Invité dans la Matinale de Shems FM ce lundi 30 juillet 2018, le président de l’association des pharmaciens, Nadhem Chakri, a une fois encore tiré la sonnette d’alarme sur la crise des médicaments en Tunisie.
Les solutions qui ont été élaborées par l’Etat, notamment l’injection de 500 millions de dinars dans les caisses de la Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT), ne permettront pas de résoudre le problème à long terme. « Le manque de médicaments se vit au quotidien. Il existe des personnes qui vont de pharmacie en pharmacie dans l’espoir de trouver ce dont ils ont besoin », a-t-il déclaré.
Le pharmacien a affirmé qu’il est impossible de connaître les médicaments indisponibles. C’est le consommateur qui donne l’alerte. « Lorsque celui-ci sillonne les pharmacies pour trouver un médicaments donné, l’information sur le manque va automatiquement circuler entre les professionnels du métier », a-t-il dit.
Le PDG de la PCT doit respecter les citoyens
Interrogé, d’un autre côté, sur le comportement de certains pharmaciens qui stockeraient les médicaments afin de les vendre à leurs clients, Nadhem Chakri a formellement démenti cette information, affirmant que c’est la politique du premier arrivé, premier servi qui est en vigueur. « Nous n’avons pas le choix », a-t-il dit.
Il a, par la suite, réagi aux propos du PDG de la PCT, Aymen Mekki, qui a remis en question la liste des médicaments manquants publiée par l’Association des pharmaciens. « Le PDG nous visait clairement. Il a même affirmé qu’il ne reconnaissait pas notre association. Je l’invite à bien s’installer et à mieux étudier son travail pour le comprendre. Notre association a décroché une autorisation de la part de la présidence du gouvernement. La liste des médicaments manquants, pour sa part, a été établie en collaboration avec nos collègues pharmaciens. Dans une intervention radiophonique, le PDG de la PCT a affirmé que notre liste est fausse, mais il a par la suite déclaré que les médicaments du diabète seront bientôt disponibles. Il doit être cohérents dans ses propos et éviter d’être paradoxal », a encore lancé Nadhem Chakri. Il poursuit en rappelant que certains citoyens « galèrent » pour trouver des médicaments. De ce fait, le PDG de la PCT doit les rassurer et les respecter.
Une volonté politique réelle absente
« Les contraceptifs sont indisponibles aujourd’hui et il n’y a pas de générique pour eux. L’insuline, pour sa part, est disponible pour certains types, mais pas pour d’autres. C’est valable pour le Doliprane qui est aussi indisponible. Je ne pense pas, dans ce contexte, qu’il puisse y avoir des lobbys. Il y a, sans doute, des parties qui veulent prendre le contrôle de la PCT », a-t-il par ailleurs expliqué.
Le véritable problème réside dans les caisses sociales selon le pharmacien qui considère que le dossier ne bénéficie pas de toute l’attention qu’il mérite. Il faut également mettre à jour la loi sur le secteur médical qui date des années 70. Elle est biaisée et elle demeure incapable de suivre les évolutions récentes du secteur.
Dans ce contexte, Nadhem Chakri considère que l’autorité de tutelle doit se réunir avec les professionnels du secteur pour discuter sérieusement. « Nous avons besoin de réformes, notamment pour les pharmacies externes des hôpitaux qui doivent tout simplement être supprimées. On sait parfaitement que les médicaments qui s’y trouvent ne profitent pas forcément à ceux qui en ont réellement besoin. S’il y avait une volonté politique sérieuse, le problème serait résolu rapidement », a-t-il encore ajouté.
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