Le ministre des Affaires étrangères explique les fondements des choix diplomatiques de Kaïs Saïed

Lors du point de presse tenue à l’issue des travaux du Premier Forum National des Compétences Tunisiennes à l’Étranger (FNCTE), et en guise de réponse à une question qui lui a été posé par les journalistes quant à l’approbation de son ministère pour les actions de certaines figures et qui s’inscrivent sous l’enseigne de la « diplomatie populaire », Nabil Ammar, ministre des Affaires Etrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger a mis l’accent sur une condition de taille pour que ces actions soient fructueuses : être en totale harmonie avec la politique de l’Etat.

« Pour nous, qu’elle soit populaire ou pas, la diplomatie tunisienne est unifiée même si elle peut prendre des volets économiques ou des volets populaires. Mais ce ne sont que des appellations. Lorsqu’on parle de diplomatie, il est question d’une diplomatie totalement en harmonie avec la
vision et la politique de l’Etat », précise-t-il.
Et d’ajouter que chacun, depuis son poste, a son travail à faire ! C’est notamment le cas des compétences tunisiennes à l’étranger qui, selon Ammar assument aussi un rôle diplomatique qui a un énorme impact sur l’image de la Tunisie à l’étranger. « Chacun peut contribuer à renforcer et à servir la diplomatie du pays. C’est aussi le cas des journalistes qui rédigent des papiers sur la Tunisie ! C’est aussi le cas de n’importe quel intellectuel tunisien, qu’il soit scientifique, statisticien, historien, etc. Si chaque Tunisien veille, depuis son poste, à promouvoir l’image de son pays, ceci ne peut que profiter à la Tunisie ! Nous souhaitons que les Tunisiens, et à tous les niveaux de la société, parlent des succès tunisiens et font connaître leur pays au monde entier ! Mieux encore, on a même demandé qu’on nous mette au courant des success-story, des exploits des Tunisiens, de leurs réalisations et le ministère se chargera de promouvoir ces réussites et de les mettre en valeur ! Mais nous n’accédons même pas à ce genre d’information hélas ! Pourquoi on entend parler de ces succès Tunisiens à l’étranger ?
Il faut acquérir cette tradition de promouvoir la réussite de nos compatriotes, d’énumérer les multiples richesses et beautés de ce pays, de penser de façon productive et positive ! Il ne faut pas avoir peur, il ne faut pas avoir honte ! Rien ne justifie qu’on ait honte ! Nous devons garder la tête haute. La Tunisie a une civilisation riche, une Histoire riche, un patrimoine riche, bien des exploits dans multiples domaines et beaucoup de compétences ! Malheureusement nous n’avons pas de pareils reflexes. Cela fait des décennies que nous avons cessé de promouvoir l’image de notre pays ! D’ailleurs en parlant des compétences, ils font de véritables miracles à l’étranger. Et ils sont tristes de ne pas pouvoir faire pareil ici en Tunisie ! Et s’ils ne peuvent justement pas le faire, c’est parce qu’il y a une mentalité à faire changer, à commencer par l’instauration de la politique de l’échange et de la communication constructive. Car c’est de l’échange positif que naissent les idées et les solutions ».

Par ailleurs, Ammar a tenu à noter que certaines associations qui œuvrent au niveau international ne servent hélas pas le pays ! « Ils n’œuvrent que pour tirer des profits personnels, avoir leurs propres réseaux, pour faire du lobbying, mais très rarement pour servir le pays ! Celui qui veut faire de la diplomatie positive doit rejoindre le crédo du ministère qui est la clarté et la transparence. L’image du pays, ce sont les Tunisiens qui la créent et dans les deux sens. Ils peuvent tout autant bâtir une belle image du pays, tout comme ils peuvent détruire l’image du pays ! », Note-t-il

Les Tunisiens créent l’image du pays !

