Nous sommes à seulement une semaine de l’Aïd El Kébir. Et conformément à la promesse formulée par la société des viandes (Ellouhoum), la vente, au siège de la société dans la région El Wardia, des moutons de l’Aïd fixée préalablement au prix de 21,900 dinars par kilo vivant, est prévue pour aujourd’hui, samedi 08 juin 2024. Cependant, ce prix qui est déjà jugé couteux, voire inabordable pour les petites et moyennes bourses en Tunisie, ne semble pas satisfaire les éleveurs…
De fait, lors d’une intervention au micro de Mosaïque Fm, Fathi Ben Khalifa conseiller économique du président de l’Union des agriculteurs a déclaré que l’organisation n’a pas formulé son approbation de ce prix fixé par la société Elouhoum.
Il a ajouté que cette décision n’a pas fait l’objet d’une discussion avec le conseil d’administration du complexe. « Certes, une séance de négociation avait eu lieu le 8 mai dernier entre tous les membres du complexe, mais celle-ci n’avait pas abouti à un accord sur les prix ! Alors une deuxième séance a été prévue sauf que l’organisation des Agriculteurs n’y avait pas été conviée ! La présence a décidé d’émettre les nouveaux prix de vente des moutons sans notre consentement », a-t-il déclaré. Et d’ajouter que son organisation trouve que le prix proposé à la vente est en deçà des attentes des éleveurs de bétail dans la mesure où selon ses dires, « la marge de bénéfice les privait de leurs droits ». Il a noté que l’organisation des Agriculteurs avait demandé une marge de profit de 15% sur les prix des moutons qui pèsent plus de 60 kg (vendus à 22 dinars le kilo vivant) alors que son institution avait demandé que le prix soit autour de 24 dinars par kilo vivant pour ce même type de moutons dépassant les 60 kg !
Inabordable!
Il est tout de même à noter que le prix du mouton de 60 kilos, et même s’il semble avoir été revu à la baisse, coûterait plus de 1300 dinars ! Ce qui équivaut au salaire entier d’un Tunisien moyen et trois fois le smig d’une petite bourse ! D’ailleurs, même ceux qui sont considérées appartenir à une classe moyenne d’un rang plus élevé et dont le salaire est aux alentours de 2000 dinars net, vont devoir se serrer la ceinture s’ils comptent faire un sacrifice cette année ! Parce qu’à lui seul le mouton bouffera, au bas mot, les deux tiers du salaire, si ce n’est sa totalité !
Et dire que plusieurs familles tunisiennes ne peuvent pas se permettre d’acheter de la viande rouge durant l’année. Celles-ci ne mettent des bouchées de viande sous leur dent qu’une fois par an : à l’Aïd ! Cette année, ils n’y goutteraient pas. Même pas une fois par an ! Et le hic, c’est que le mercure n’est pas moins clément du côté des autres denrées alimentaires, notamment des légumes ! D’ailleurs, des plats comme la « Ojja » et la « Chakchouka » considérés longtemps comme le plat des pauvres se transforment en un luxe que les Tunisiens moyens ne peuvent se permettre qu’occasionnellement. L’huile coûte cher, les légumes coûtent cher, les œufs ne font plus cher et le pain se transforme en une denrée rare… Dès lors, si ces familles à bourse modeste ne peuvent plus aspirer à jouir de la fumée de leurs grillades durant l’Aïd, ils ne pourraient probablement même pas se leurrer en jetant, dimanche prochain, quelques légumes sur le brasier…
A.C.