Les jours et les semaines avancent et les perspectives d’une solution aux difficultés de nos finances publiques semblent dangereusement s’éloigner. Certes, le gouvernement a entrepris récemment une série de démarches afin de gérer la crise et retarder cette issue qui semble de plus en plus incontournable, mais les résultats vont prendre du temps à se mettre en place !
Après près d’une année de silence, le gouvernement a renoué les négociations avec le FMI pour parvenir à un accord qui pourrait l’aider à trouver une issue à la crise des finances publiques. La conclusion d’un accord avec le FMI est importante, car elle ouvre d’autres sources de financement, notamment auprès des grandes institutions multilatérales ainsi que des marchés financiers. Cet accord devenait également nécessaire pour la conclusion d’accords bilatéraux avec d’autres pays. Ainsi, des entretiens ont été entamés avec l’institution de Bretton Woods, et une délégation de haut niveau s’est déplacée à Washington afin de discuter directement avec les responsables du FMI, de la Banque mondiale ainsi que de l’administration américaine. En même temps, le gouvernement a entrepris des contacts avec les grands pays membres du FMI afin d’appuyer notre requête auprès de cette institution et d’accélérer l’obtention d’un accord. Le gouvernement a également préparé un document de travail sur les engagements qu’il compte prendre ainsi que les réformes à mettre en place afin de parvenir à une stabilisation des finances publiques.
Or, en dépit de cette accélération des négociations, la perspective de parvenir à un accord dans des délais courts semble s’éloigner. Ces négociations seront, comme je l’avais répété à plusieurs reprises, longues, complexes et difficiles. Elles seront difficiles, car elles supposent l’accord des grandes centrales syndicales et particulièrement l’UGTT, ce qui semble aujourd’hui difficile à obtenir. Par ailleurs, les exigences du FMI sont assez importantes et demandent certainement plus de travail de la part du gouvernement, notamment sur les délais et les objectifs chiffrés des réformes.
Mais, en même temps, le gouvernement a accéléré ses discussions avec des pays amis pour négocier un soutien financier qui nous permettrait de faire face à nos difficultés financières immédiates. Ainsi, le Chef du gouvernement a effectué une visite officielle en Libye et cette question a été au centre des discussions avec le nouveau gouvernement libyen. Quelques jours plus tard, le Chef du gouvernement a effectué une visite officielle au Qatar et parallèlement à la coopération globale, la question de nos difficultés financières immédiates a été également évoquée. Enfin, la visite officielle du Premier ministre français Jean Castex a permis aux autorités des deux pays d’aborder les difficultés financières de notre pays et les moyens d’y faire face.
Ces échanges bilatéraux ont été d’une grande utilité pour notre pays dans la mesure où ils ont souligné la nécessité de donner un nouvel élan à la coopération bilatérale avec ces pays. Mais, les résultats pour ce qui concerne l’appui financier immédiat, en dépit des annonces plutôt optimistes, tardent à se concrétiser.
Le bilan de ces initiatives et de ces démarches est pour l’instant relativement maigre face à nos besoins immédiats particulièrement les engagements financiers qui nous attendent au cours des prochaines semaines. Ces difficultés rendent la perspective d’un défaut de paiement et l’entrée dans le scénario libanais plausibles. Ces craintes ont été confirmées au cours des derniers jours par les plus hauts responsables gouvernementaux, notamment le ministre de l’Economie et des finances et le Gouverneur de la Banque centrale.
Nous sommes aujourd’hui devant la responsabilité historique d’éviter à notre pays un défaut de paiement dont le spectre commence à hanter la situation économique et financière. Il s’agit d’une responsabilité collective qui doit mobiliser toutes les institutions de l’Etat afin de faire face à nos engagements. Nous devons reprendre à notre compte le slogan du Président français Emmanuel Macron en parlant de la lutte contre la pandémie. Nous devons faire « quoi qu’il en coûte » pour sauver les finances publiques de la déroute et l’Etat de l’effondrement.
54