Un peu plus de deux semaines nous séparent de la soumission du projet de loi de Finances 2019 à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) par le gouvernement. Les grandes lignes du texte commencent d’ores et déjà à fuiter.
Comme le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, l’a promis, tout sera mis en oeuvre pour faire baisser les impôts sur les sociétés. L’accent sera également mis sur le soutien au développement régional, sur l’emploi, sur la santé, sur la caisse de compensation et sur la lutte contre la contrebande et l’économie parallèle et l’évasion fiscale.
400 MDT pour le développement régional
Une bonne partie du texte sera consacrée aux entreprises afin de booster l’investissement, selon des sources gouvernementales concordantes. Dans ce contexte, l’impôt sur les sociétés exportatrices et non exportatrice sera revu à la baisse. Il devrait passer de 25 à 13%. La mesure concernera les entreprises exportatrices à haute valeur ajoutée et employabilité. Il s’agit d’une manière d’aligner leur taux d’imposition avec les entreprises produisant pour le marché local.
D’un autre côté, le projet de loi de Finances 2018 devrait prévoir une ligne de crédit destinée aux petites et moyennes entreprises (PME) à faible taux d’intérêt, et c’est sans compter les incitations fiscales et sociales pour les entreprises. Dans ce même contexte, l’Exécutif compte doubler l’enveloppe consacrée au développement régional. Elle devrait passer, dans le cadre du projet de loi de Finances 2019, à 400 millions de dinars (MDT). Cette mesure devrait s’accompagner par le lancement, enfin, de la Banque des Régions qui devait pourtant voir le jour depuis 2015. Elle disposera, pour commencer, d’un capital de 100 MDT, qui devrait être augmenté courant 2019 pour atteindre les 400 MDT.
Compensation : prix des produits de bases inchangés en 2019
D’autre part, le projet de loi de Finances 2019 comprendra des mesures pour booster l’emploi et l’initiative privée. Dans ce cadre, 150 MDT seront débloqués au profit du fonds de l’emploi, en plus de 50 MDT supplémentaires pour le financement d’un mécanisme spécifique destiné à l’initiative privée des jeunes. Le secteur de la santé ne sera pas en reste. Le ministère de la Santé devrait profiter d’une enveloppe supplémentaire, dont le montant n’a pas été dévoilé, pour l’équipement des hôpitaux et des dispensaires. Au total, 20 projets seront entamés dans ce contexte. L’objectif sera d’améliorer les services sanitaire.
L’autre sujet épineux est celui de la caisse de compensation. Des sources gouvernementales ont assuré que les prix des produits de bases resteront inchangés en 2019 : lait et dérivés, huile végétale, pain, farine, riz, etc. Le budget consacré à la compensation devrait même être revu à la hausse, pour atteindre les 1850 MDT. Ces éléments, s’ils se confirment, contrediraient donc les fuites selon lesquelles les subventions seraient levées progressivement. « Les discussions se poursuivent et rien n’a été décidé », avait confirmé le secrétaire d’Etat chargé du commerce, Hichem Ben Ahmed. Toutefois, plusieurs voix seront examinées, en 2019, afin de rationaliser la compensation pour qu’elle profitent à ceux et celles qui la méritent. Nul doute que les débats seront houleux sur ce point.
L’Etat, à travers, le projet de loi de Finances 2019, va également mieux se concentrer sur la lutte contre l’économie parallèle et l’évasion fiscale qui dévorent près de 50% de l’économie tunisienne. Il devrait aussi se consacrer sur des mesures sociales, à l’instar de l’amélioration des services dans l’éducation, la régularisation de la situation des enseignants suppléants, ou encore le renforcement des ressources humaines dans les administrations du ministère de l’Education. Rappelons, également, qu’une baisse d’impôts sur les voitures populaires sera au programme selon les dernières affirmations de Hichem Ben Ahmed, secrétaire d’Etat chargé du commerce. On devrait s’attendre à une baisse de prix entre 2500 et 5000 TND.
Le plus dur reste à faire
La politique de rigueur constatée en 2016, 2017 et 2018 semble, à première vue, atténuée. Il faut noter que depuis son arrivée à la Kasbah en 2016, le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, a pris l’engagement de s’attaquer aux grands chantiers de l’économie tunisienne, notamment la réduction du déficit budgétaire, de la dette extérieure et la croissance économique, quitte à prendre des mesures impopulaires.
Elles l’étaient, vu le nombre important de protestations sociales et de grèves qui ont marqué les années 2016, 2017 et 2018.
Le gouvernement a sans doute réussi à atteindre certains de ces objectifs, à l’instar de la réduction du déficit budgétaire qui, en 2018, a atteint 4,9% du PIB contre 7,4% en 2016, de la croissance économique qui a atteint 2,8% au second trimestre de 2018 et la stabilisation du taux de chômage à 15,4% durant la même période.
Or, le gouvernement a encore du pain sur la planche. Le déficit commercial de la Tunisie a atteint 12,160 milliards de dinars durant les 8 premiers mois de 2018, aggravé par la baisse vertigineuse du dinar tunisien sur le marché des changes. L’inflation est l’autre bémol dans l’affaire : 7,5% en août dernier.