L’eau, l’énergie et la sécurité alimentaire : trois piliers indissociables du développement d’un pays. En Tunisie, où le stress hydrique et l’insécurité alimentaire se font de plus en plus ressentir, la question de l’interdépendance de ces ressources est au cœur des préoccupations.
Lors d’un atelier organisé à Tunis par l’UNECA, des experts ont souligné l’urgence de repenser les politiques publiques pour faire face à ces défis complexes. « La Tunisie, comme beaucoup d’autres pays, est confrontée à une situation critique liée à la raréfaction de l’eau et à la volatilité des prix des céréales sur les marchés internationaux », a alerté Samia Hamouda, économiste à l’UNECA.
Notre pays, qui dépend à 93% d’importations pour son blé tendre, est particulièrement vulnérable aux chocs exogènes. « La crise russo-ukrainienne a mis en évidence notre dépendance alimentaire et la nécessité de renforcer notre résilience », a-t-elle ajouté.
Pour Belgacem Ayed, expert en développement durable, la solution réside dans une approche intégrée : « L’eau, l’énergie et l’agriculture sont étroitement liées. Il faut optimiser l’utilisation de chaque goutte d’eau, notamment en recourant à des techniques d’irrigation économes et en valorisant les eaux non conventionnelles. »
Des initiatives locales commencent à émerger. C’est le cas des jardins urbains créés par ONU-Habitat à Tunis et à La Marsa, qui visent à renforcer la sécurité alimentaire des populations vulnérables. « Ces projets montrent qu’il est possible d’agir à petite échelle pour produire localement et réduire notre dépendance aux importations », a souligné Aida Robbana, directrice du bureau d’ONU-Habitat en Tunisie.
La question énergétique est également au cœur des débats. « Notre taux de dépendance énergétique est élevé, ce qui nous rend vulnérable aux fluctuations des prix de l’énergie sur les marchés mondiaux », a rappelé Belgacem Ayed. Pour réduire cette dépendance, il est nécessaire de développer les énergies renouvelables et d’améliorer l’efficacité énergétique.
L’atelier organisé par l’UNECA a été l’occasion de lancer un appel à l’action en faveur d’une gestion plus durable des ressources naturelles. Les experts ont souligné la nécessité de :
- Renforcer la coordination entre les différents acteurs impliqués dans la gestion de l’eau, de l’énergie et de l’agriculture.
- Investir dans la recherche et le développement pour trouver des solutions innovantes et adaptées au contexte tunisien.
- Sensibiliser les citoyens à l’importance de préserver les ressources naturelles.
La Tunisie dispose d’un potentiel important pour faire face à ces défis. En adoptant une approche intégrée et en mobilisant tous les acteurs, notre pays peut construire un avenir plus durable et résilient.