« Le populiste Kaies Saied »

Avec quels mots pouvons-nous décrire la politique qu’il suit, quels sont ses fondements et ses objectifs, puis est-elle basée sur une stratégie à long terme et derrière tout cela ? Est-ce que tout ce qu’il se dit est inspiré par ses idées, ou y a-t-il quelqu’un pour lui faire passer ça? La chose étrange dans tout ce qu’il dit, est qu’il parle sans s’arrêter. Il continue de parler sans regarder, ni à droite ni à gauche. Sa tête penchée vers le haut et il se tenait immobile, bien discipliné comme un soldat, devant son commandant.
Les Tunisiens ne veulent plus entendre les politiciens et ils en ont marre de la politique surtout que leur condition sociale se dégrade de jour en jour. Un immense ressentiment contre tout ce qui appartient à la politique. Ce phénomène qui se propage rapidement surtout auprès de la jeunesse en créant une sorte de radicalité et de mépris et de là une nouvelle vague de jeunes qualifiés d’antisystème. Un duel de nouveau type s’est instauré en prenant une forme d’un nouveau type de lutte de classes entre les soi-disant arrivistes et confiants. En fait, toutes ces mouvances sont génératrices de désaccords et de luttes indéterminées. Un résultat cette nouvelle réalité qui a pris place dans la société tunisienne n’est qu’une crise de la démocratie naissante et qui pourrait prendre une direction vers la dictature. La situation est hybride et pourrait avoir des conséquences graves sur la bonne marche de la démocratie naissante.
La politique d’aujourd’hui n’est plus une question de minorité et de majorité mais plutôt une sorte d’antagonisme qui oppose le peuple aux élites. La politique, pour certains nouveaux politiciens qui ont main mise sur le devenir du pays, devrait exprimer la volonté des citoyens.
En s’interférant dans les affaires du Chef de gouvernement de cette façon, Saïed ne respecte aucunement la Constitution. Aussi, que ce soit avec le président du Parlement ou avec le Chef du gouvernement, il se prend pour le seul décideur en Tunisie alors que la constitution stipule clairement que le pouvoir est réparti entre trois institutions; le parlement, le gouvernement et la présidence de la république. Le chef du gouvernement selon la constitution le chef de gouvernement a le plein pouvoir sur son gouvernement et le seul responsable devant le parlement et non devant la présidence de la république.
Il a eu recours à ce style de communication à plusieurs reprises mais ceci n’est en fait que une tactique déguisée ayant pour objectif entre autres : répondre aux attaques indirectes de ses opposants. Depuis qu’il est devenu président de la république il est constamment préoccupé par l’embellissement de son image et il s’intéresse beaucoup à la communication. Il s’est présenté comme une alternative a l’élite dominant la scène politique et aussi comme personne intègre. Par ce genre de speech il essaye de préserver une image d’homme pieux et populaire.
Suite à son attaque contre Mechichi, le Chef de gouvernement n’a adopté, en fait, qu’une auto-défense face à une manipulation et ce pour éviter qu’elle porte préjudice à son image.
La lutte et le désaccord entre le président de la république et le chef de gouvernement sont devenus évidents et ceci n’est qu’une forme des désaccords entre le président de la république et le président du parlement. C’est un conflit de pouvoir et d’intérêts.
On dirait que Kaies Saied faisait une leçon de morale politique au président du gouvernement. En fait on peut dire que ces manœuvres ne sont qu’une tactique qui donne à Kaies Saied un aspect de supériorité morale. Il cherche à marquer des points.
Nous sommes entrain de vivre aujourd’hui une crise de la politique et de la vraie démocratie. Cette situation s’est aggravée et devenue désastreuse pour l’ensemble du pays et les politiciens ne cherchent pas à savoir pourquoi et comment résoudre ces conséquences. Où sommes-nous des changements transformateurs tant attendus par les citoyens ? Nous sommes en pleine crise politique qui est devenue une évidence. Une crise multicolore, une crise des partis, de l’impuissance de l’État, de la défaillance des institutions et la domination de la corruption.
Cette crise actuelle est en fait une mise en cause du système actuel dans son ensemble. Tout citoyen est conscient de la gravité de la situation actuelle du pays mais il est impuissant devant ceux qui commandent le pays et les partis qui dominent la vie dans son ensemble. Les misères et les inégalités n’entrainent pas à la paix. Elles vont être encore une fois jouées un rôle social.
Le pouvoir de Kaies Said à lui seul ne peut pas résoudre les problèmes des citoyens tunisiens. Face à la complexité de la situation du pays et aux urgences quotidiennes sociales de la vie, seule la solidarité permet de mettre en place des vraies solutions humaines. C’est une affaire de contribution de tous les citoyens. Aussi les responsables dans tous les domaines devront comprendre que le citoyen tunisien n’est pas dupe. Fini le temps des orateurs.
Le pouvoir d’un seul homme, quelle que soit sa position et son influence, même s’il est entouré d’un clan et de lobbies, ne peut pas résoudre les problèmes épineux du pays. Face à la complexité de la situation économique et sociale du pays, il est devenu plus qu’urgent de trouver et de mettre en place, le plus vite possible, les solutions adéquates et humaines.
Le pouvoir d’un homme ou d’un clan ne peut pas résoudre nos problèmes. Face à la complexité du monde et aux urgences sociales et environnementales, seule la saisine du grand nombre, du local au mondial, peut nous permettre d’inventer des solutions humaines, de faire société.

Noureddine Ben Mansour, Dr.Ing.Gen

 

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