrara. Les essais de production devraient commencer dès l’été 2025, avec une exploitation commerciale prévue pour la fin de l’automne de la même année. Le champ de Tendrara, exploité sous une concession de 133,5 km² accordée pour 25 ans à partir de 2018, renfermerait des ressources estimées à 10,67 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Depuis son implantation au Maroc, Sound Energy a investi plus de 160 millions de dollars dans ce projet.
Une commercialisation sous tension politique
La commercialisation du gaz produit à Tendrara sera confiée à Afriquia Gaz, filiale du groupe marocain Akwa. Cette décision pourrait relancer les débats autour des activités économiques d’Aziz Akhannouch, chef du gouvernement marocain et actionnaire majeur du groupe Akwa. Les liens entre pouvoir politique et intérêts économiques privés risquent d’alimenter les discussions dans un contexte où la transparence et la gouvernance sont scrutées de près.
Ce projet de GNL représente une opportunité majeure pour le Maroc de réduire sa dépendance énergétique et de renforcer son autonomie. Toutefois, il soulève également des questions sur la répartition des bénéfices et l’équilibre des pouvoirs dans un secteur stratégique. Reste à voir comment le royaume gérera ces enjeux dans les années à venir.