Réussir à transformer de lourdes structures métalliques, sur le parking du théâtre romain de Carthage en réceptacle susceptible d’accueillir une exposition sur trois niveaux, il faut le faire ! Pari réussi d’un parcours spirituel où une mosquée virtuelle a rassemblé différents artistes arabes traduisant le parcours des croyants et des orants.
Une vingtaine de containers, rouillés, patinés, laminés par le sel et les embruns, cabossés par les grues se sont transformés en musée ambulant.
Une équipe de choc de la fondation Lazaar ! Ce sont, eux, qui se sont mobilisés et donnés pour nom burlesque «le radeau de la Méduse». Il s’agissait de créer, sur trois niveaux, un parcours spirituel de la foi et de la connaissance dans une mosquée virtuelle où une vingtaine de passionnés par la gageure ont traduit artistiquement, le parcours des croyants et des orants.
Et puis, il y a eu Taïeb Jellouli, le «zénographe», l’habitué de la scénographie et de l’invraisemblable du cinéma. Star Wars, c’est lui ! Ce musée virtuel ambulant dans un lieu aussi magique, était un défi pour lui. Il a pu le relever en créant des atmosphères, des correspondances et des unités de lieux. La «lumière éclair», c’est Ahmed Bennys, le lumineux de la lumière.
Et puis, bien évidemment, Lina Lazaar, le formidable concepteur qui entraîna tout un beau monde dans cette aventure extraordinaire, en prouvant que l’impossible était possible. L’organisatrice de « Jaou Tunis » qui, annuellement, va à la rencontre des artistes, des curateurs, des collectionneurs et des critiques d’art, a eu le rêve en 2015 de monter une telle expo.
Une expérience sensorielle, esthétique, spirituelle a vu le jour ! Rêve réalisé ! Elle affirme : « Cette expo, “Le monde entier est une mosquée” interroge la possible échappée de l’espace sacralisé, et la probable sacralisation de l’espace séculier. La mosquée serait alors partout, et la foi, une affaire de cœur, avant d’être une affaire de clôture. » Et quelle clôture ! ENTRE el « Maghreb » et « El Icha », Une prouesse remarquée et remarquable eut lieu : l’appel à la prière par la talentueuse chanteuse Ghalia Ben Ali. Et comme l’avait dit notre consœur Alia Hamza « Si le monde était une mosquée, il ne s’y passerait pas ce qui se passe aujourd’hui. Il n’y aurait pas tant de haine, de guerres de conflits. La mosquée est un lieu de paix et de méditation d’abord… Si le monde était une mosquée, on y entendrait des prières qui seraient avant tout une consécration de l’humain. L’on y verrait affluer ceux qui ont au cœur l’amour de leur prochain».