Le président brésilien Jair Bolsonaro a estimé samedi que « la hâte » mise à vacciner les populations contre le coronavirus n’est pas justifiée, alors que le plan national brésilien d’immunisation de son gouvernement est la cible de nombreuses critiques. « La pandémie arrive à sa fin. Les chiffres l’ont montré. Nous avons actuellement une petite augmentation, ce qui s’appelle un petit rebond », a déclaré le président brésilien dans un entretien avec son fils, le député Eduardo Bolsonaro, diffusé sur YouTube.
« Mais la hâte pour le vaccin ne se justifie pas, parce qu’on s’immisce dans la vie des gens », a dit Jair Bolsonaro. Le président d’extrême droite a régulièrement exprimé des doutes sur les vaccins, évoquant leurs possibles effets secondaires, de même qu’il s’est beaucoup opposé aux mesures de confinement décrétées par les gouverneurs des Etats brésiliens en relevant leurs effets néfastes sur l’économie.
*« Femme à barbe » ou mue « en crocodile »…
Si le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont déjà commencé utiliser le vaccin Pfizer contre le coronavirus, Bolsonaro, lui, n’a pas hésité à dire que les personnes vaccinées avec ce produit se transformeraient en « femmes à barbe » ou « en crocodiles ».
« Dans le contrat de Pfizer, c’est très clair : « nous ne sommes pas responsables de quelconques effets secondaires ». Si tu te transformes en crocodile, c’est ton problème », a lancé le chef de l’Etat lors d’un discours à Porto Seguro (nord-est).
Il faisait allusion au vaccin élaboré par le laboratoire américain Pfizer et l’allemand BioNTech, testé au Brésil depuis des semaines et déjà utilisé pour le lancement de l’immunisation de la population au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. « Si tu deviens superman, si une femme commence à avoir de la barbe qui pousse ou si un homme commence à parler avec une voix efféminée, ils (les laboratoires) n’ont rien à voir avec ça », a lancé le dirigeant d’extrême droite sur un ton provocateur. Malgré les réticences du président, la Cour suprême a pourtant rendu la vaccination contre le Covid-19 obligatoire, mais non « forcée » dans le pays le plus endeuillé au monde derrière les Etats-Unis.
Cela signifie que les autorités ne pourront pas faire usage de la force pour obliger une personne à se faire vacciner, mais qu’elles pourront lui infliger une amende ou lui interdire la fréquentation de certains lieux publics. « Le vaccin, une fois qu’il sera certifié par (l’agence régulatrice) Anvisa, sera accessible à tous ceux qui le veulent. Mais, moi, je ne me ferai pas vacciner », a insisté Jair Bolsonaro à Porto Seguro.
« Certains disent que je donne un mauvais exemple. Mais aux imbéciles, aux idiots qui disent ça, je réponds que j’ai déjà attrapé le virus, j’ai les anticorps, alors pourquoi me faire vacciner ? », a-t-il poursuivi, ignorant apparemment les cas de recontamination survenus dans le monde, Brésil inclus. Le chef de l’Etat a été contaminé par le nouveau coronavirus en juillet, et s’est rétabli après une vingtaine de jours, sans ressentir de symptômes graves. Ce pays de dimensions continentales et 212 millions d’habitants fait face à une deuxième vague puissante de pandémie.
*Le Brésil reste le deuxième pays le plus touché au monde
Ainsi, le Brésil est après les Etats-Unis le pays le plus lourdement touché par la pandémie de coronavirus, et il connaît depuis novembre un rebond des contaminations et des décès. Au cours des dernières vingt-quatre heures, le Brésil a enregistré 50.177 nouveaux cas et 706 décès. Depuis l’arrivée du virus, 7,2 millions de cas et 186.356 décès ont été recensés par les autorités brésiliennes.
Dans plusieurs régions du monde on assiste à des remontées des contaminations qui ont amené plusieurs pays à réinstaurer des confinements et d’autres mesures de restriction.
(20Minutes, avec AFP)