À la fin du mois d’avril 2014 tous les indicateurs relatifs à l’investissement direct étranger (IDE) ont accusé une baisse par rapport aux années précédentes. Le flux des IDE a atteint le montant de 432,5 millions de dinars à la fin du mois d’avril 2014 soit une baisse de 15,1% par rapport à 2013 et de 26,5% par rapport à 2012. Mais selon le rapport 2014 sur l’investissement dans le monde (WIR) réalisé par la CNUCED, la Tunisie dispose encore d’atouts pour attirer les IDE.
Selon le WIR la situation sociopolitique nationale engendre l’incertitude des décideurs étrangers. Rappelons que les entreprises ayant quitté la Tunisie exerçaient essentiellement dans la sous-traitance dans le secteur des textiles et n’ont pas pu résister aux pressions sociales et économiques postrévolutionnaires ainsi qu’à l’impact de la crise européenne sur notre région. Pour la troisième année consécutive, l’agence de promotion de l’investissement (FIPA) organise le lancement du World Investissement report réalisé par la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED). Il s’agit de la bible des IDE pour de nombreux experts. Il dresse un bilan des tendances mondiales en matière d’investissement. Le rapport est réalisé annuellement et présente une analyse exhaustive des tendances de l’investissement dans le monde.
Qu’en est-il de la Tunisie ?
Se basant sur des informations collectées auprès de la Banque centrale de Tunisie et de la FIPA, les flux des IDE en Tunisie ont atteint 1.096 millions de dollars, soit 1.553 millions de dinars, alors que les flux des IDE sortants ne dépassent pas 23 millions de dollars, soit environ 37 millions de dinars. Durant cette même année, les nouveaux projets ont atteint 432 millions de dollars soit environ 690 millions de dinars. Le site tunisien n’a absorbé que 7% des flux vers l’Afrique du Nord en 2013. La Tunisie ne détient que près de 14% du stock des IDE pour l’Afrique du Nord. Ainsi la Tunisie occupe la troisième place après l’Égypte et le Maroc. EN 2013, le flux des IDE vers l’Afrique a augmenté de 4% pour se monter à 57 milliards de dollars. Rappelons que le Maroc est le pays de la région qui a tiré son épingle du jeu du Printemps arabe. Selon le rapport, ces chiffres confirment l’attractivité de la Tunisie pour les investissements étrangers. Quant aux secteurs d’investissement, la Tunisie suit les tendances sectorielles mondiales en termes d’IDE, à savoir l’industrie.
L’investissement dans le monde
Selon le WIR, les flux mondiaux d’IDE ont augmenté de 9% en 2013 pour atteindre 1.450 milliards de dollars. Cette augmentation touche l’ensemble des groupements des pays, mais ce sont les économies en transition qui ont atteint des niveaux record, soit 28% de plus. Les pays asiatiques demeurent la région qui a enregistré le plus de flux d’IDE en 2013. Les pays les plus attractifs sont ceux en développement ou les moins avancés. Quant aux prévisions et sous certaines réserves, à savoir la fragilité de certains marchés émergents et des risques liés à l’incertitude politique de certaines régions, la CNUCED table sur 1.600 milliards d’IDE, soit une croissance de plus de 10% par rapport à 2013. Pour les deux prochaines années le volume des IDE devrait atteindre respectivement 1.750 et 1.850 milliards de dinars en 2015 et 2016.
Les recommandations de la CNUCED
Le WIR mentionne qu’en même temps que les mesures des politiques d’investissements sont de plus en plus orientées vers la promotion et la libéralisation des investissements, les politiques restrictives avancent elles aussi. Toujours selon le rapport, il faut trouver un équilibre entre la libéralisation et la restriction. Un secteur bien réglementé ne veut pas dire restreint. Les investissements ont besoins d’un cadre juridique et d’un réseau institutionnel pour donner confiance et favoriser l’investissement. C’est la transparence qui est prônée dans ce cas davantage que la restriction. La CNUCED regrette que les incitations à l’investissement aillent plus vers la performance économique que vers le développement durable. Les fonds publics devraient eux aussi être orientés vers les projets de développement durable. Le rapport de la CNUCED a mentionné l’insatisfaction concernant certains aspects des accords internationaux sur l’investissement et relève des difficultés pour les sociétés transnationales (STN) mondiales et régionales à assurer les standards touchant à la responsabilité sociale des entreprises. Les gouvernements, partout dans le monde, orientent leurs politiques vers une approche plus équilibrée entre la protection de l’investissement et le développement durable avec un risque, d’après le rapport de la CNUCED, d’une phobie anti-investissement dans un contexte de crise économique internationale. La CNUCED appelle également à la réforme, ce qui ne peut que concerner la Tunisie, pays connaissant de nombreuses réformes dans tous les secteurs, notamment dans l’investissement. Ce rapport l’aidera beaucoup dans sa nouvelle conception de son Code de l’investissement. La Tunisie est appelée à établir l’équilibre entre incitations et coût des incitations. Une évaluation du coût des incitations actuelles montre que celles-ci représentent 2.5% du PIB et 10% des recettes fiscales du budget. 24.000entreprises ont bénéficié des incitations fiscales, dont 10% ont bénéficié de 90% de ces incitations.
Najeh Jaouadi