Comment peut-on réconcilier une société profondément divisée ? A moins que la réconciliation qu’on nous propose soit une machine à étouffer les scandales ? Car dans cette affaire de tourner la page du passé, tout se prépare à huis-clos, en dehors de la société civile, et avec la complicité de la presse dominante comme au bon vieux temps ! Le discours des protagonistes est gangréné par la langue de bois ? Aujourd’hui, la situation politique paraît désespérément bloquée, provoquant une suspicion générale chez la population qui ne comprend plus pourquoi nous avons fait une révolution. Le peuple Tunisien est exténué et au bord de l’implosion.
Les hommes du pouvoir n’ont pas le droit de décider sur ce qui appartient à la communauté, et les biens mal acquis étaient la propriété de ces chômeurs qui se trouvent au bord de la route, ces jeunes qui ont subi des dégâts considérables, ces jeunes qui ont le sentiment légitime qu’on ne s’occupe pas d’eux ! La centralisation du pouvoir au sein d’une alliance de deux partis ne doit pas permettre un accord pour cautionner une injustice envers un peuple qui n’en peut plus d’être malmené, d’être baladé, d’être déplumé sans que la justice ne soit jamais rendue ! Ces deux partis qui n’ont jamais su parler aux jeunes, ont poussé ces derniers à ne plus respecter les institutions de la république ni ceux qui les incarnent !
Bien sûr que la réconciliation est un passage indispensable pour prétendre à une quelconque reconstruction nationale, mais il faut passer auparavant par deux cases : connaître toute la vérité, et rendre des comptes ! Comment en finir avec ceux qui ont vu leurs dettes annulées à coups de milliers de milliards en pompant sur les banques publiques, sans le moindre audit et sans la moindre explication ? Comment admettre que la corruption ait décuplé depuis un certain 14 Janvier, et que le bas de laine de la nation ait été dilapidé sans qu’aucune affaire en justice n’ait pu aboutir à une quelconque condamnation? Comment ne pas revenir sur ces fonctionnaires qui ont largement profité de leurs pouvoirs pour toucher des pots de vin en créant un désordre fracassant dans le circuit économique ? Bref, comment s’assurer que cette réconciliation ne permette pas un blanchiment des corrompus, des bandits et des cupides?