Et de préciser d’un ton sérieux : « il n’existe aucun pays étranger qui veut nuire à la Tunisie. Si cela arrive, c’est qu’il y a eu des Tunisiens derrière, qui ont dit du mal de leur pays ! Des Tunisiens dirigent des hôpitaux à l’étranger, des Tunisiens supervisent des sociétés de cyber-sécurité à l’étranger et j’en passe… Dès lors, si nous créons un réseau pour regrouper ces compétences sans qu’il n’y ait de parasitage prémédité, on ne peut qu’en sortir bénéficiaire et véhiculer l’image positive du pays. Nous devons faire connaitre les points positifs du pays qui sont méconnus par les étrangers ! Il existe des raisons objectives à cette ignorance. C’est parce que durant longtemps, lorsque d’autres diffamaient le pays, personne ne leur a posé de limites, bien au contraire ! Le fait de laisser l’autre nous regarder d’en haut et de nous traiter comme un pays non souverain, a vraiment endommagé l’image du pays et a poussé les autres à ne plus nous respecter. Ceci a cessé aujourd’hui ! »

La diplomatie tunisienne a imposé le respect

Le chef de la diplomatie tunisienne a laissé entendre que la Tunisie adopte une nouvelle politique diplomatique qui a restitué le prestige de l’Etat et dont les grandes lignes ont été tracées par le chef de l’Etat Kaïs Saïed. « Lorsque quelqu’un touche à la souveraineté du pays et se permet de nous traiter mal, nous ripostons ! Les ripostes successives ont poussé les autres à réfléchir avant de dire du mal de notre pays ou de se permettre de toucher à notre souveraineté ! Fini la politique permissive de la tête baissée, du silence et de la dépendance. D’ailleurs plus personne ne s’attaque à la Tunisie à présent. Ils ont fini par admettre que cette politique d’agenouillement ne marchera plus et on les a contraints de nous respecter ! »

Sur un même pied d’égalité

Nabil Ammar a tenu à évoquer les deux poids deux mesures cautionnés hélas par les Tunisiens. « J’ai donné mes instructions aux ambassadeurs de se déployer entièrement, depuis mon premier jour de travail. Ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour promouvoir l’image de la Tunisie, mais les portes leur sont rarement ouvertes ! Ceci l’est doublement lorsqu’il s’agit des médias étrangers ! En revanche, ici, nous ouvrons toutes les portes devant les ambassadeurs étrangers ! Plus encore, des Tunisiens font des courbettes devant les ambassadeurs étrangers et ceci ne sert pas l’image du pays mais l’intérêt de ces Tunisiens-là dans le pays de l’ambassadeur en question ! », note-i-il sur un ton sévère. Et d’ajouter qu’on ne va malheureusement pas tous dans un même sens ! « Pourtant il s’agit de la première fois où la Tunisie adopte une politique étrangère très claire et très cohérente avec un Président qui n’a qu’un seul discours et qui dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit ! Un Président qui a une politique claire et simple : il traite les pays comme ils traitent la Tunisie », dit-il. Et de surenchérir : « L’équation est simple ! On ne cesse de nous reprocher d’être arrogants nous disant que ceci ne nous a pas servi ! C’est faux ! Cette politique nous a bien servi ! On a beaucoup fait en gardant toujours la tête haute et en traitant l’autre comme il nous traite ! Aujourd’hui on nous respecte. Nous avons restitué le prestige de l’Etat. On ne peut être un Etat libre que si on nous respecte et on nous reconnaît ! ».

 » tous les partenaires de la Tunisie veulent continuer à collaborer avec la Tunisie. Personne ne nous a tourné le dos. Ils demandent juste un plan d’action clair avec des programmes. Nous avons tout ce qu’il faut, il ne nous reste qu’à bien accorder les lignes et d’aller tous dans un sens unifié et cohérent »

Cohérence
Le ministre a tenu à conclure son allocution en mettant l’accent sur ce qu’il a qualifié du secret de la réussite qu’est la cohérence. « Nous devons être tous cohérents, aller dans un même sens et véhiculer un même message unifié. Le secret de la réussite pour la Tunisie est la coordination et la cohérence. Un orchestre ne peut pas donner un morceau artistique acceptable si chaque musicien suit sa propre partition, joue de son propre chef et fait fi de la coordination du Maestro ! Ceci nous donnera plein de fausses notes et une musique médiocre. Nous avons un guide, il a des messages politiques très clairs et qui est le chef suprême de la diplomatie ! Le président de la République ne laisse pas de place à l’ambiguïté, il donne des messages clairs et nous pouvons alors travailler à l’aise. Pour la première fois depuis très longtemps le ministère travaille avec aisance parce que la Tunisie a des positions claires qui sont clairement formulées par le Président et qu’il ne change pas au grès des intérêts ! C’est une aubaine que ces positions ne soient pas soumises à la vente aux enchères et qu’on ait une ligne de conduite clairement tracée. Tout ce qui reste à faire, c’est qu’on se mette tous sur une même longueur d’onde pour marcher tous dans un même sens suivant un plan national clair et applicable » conclue-t-il.

Abir CHEMLI

 

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