Le Canadien David Card et le duo formé par l’Américain Joshua Angrist et l’Américano-Néerlandais Guido W. Imbens ont reçu le prix Nobel d’Economie ce lundi 11 octobre pour leurs travaux dans le domaine de l’économie expérimentale.
Le trio “nous a apporté de nouvelles idées sur le marché du travail et montré quelles conclusions peuvent être tirées d’expériences naturelles en termes de causes et de conséquences”, a salué le jury Nobel.
Avec ce Nobel, l’Académie suédoise récompense l’économie expérimentale, domaine de recherche apparu après la Seconde Guerre Mondiale et inspiré de la psychologie. “Leur approche s’est étendue à d’autres domaines et a révolutionné la recherche empirique”, a souligné le jury du “prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel”, dernier né des fameuses récompenses.
*Un Nobel contre les théories communément admises
David Card a été récompensé pour “ses contributions empiriques à l’économie du travail”. Grâce à des “expériences naturelles”, Card a analysé les effets du salaire minimum, de l’immigration et de l’éducation sur le marché du travail, allant à l’encontre des théories empiriques communément admises. Les résultats de ses recherches ont notamment montré que l’augmentation du salaire minimum n’entraîne pas nécessairement une diminution des emplois.
“Ses études du début des années 1990 ont remis en question les idées reçues, ce qui a conduit à de nouvelles analyses et à de nouvelles perspectives”, selon le jury Nobel.
Grâce à ses travaux, “nous avons également réalisé que les ressources des écoles sont beaucoup plus importantes pour la réussite future des élèves sur le marché du travail qu’on ne le pensait auparavant”.
Angrist, 61 ans, et Imbens, 58 ans, ont eux conjointement été récompensés “pour leurs contributions méthodologiques à l’analyse des relations de cause à effet”. Au milieu des années 1990, ils ont réalisé des percées méthodologiques en permettant de tirer des conclusions solides sur les causes et les effets pouvant être tirés d’expériences naturelles, par exemple en matière d’éducation. Une difficulté qui se pose car les conséquences d’une expérience ne sont pas les mêmes suivant les groupes suivis.
Avec seulement deux lauréates parmi les 86 récipiendaires du prix (l’Américaine Elinor Ostrom en 2009 et la Française Esther Duflo 10 ans plus tard), soit 97,7% de lauréats masculins, le Nobel d’économie est le moins féminin dans un titre où les hommes sont globalement sur-représentés.
L’économie vient clore une saison Nobel marquée notamment par le prix de la paix à deux journalistes d’investigation, la directrice du média philippin Rappler, Maria Ressa, et le rédacteur en chef du journal russe Novaïa Gazeta, Dmitri Mouratov.
(HuffPost, avec AFP)