
À gauche : Thierry Apoteker, président de TAC Economics, docteur en économie et conseiller de grands groupes internationaux.
Dans le cadre de ses actions en faveur des entreprises et des investisseurs, Attijari Bank a organisé une rencontre, mardi 7 mars, sous le thème du « développement en Afrique : opportunités business et défis », et animée par le président de TAC Economics, Thierry Apoteker, qui est aussi docteur en économie et conseiller de grands groupes internationaux. L’objectif était d’attirer l’attention des participants, entrepreneurs et journalistes, sur le potentiel offert par les marchés africains. Les conjonctures économique, financière et géopolitique internationales et africaines ont été exposées par l’expert qui est, par la suite, passé au troisième volet de son intervention – le plus important -, relatif aux risques et aux opportunités pour les opérateurs tunisiens.
Des perspectives de croissance encourageantes
La croissance économique va s’accélérer dans le continent africain, selon Thierry Apoteker, comparé à ce qui a été connu par le passé. « Pour la Tunisie, on table sur 3,7% entre 2017 et 2018, contre 1,7% actuellement », a-t-il déclaré. Cette croissance devrait être généralisée dans les autres pays du continent. Ces derniers, selon l’expert, offrent, pour une grande partie, un climat d’affaires favorables à l’investissement et / ou à l’exportation. À titre d’exemple, selon l’indice Ease of doing Business, la Côte d’Ivoire présente un score de 52,3 sur 100, ce qui est positif. La même croissance est, d’après Thierry Apoteker, soutenue par la forte activité des secteurs clés de ces pays : agriculture, chasse, services (cas de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc), activités minières, production d’électricité ou encore le commerce de gros et de détails. « Des activités qui ont contribué à soutenir la croissance. Il faut souligner, à titre d’exemple, que 47% du PIB du Togo provient de l’agriculture. Le Gabon, pour sa part, est plutôt orienté vers les activités d’extraction (pétrole, mines), avec une part de 45% du PIB », a-t-il expliqué.
Exportation : l’Afrique gagne du terrain
Autre atout présenté par l’Afrique et qui devrait intéresser les investisseurs : les exportations. « En l’espace de 20 ans, les exportations africaines ont enregistré une croissance exponentielle, atteignant, en 2015, les 200 milliards de dollars », a encore déclaré le docteur en économie. En ce qui concerne la Tunisie, 31% des exportations vont en France, 19% en Italie, 11% en Allemagne, 5% en Espagne, 4% en Algérie et 4% en Libye. « 12% des produits exportés font partie du secteur des équipements pour la distribution de l’électricité, 8% pour les vêtements et 7% pour les graisses et huiles végétales douces », a-t-il encore affirmé. À une échelle plus globale, 75% des exportations tunisiennes vont en Europe, 13% en Afrique, 5% en Asie et 3% en Amérique. Malgré cette disparité et la part du lion occupée par le Vieux Continent, le président de TAC Economics a souligné que la part des exportations tunisiennes vers l’Afrique a augmenté de 3,4 points entre 2005 et 2015, alors que les exportations vers l’Europe ont diminué de 4,6 points. « Le continent africain intéresse les grands acteurs de l’économie mondiale, notamment la Chine qui commerce davantage avec le continent », a soutenu Thierry Poteker.
Important avantage comparatif, mais des parts de marchés réduites
Les avantages comparatifs des pays africains, dont la Tunisie, sont énormes, mais ils dépendent du secteur d’activité. La Tunisie, pour sa part et selon l’expert, présente un indice d’avantage comparatif de 35 pour les graisses et les huiles végétales douces, qui est une valeur assez élevée. Pourtant, sa part du marché dans ce même secteur est faible : 5%. « Cela veut dire qu’il s’agit d’un marché à conquérir », a-t-il souligné. Et de poursuivre: « Il existe une dynamique dans les exportations et les importations africaines dont il faut profiter. De plus, l’Afrique subsaharienne constitue un partenaire commercial de premier choix pour la Tunisie. La croissance du commerce africain va s’accélérer, par rapport à ce que l’on pourra voir ailleurs ».
Le docteur en économie a, par la suite, appelé à l’adoption d’actions conjointes par les opérateurs économiques tunisiens. « Ce sera l’occasion pour les entreprises tunisiennes de mener un projet commun avec une autre entreprise locale, du pays ciblé. Les projets commun ouvriront également la voie vers d’autres marchés, et ce grâce à l’entreprise locale qui connait son environnement mieux que quiconque », a-t-il expliqué.
De nombreux points forts, face à une conjoncture économique prometteuse
Répondant à l’une des questions des intervenants, Thierry Apoteker a, à la fin, mis en valeur le potentiel de la Côte d’Ivoire qui constitue, selon lui, une destination économique de marque. « Le pays présente d’excellentes perspectives de croissance, avec une diversification économique avancée », a-t-il soutenu. En d’autres termes, le continent africain, selon l’expert, a tout pour plaire. Les performances africaines s’inscrivent, d’après lui, dans le cadre d’un mini décollage observé à l’échelle internationale. Une bonne nouvelle qui a été annoncée au début de la conférence de presse. De fait, la croissance économique devrait repartir à la hausse en 2017 et vers le début de 2018. Cette période sera caractérisée par la baisse de l’inflation à l’échelle mondiale. « Les États-Unis sont en avance dans cette optique, par rapport aux autres pays. Avec l’arrivée bouleversante de Donald Trump au pouvoir, on sera témoin d’une hausse des salaires et de la baisse des impôts. Le tout sera accompagné par la normalisation de la politique monétaire américaine, traduite par une harmonisation entre le taux d’intérêt directeur de la Réserve Fédérale et l’inflation », a déclaré Thierry Apoteker.
Malgré les incertitudes politiques, marquée par un retour aux fondamentaux et la hausse des tendances nationalistes et protectionnistes, l’environnement économique sera favorable aux pays émergents en 2017. « Le décollage ne sera pas spectaculaire, mais nous serons témoins de la hausse des prix des matières premières. Cette hausse ne présentera pas d’impacts significatifs sur les importations. Les prix vont se stabiliser. Idem, par ailleurs, pour l’économie chinoise, instable depuis l’été 2015. Elle se stabilisera », a-t-il encore ajouté. La zone Euro devrait également profiter de cette vague positive. « L’incertitude demeure, malgré tout, avec le contexte géopolitique. Néanmoins, il faut savoir naviguer dans ces incertitudes et en mesurer les risques, car sans la prise de risque, une entreprise ne pourra pas avancer », a expliqué l’expert.
Tout au long de la conférence, des données précises ont été présentées aux participants pour les convaincre des opportunités économiques offertes par l’Afrique. L’initiative d’Attijari Bank tendait à susciter l’intérêt des opérateurs, et c’est dans cette optique que Hichem Seffa, directeur général de la banque, s’est exprimé lors du coup d’envoi de l’événement. « La conférence est une manière de nous adresser aux opérateurs économiques tunisiens, pour mettre la lumière sur le potentiel de l’Afrique. Nous voulons les éclairer sur les opportunités et les aider à prendre les décisions adéquates en matière d’investissement et / ou d’exportation « , a-t-il déclaré, ajoutant que la banque s’est toujours rangée aux côtés des entreprises tunisiennes pour les accompagner dans leur développement.