Nombreuses ont été les critiques ayant visé le Mufti de la République, Hichem Ben Mahmoud, lorsque celui-ci s’était rendu à l’usine SICAM (Société Industrielle des Conserves Alimentaires) le 9 octobre 2023. Il était avec une équipe du Diwan Al Ifta et de l’Institut National de la normalisation et de la propriété industrielle (INNORPI).
« Que fait le Mufti dans cette usine? », ont écrit les internautes. Il faut pourtant savoir que cette visite du Mufti a été bien préparée et elle s’inscrit dans une démarche économique à moyen et long terme.
Elle montre les ambitions de la SICAM: exporter davantage à l’étranger, notamment vers les pays du Golfe. Or, dans des pays comme l’Arabie Saoudite, la certification Halal est requise pour qu’un produit puisse être exporté et vendu sur le territoire. Le Halal, aujourd’hui, est un label incontournable dans le commerce international, tout comme le Kasher pour les Juifs.
Le Halal, un marché juteux pour les exportateurs du monde entier
Depuis 2013, de nombreux produits tunisiens ont décroché ce précieux label et on le retrouve désormais dans les pays concernés: fruits et légumes secs, huile d’olive, thon, dattes…). Ce n’est pas pour rien que chaque année, aux États-Unis, le Halal Expo Summit est organisé à Fort Lauderdale en Floride. D’ailleurs, la dernière édition a eu lieu du 6 au 7 septembre dernier. Ces mêmes salons sont organisés dans d’autres pays, à l’instar de l’Australie, du Canada et du Royaume-Uni.
Pour ces derniers, c’est une opportunité de conquérir un nouveau marché florissant et hyper-consommateur, à savoir celui des pays du Golfe et des pays musulmans en général. En 2021, la valeur du marché Halal a dépassé les 1270 milliards de dollars. D’ici 2025, elle atteindrait les 1670 milliards de dollars, et d’ici 2030, elle dépasserait les 4960 milliards de dollars d’après le Directeur général intérimaire de la Banque Islamique de Développement, Amer Bukvić. De quoi souligner le potentiel d’une telle branche de l’économie et des opportunités qu’elle offre.
Ce qu’il faut retenir de la (bonne) démarche du Mufti de la République
En Tunisie, il serait donc regrettable de manquer une telle occasion. Les critiques qui ont été formulées à l’égard de la démarche du Mufti, Hichem Ben Mahmoud montrent que leurs auteurs n’avaient aucune connaissance des véritables raisons de la visite à SICAM.
Lors de sa visite à SICAM, le Mufti a suivi les protocoles qui ont été fixés dans le cadre du partenariat établi entre le Diwan Al Ifta et l’INNORPI en mars 2013. Il s’agit de livrer à SICAM le label Halal, mais à condition que l’entreprise respecte des exigences très strictes, notamment en matière de qualité. Il y a aussi la salubrité des denrées alimentaires, l’hygiène des installations et, bien entendu, la conformité des produits aux règles de l’Islam.
Conformément à ces mêmes procédures, c’est l’entreprise qui s’adresse aux autorités compétentes afin de décrocher le label Halel, ce que SICAM a certainement fait. Dans ce même ordre d’idées, ces mêmes autorités vont examiner, minutieusement, les différentes étapes de production, allant de la matière première, jusqu’au packaging.
Une fois chose faite, un rapport est rédigé, puis il est transmis au Diwan Al Ifta qui va valider, ou non, le label. Rappelons aussi qu’un tel titre est octroyé conformément aux règles de l’Institut de normalisation des pays islamiques (SMICC) qui est sous la tutelle de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI). C’est ce qui va conférer aux produits exportés – en l’occurrence ceux de SICAM – une reconnaissance régionale, voire internationale.
Pour résumer, le démarche entreprise par le Mufti de la République et les pouvoirs publics doit être saluée. En fait, elle doit être généralisée, ce qui permettrait de booster les exportations tunisiennes et leur permettre de conquérir de nouveaux marchés.