Le sort de Chahed sera-t-il scellé lundi ?

Le glas a-t-il sonné pour le gouvernement d’union nationale ?
Si l’on se réfère aux bruits qui courent cela semble être imminent.
En effet, une semaine ne s’est pas encore écoulé depuis l’annonce des résultats préliminaires des premières élections post-révolution que le sort de Youssef Chahed et de son équipe semble être passé entre les mains de Noureddine Taboubi et Hafedh Caïd Essebsi. C’est du moins ce que laissent croire leurs entourages. Des contacts ont lieu entre les deux hommes, qui se sont rencontrés à plusieurs reprises, pour élaborer un plan pour l’éviction du locataire de la Kasbah.
Il est vrai que cela peut sembler invraisemblable que le secrétaire général de l’UGTT et le directeur exécutif de Nidaa Tounes trouvent un point de rencontre malgré la différence des intérêts de l’un et de l’autre, mais les faits sont là et bien réels. Taboubi et HCE ont trouvé un point de convergence pour faire porter le chapeau au chef du gouvernement de la situation qui prévaut dans le pays et convaincre Beji Caïd Essebsi de se séparer de son poulain.
Pour le premier, il s’agit, en fait, d’empêcher la mise en œuvre des réformes qu’il qualifie de lignes rouges et pour le second, se laver de la déconfiture de Nidaa Tounes et de la grosse claque reçue le 6 mai dernier.
Chahed sera-t-il sacrifié sur l’autel des desideratas de l’un et des accusations de l’autre ? La question est surtout de savoir à qui cela profitera au cas où cela se réaliserait ?
Il faut dire que Chahed n’était pas à l’abri. Les déclarations virulentes à son encontre que ce soit des pyromanes de la centrale syndicale, qui échappent à tout contrôle du secrétaire général, du bureau exécutif et même de la commission administrative, ou de certains membres de sa famille politique laissaient entrevoir une telle attitude à son égard.  Par ailleurs, la déconvenue des municipales n’est qu’un prétexte fallacieux pour permettre au responsable de l’effritement du parti du président de la république de se remettre en selle et de se repositionner. Du côté de l’UGTT, il s’agit, également, de reprendre sa place réelle en tant que partenaire stratégique qui a son mot à dire même dans les questions politiques.  Une stabilité fortement souhaitée, voire exigée, par les partenaires étrangers et les bailleurs de fonds en particulier auprès desquels la Tunisie est fortement endettée.
Pousser vers un changement du gouvernement au moment où le pays est dans une mauvaise passe et commence à peine à retrouver des couleurs en termes d’indicateurs économiques c’est verser dans l’instabilité qui ne fait l’affaire de personne sauf celle de la mafia politico-financière gênée par le combat mené par Chahed contre la corruption et la contrebande et, plus encore, renforcer la démocratisation de la culture de la prédation.
Dans cette affaire, l’erreur de Chahed  c’est de ne pas avoir calculé son coup. Ce qui comptait pour lui c’est faire sortir le pays de la crise qui le ronge et instaurer une stabilité politique, économique et, par conséquent, sociale, qui permettrait de marquer davantage de points dans la guerre contre la corruption et le terrorisme et changer la couleur des indicateurs.
Cela ne pouvait que gêner ses adversaires car la stabilité, c’est le commencement de la fin des pratiques mafieuses, l’instabilité en est l’oxygène.Pour avoir lancé ce combat et décidé d’engager les réformes nécessaires à la relance de la situation du pays, Chahed a perdu, en cours de route, tous ses soutiens. Sera-t-il pour autant sacrifié par Beji Caïd Essebsi ?
Il faut dire que, jusqu’ici, sans le soutien de BCE, le jeune chef du gouvernement n’aurait pas franchi le pas « fatidique » de s’attaquer de front aux barons de la contrebande et de la corruption et, surtout, d’ouvrir les dossiers les plus épineux surtout ceux que personne n’osait toucher par crainte de représailles.
Le chef du gouvernement en était conscient et se savait être la cible privilégiée des puissants lobbys qui se cachaient derrière ces dossiers.
Aujourd’hui, les intérêts des uns et des autres se rejoignent, d’où l’alliance invraisemblable entre Taboubi et HCE.
Des voix se sont élevées pour appeler le chef de l’Etat à éloigner son fils de Nidaa s’il voulait sauver ce qui reste à sauver de son parti, d’autres ont invité la centrale ouvrière d’aider à trouver des solutions plutôt qu’à créer des problèmes et engager des bras de fer avec le gouvernement, dans tous les secteurs, pour le paralyser. La responsabilité est partagée par tous même si c’est le gouvernement qui en paye la facture.
Lundi, si l’on croit les bruits qui courent, la réunion des parties signataires du pacte de Carthage va trancher sur cette question.
Beji Caïd Essebsi s’est toujours accroché à l’union et au consensus, faisant prévaloir la sagesse et la raison d’Etat.
C’est à lui de trancher.

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