Face aux défis liés à la gestion de l’eau, le ministère de l’Agriculture, des Ressources en eau et de la Pêche prévoit de mettre en place un système de quotas pour l’irrigation, en particulier dans les régions desservies par les grands barrages. Cette mesure vise à répondre aux besoins en eau des grandes cultures et des vergers, tout en garantissant une utilisation plus raisonnée de cette ressource précieuse. Kamel Mouadeb, responsable de la direction générale de l’ingénierie rurale et de l’exploitation de l’eau, a partagé ces informations lors de son intervention sur les ondes de la radio nationale, le mercredi 2 avril 2025.
Aujourd’hui, 76 % des ressources en eau disponibles sont allouées à l’irrigation, permettant de couvrir une superficie totale de 452 000 hectares, dont 245 000 hectares sont publics. La majeure partie de cette superficie, soit 75 %, dépend des grands barrages, tandis que le reste est irrigué grâce à des puits.
Mouadeb a souligné que les zones irriguées par des puits ne rencontrent pas de difficultés majeures, sauf en cas de baisse du niveau des nappes phréatiques. En revanche, les zones irriguées par les barrages, comme celui de Sidi Salem, sont plus vulnérables aux fluctuations du niveau de l’eau, ce qui constitue un véritable défi pour la gestion de l’irrigation.
Pour 2024, une quantité de 22 millions de mètres cubes d’eau a été allouée à l’irrigation des grandes zones agricoles, en priorité pour le barrage de Sidi Salem, afin de soutenir l’activité agricole dans ces régions cruciales.
Afin de mieux gérer cette ressource et d’assurer une irrigation efficace, plusieurs solutions innovantes sont déjà en place. Le ministère a autorisé le forage exceptionnel de puits dans les zones irriguées, tout en mettant en œuvre des techniques de dessalement de l’eau pour diversifier les sources d’approvisionnement. Une autre initiative importante est la réutilisation des eaux traitées, dans le cadre d’une stratégie visant à recycler les eaux usées. À cet égard, le ministère a lancé le projet Tanit, en partenariat avec l’Italie, pour développer des solutions de recyclage et réutilisation des eaux usées traitées.
Le pays dispose de 127 stations de traitement des eaux, gérées par l’Office national de l’assainissement (ONAS), qui produisent environ 290 millions de mètres cubes d’eau traitée chaque année, une grande partie étant déversée en mer. L’objectif est désormais de revaloriser cette eau traitée, en améliorant sa qualité, pour qu’elle puisse être réutilisée dans des secteurs comme l’agriculture.
Le programme Tanit, dont l’ambition est de réutiliser 36 millions de mètres cubes d’eau traitée d’ici 2030, incarne un tournant dans la gestion des ressources en eau en Tunisie, contribuant ainsi à un avenir plus durable pour l’irrigation et la gestion des ressources naturelles du pays.