Il est évident aujourd’hui que le sud de la Tunisie est devenu une plaque tournante et un passage obligé pour les trafics et la contrebande de toutes sortes et de toutes les marchandises alimentant aussi bien le marché interne tunisien que l’Algérie voisine; Le phénomène est loin d’être récent, il est même traditionnel plus particulièrement entre la Tunisie sous le régime du protectorat et ce que fut la Tripolitaine sous la domination ottomane. La frontière étant tracée lors de la convention de Tripoli du 19 mai 19101 à des fins politiques mais aussi pour des raisons économiques dans une période où les autorités françaises établissaient une nouvelle organisation administrative de la Régence.
Cependant, si ce trafic est de longue date entre les deux pays, il n’en est pas de même pour la situation sécuritaire dans les deux pays. La Libye est confrontée à une guerre civile qui ne dit pas son nom, dans un pays qui est gouverné par deux gouvernements aux visions politiques diamétralement opposées et les armes de tous calibres y circulent au vu et au su de tous dans un scénario de défaillance complète des institutions de l’Etat libyen. Selon le rapport du Conseil de sécurité de l’ONU du 18 janvier 2012, le conflit armé en Libye a permis à des groupes violents au Sahara et en Afrique du Nord d’accéder à d’importantes caches d’armes et de s’en approprier et d’en fournir à des groupes terroristes actifs dans toute la zone d’Afrique du Nord y compris sur le territoire tunisien en utilisant les mouvements de contrebande existants entre les deux pays pour acheminer les armes en question à leurs destinations finales.
Depuis déjà quelques années et plus précisément depuis 2012, les forces armées tunisiennes découvrent périodiquement des caches d’armes particulièrement dans la frontalière du Sud-Est tunisien recelant des quantités énormes de matériel de guerre. Cette situation qui dure dans le temps est une menace pour la sécurité nationale tunisienne et malgré les efforts inlassables et considérables des forces armées tunisiennes, la frontière tuniso-libyenne qui s’étend sur 459 kilomètres de long dans une des zones les plus inhospitalières de la planète demeure poreuse.
Mohamed Mehdi Soufargi
Chercheur en Droit international et relations internationales
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