Le Sevrage tabagique en post-Covid: Trois succès au masculin!

Dr Donia Gharbi-kilani

J’ai commencé comme jeune médecin de la santé publique à apprendre le langage du tabac alors que je ne fume pas. À comprendre les doléances de personnes désireuses d’arrêter de fumer. A déchiffrer la souffrance des personnes tabagiques. D’abord les hommes, rapidement les femmes et doucement mais sûrement, les jeunes. Aujourd’hui, j’essaye d’interpréter les chuchotements des enfants pris au piège du « mégot »!
APRÈS LA COVID-19
Mon histoire commence après un arrêt de plus de trois années de la consultation d’aide au sevrage tabagique. J’ai repris ma consultation au mois d’octobre 2022. Il y a tout juste un an. Doucement, péniblement, mais sûrement. J’étais impatiente de revoir mes patients tabagiques et déterminée à les aider du mieux que je pouvais.
Des rendez-vous pris en partie au cœur de la pandémie. Des inconnus pour la plupart. Entre masques, vaccins et la course folle contre la montre, la nécessité vitale du sevrage tabagique s’est imposée.
TROIS SUCCÈS AU MASCULIN 
Je vais vous relater l’histoire de trois sevrages tabagiques réussis au cours de cette année 2023. Il s’agit de messieurs Adnène, Firas et Lotfi comme je vais les appeler. Âgés respectivement de 57, 45 et 56 ans.
Trois épouses prennent l’initiative  pour un rendez-vous à ma consultation d’aide au sevrage tabagique. La même phrase exprimée différemment, mais voulant dire la même chose: « C’est urgent, il faut qu’il arrête le tabac! On dit que vous êtes la meilleure Docteur! »
Si Adnane est responsable commercial exerçant dans le secteur privé. S’il n’est pas au bureau, il est souvent au volant de sa voiture. La cigarette est un compagnon de longues années.
Au premier rendez-vous, accompagné  de son épouse, jeune et déterminée. Il portait une casquette. Pourtant une certaine lassitude et un malaise sont difficiles à dissimuler.
« Mes filles et ma femme veulent que j’arrête de fumer, Docteur! »
Moi: »Et vous Monsieur! »
« Moi le premier! Et depuis la Covid-19, j’ai compris qu’il faut que j’arrête. Mais j’ai peur Docteur! »
Moi: »Alors on démarre! »
« Oui Docteur! »
Aux dernières consultations, Si Adnène ne porte plus  sa casquette. Il a pris quelques kilos. Totalement sevré, reconnaissant et surtout heureux.
Si Firas est propriétaire et gérant dans le secteur privé. Grand de taille, mince, le regard fuyant. Un air presque triste. Une charmante épouse, mais qui cachait mal sa peur.
« Docteur, il faut qu’il arrête. Les filles sont très malheureuses, elles savent beaucoup de choses sur les méfaits du tabac! »
Moi: »Il va arrêter Madame! »
Si Firas, se porte à merveille, il est presque sevré. Il est reconnaissant, heureux et souriant.
Si Lotfi est un cadre administratif dans le secteur publique. Il aime jouer au football avec les cousins et les amis pendant le week-end. Mais il ne peut plus le faire, il est rapidement essoufflé.
« Je veux arrêter Docteur! Ma femme et mes deux enfants aussi! »
Moi: »On y va ensemble et nous allons réussir! »
Si Lotfi est à la phase finale d’un sevrage réussi. Il a fait une partie de football le week-end dernier. L’équipe adverse a gagné de justesse! Il est en forme, reconnaissant et surtout heureux.
Des histoires comme celles-ci, je peux en écrire des dizaines. Mais en post pandémie et si la demande est la même, la perception du risque tabagique et les motivations ont bien changé.
Pour ma part, chaque sevrage réussi est un bonheur indescriptible. Une sorte de délivrance qui rime avec la Vie.
Et comme aurait dit un sage: « Quand un homme a faim, il vaut mieux lui apprendre à  pêcher que lui donner du poisson ».
Bonne année 2024 et
Bonne santé
Docteur Donia Gharbi-kilani
Médecin Tabacologue

Related posts

Charles-Nicolle : première kératoplastie endothéliale ultra-mince en Tunisie

Affaire du complot : Qui sont les accusés en fuite ?

Une opération sécuritaire inédite : Saisie de plus d’un million de comprimés d’ecstasy (Vidéo)