Le seuil électoral examiné à l’ARP

Intervenant dans l’après midi de ce mardi 19 février 2019 devant les représentants du peuple, lors d’une plénière à l’ARP, le ministre chargé des relations avec l’Assemblée des Représentant du Peuple, Iyed Dahmani s’est présenté dans la peau d’un farouche défenseur du seuil électoral. Un seuil qui a été proposé, dans le projet d’amendement présenté par le gouvernement pour le vote d’approbation du parlement, à 5 %.
Dahmani a insisté sur le fait que « le seuil électoral n’a jamais été, dans les démocraties, un paramètre  déterminant de l’intégrité des élections, ni un facteur compromettant le droit de participation des citoyens à l’opération électorale ». Selon lui, il s’agit plutôt d’un « choix établi par la société, à un moment donné, pour organiser la pratique démocratique ».
Il a déploré la volte face de certaines tendances politiques au parlement qui étaient, « 6 mois auparavant, favorables au seuil électoral et revendiquent son adoption en tant que condition nécessaire pour la démocratie, mais qu’on voit aujourd’hui changer de cap en menant une compagne de dénigrement et de distorsion  de cet amendement, moyennant l’utilisation de faux arguments ».
A noter que parmi les bizarreries de la Tunisie actuelle, est le fait de voir des personnes, à l’instar du ministre Iyed Dahmani, qui a brigué depuis 2011 deux mandats de représentation, l’un à l’Assemblée Nationale Constituante de 2011 et l’autre à l’Assemblée des représentants du peuple de 2014 par le biais du calcul des plus grands restes, défendre aujourd’hui un principe qui aurait compromis considérablement ses chances, s’il était appliqué lors de ses deux candidatures.
Cependant, et indépendamment de ces prises de position dictées par le seul intérêt et le positionnement politiques et abstraction faite des intentions des uns et des autres, il semble plutôt utile de reformuler les enjeux relatifs à la question du seuil électoral de 5 %. Car, la vraie question qui devrait être posée ne consiste pas dans ces calculs politicards, mais plutôt dans le fait de savoir si l’établissement de ce seuil électoral de 5 % pourrait bénéficier à la démocratie naissante en Tunisie et à la stabilité gouvernementale nécessaire pour faire avancer les grandes réformes.
Visiblement ceux qui sont pour et ceux qui sont contre,  envisagent la question à partir d’angles de vue diamétralement opposés. Ceux qui sont pour pensent à la manière de doter le gouvernement d’une assise parlementaire confortable, lui permettant de faire valoir sa politique et sa vision. Au contraire, ceux qui sont hostiles au seuil électoral, n’ont de souci que la sauvegarde d’un parlement doté de la plus large représentativité possible.
Entre les prétentions des uns et les soucis des autres et en l’absence d’un vrai débat national autour du modèle de gouvernement qui préserve la diversification de la représentativité et favorise la stabilité gouvernementale à la fois, nos politiciens continuent à naviguer aveuglement et chacun n’a de guide que ses propres intérêts partisans. Or, le bon sens incite, dans une phase de transition, tout le monde à se livrer à une seule et unique boussole, celle de l’intérêt national.

 

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