La Commission de la législation générale à l’Assemblée des représentants du peuple a entamé aujourd’hui l’examen du projet d’amendement du décret-loi n°54 de l’année 2022, daté du 13 septembre 2022, relatif à la lutte contre les infractions liées aux systèmes d’information et de communication, et en particulier de son article 24, à travers une première séance d’audition de l’instance initiatrice.
Dans un communiqué rendu public ce mardi, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a réitéré à cette occasion sa position constante et sans équivoque sur la nécessité urgente de réviser ce décret, qui constitue une menace directe à la liberté de la presse et d’expression. Le syndicat appelle à l’application du décret-loi n°115 de 2011, relatif à la liberté de la presse, de l’impression et de l’édition, pour le traitement des affaires concernant les journalistes et les opinions, dans le respect des principes d’un procès équitable et en garantissant la protection du travail journalistique.
Le SNJT rappelle que les dérives judiciaires dans l’application du décret 54, qui ont conduit à des condamnations lourdes et souvent arbitraires visant des centaines de personnes dans divers secteurs, sont liées non seulement aux dysfonctionnements du système judiciaire, mais aussi à la formulation vague et ambigüe du texte, facilitant les abus et les interprétations liberticides.
Dans le même esprit, le syndicat a salué la réactivité de l’Assemblée et de plusieurs dizaines de députés, qui ont accueilli favorablement ses propositions en faveur de la liberté de la presse, de la réhabilitation du journalisme et de la promotion d’une formation académique scientifique dans le domaine. Le SNJT souligne l’importance de renforcer une conscience critique chez les jeunes, à travers une compréhension du rôle fondamental des médias dans la société et la diffusion des valeurs de citoyenneté, de pluralisme et de diversité.
À ce titre, le syndicat s’est félicité du dépôt de la proposition de loi relative à la création du poste de « professeur d’éducation aux médias et à la communication » dans les établissements publics, avec le recrutement des diplômés de l’Institut de presse et des sciences de l’information (IPSI). Cette initiative représente une opportunité précieuse pour construire une culture médiatique durable, adaptée aux enjeux contemporains, en vue d’un avenir journalistique plus responsable, éthique et professionnel. Elle permettra notamment de :
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Développer l’esprit critique des jeunes générations et leur capacité à discerner l’information fiable des fausses nouvelles ;
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Renforcer les défenses sociétales contre les discours de haine et la désinformation ;
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Encourager une participation citoyenne éclairée et active ;
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Offrir des débouchés professionnels concrets aux diplômés de l’IPSI, en contribuant à leur insertion dans le marché de l’emploi et à la construction d’une société de la connaissance.
Par ailleurs, le syndicat national des journalistes tunisiens a lancé un appel à l’ensemble des journalistes, parlementaires et parties concernées pour œuvrer collectivement à accélérer l’amendement du décret 54 et adopter la proposition de loi sur l’éducation aux médias, en tant que levier fondamental pour la liberté d’expression, la démocratie et la résilience sociétale face aux défis de l’ère numérique.