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Le président du Parlement libyen, Aguila Saleh, considéré comme un proche de l’homme fort de l’Est, Khalifa Haftar, a déposé samedi son dossier de candidature à la présidentielle au siège de la commission électorale à Benghazi.
« Je suis venu au bureau de la Haute Commission électorale (HNEC) à Benghazi pour déposer les documents nécessaires à ma candidature », a déclaré M. Saleh, 77 ans.
Il a appelé ses compatriotes à participer massivement au scrutin, selon des images transmises en direct par la chaîne de télévision consacrée aux élections, Libya Tantakheb.
À deux jours de la fin du dépôt des candidatures à l’élection présidentielle, 29 personnes ont déjà déposé leur dossier, en plus de M. Saleh, a indiqué la HNEC sur son site.
Prévue le 24 décembre, cette élection – la première d’un chef d’État au suffrage universel en Libye – est l’aboutissement d’un processus politique laborieux parrainé par l’ONU.
Plus de 2,83 millions de Libyens sur environ 7 millions d’habitants se sont inscrits pour voter.
Pour la communauté internationale, la tenue des élections – la présidentielle suivie un mois plus tard de législatives – est essentielle pour pacifier le pays, qui compte les réserves pétrolières les plus abondantes d’Afrique.
Toutefois, dans un contexte sécuritaire fragile et de divergences politiques persistantes, en particulier sur le calendrier électoral, la tenue des scrutins reste incertaine.
*L’article 12 de la loi électorale fait polémique
Saleh a ratifié unilatéralement en septembre le texte encadrant la présidentielle, qui semble taillé sur mesure pour le maréchal Haftar, une décision contestée par les autorités basées à Tripoli qui ont provoqué une brusque montée des tensions.
« Il y a une polémique qui n’a pas lieu d’être autour de l’article 12 de la loi électorale », a réagi M. Saleh dans des déclarations aux médias locaux.
« L’article 12 signale que tout candidat à la présidentielle doit se suspendre de ses fonctions trois mois avant le scrutin pour qu’il n’utilise pas l’argent public à des fins de propagande électorale », a argué M. Saleh.
« Les règles juridiques sont générales et abstraites et ne sont en aucun cas taillées sur mesure pour quiconque. La preuve en est que la communauté internationale les a acceptées », a-t-il ajouté.
M. Saleh a rejeté des rumeurs circulant à Tripoli sur de possibles changements qui pourraient être apportés à la loi électorale afin de permettre à des personnalités en fonction de se présenter. De telles modifications pourraient ouvrir la voie à une candidature du premier ministre Abdelhamid Dbeibah.
*Une loi électorale peu claire
« Il ne peut pas y avoir d’amendements », a assuré M. Saleh, qui s’est mis en retrait du Parlement en septembre, quelques jours après que Haftar s’est autosuspendu de ses fonctions militaires.
Vendredi, des manifestants à Tripoli et à Misrata, et samedi à Tarhouna, ville tristement connue pour les dizaines de charniers mis au jour depuis l’été 2020, ont dénoncé cette loi et la participation à l’élection présidentielle de criminels de guerre, allusion à Seif al-Islam Kadhafi, fils cadet de l’ex-dictateur Mouammar Kadhafi, et au maréchal Haftar.
Interrogée samedi par l’AFP, Claudia Gazzini, experte de la Libye au sein de l’International Crisis Group, a jugé prévisible un report des élections, pas à cause des manifestations, mais en raison de cette situation compliquée autour des candidatures pour la présidentielle.
Selon Mme Gazzini, à la base de tous ces problèmes, il y a une loi électorale peu claire, avec beaucoup de contradictions.
(AFP)