Pandémie, crise économique, accord post-Brexit… Un agenda chargé attend le Portugal qui succède, ce vendredi 1er janvier 2021 à l’Allemagne à la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne.
Bonne chance ! C’est ainsi que la chancelière de l’Allemagne, Angela Merkel, a symboliquement passé le relais, à l’issue de son dernier Conseil européen le 11 décembre, au Premier ministre du Portugal dont le pays présidera le Conseil de l’Union européenne (UE) au cours du 1er semestre 2021.
Antonio Costa et son gouvernement auront la lourde tâche de succéder à une présidence allemande qui aura marqué durablement l’Europe en contribuant, par l’habileté et le poids politique de sa dirigeante, à surmonter des défis historiques.
*Plan de relance, Brexit…
Le nouveau cadre financier pluriannuel 2021-2027 et le plan de relance économique dédié aux conséquences de la pandémie, ont tous deux été débloqués de haute lutte le 10 décembre. Le Portugal doit désormais accompagner leur mise en œuvre alors que nul ne peut prédire quand l’arrivée des vaccins commencera à porter ses fruits pour stabiliser la situation des pays européens durement touchés.
À l’actif également du bilan allemand – même si bien sûr les négociateurs européens et la présidente de la Commission européenne, Ursula Van der Leyen, étaient à la manœuvre –, l’annonce, le 24 décembre, d’un accord commercial avec le Royaume-Uni. Passée l’euphorie de l’obtention de ce Graal auquel plus personne ne croyait, sa mise en œuvre concrète, dès le 1er janvier, avec toujours des frustrations chez les pêcheurs aussi bien britanniques que continentaux, ou encore l’avenir des relations avec les marchés financiers britanniques qui devront faire l’objet de négociations complémentaires, sera cruciale pour l’avenir.
Pour tenter de marquer son semestre à la présidence de l’UE, le socialiste Antonio Costa a d’ores et déjà annoncé qu’il entendait la placer sous le signe de l’Europe sociale. Nous devons placer le modèle social européen au cœur de l’agenda de l’UE : la pandémie et ses conséquences désastreuses sur les moyens de subsistance des populations viennent encore d’en souligner l’importance , indiquait Lisbonne dans un document rassemblant ses priorités début décembre. Un engagement que concrétiserait un sommet social de l’UE organisé à Porto les 7 et 8 mai. Il s’agirait d’y aborder les questions sociales au sens large : droits des minorités, discriminations, gestion européenne des migrants…
*« Green deal » et transition numérique
Très engagé dans les énergies renouvelables, le Portugal devra aussi poursuivre la mise en œuvre du « Green deal », le pacte vert auquel se sont engagés les membres de l’UE pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Son gouvernement entend notamment mettre en avant la production d’hydrogène, la transition écologique des transports, mais aussi la durabilité dans la gestion des océans et des forêts.
Autre gros dossier sur lequel le Portugal entend se positionner : le numérique. Le gouvernement portugais compte notamment proposer « une charte des droits numériques ».
Outre les nouvelles relations extérieures avec le Royaume-Uni, Antonio Costa accompagnera les premiers pas du président américain Joe Biden qui prête serment le 20 janvier. Et devra poursuivre l’équilibre délicat entre promotion des droits de l’Homme, – y compris en Hongrie ou en Pologne –, tout en évitant les blocages ou la désunion… Un art qu’il s’agira aussi d’exercer avec l’accord commercial de poids qui se profile entre l’UE et la Chine…
(Ouest-France)