Le souffle de l’imaginaire

L’espace Bel Art,  sis à  El Menzah VI,  a abrité jusqu’au 9 novembre, l’exposition personnelle de celle que l’on nomme la «militante de l’art». Il s’agit d’Alia El Kateb plus connue pour ses thèmes sur la femme et la Médina maghrébine. Cependant, tout véritable artiste devrait avoir cette capacité à se renouveler pour relever de nouveaux défis. C’est effectivement ce qu’à fait l’artiste-peintre dans son dernier cru en nous révélant une nouvelle approche, un nouveau conflit artistique face à la situation sociopolitique que vit son pays. Elle s’engage sur un nouveau terrain, celui de l’abstrait.

Peintre professionnelle depuis plus de vingt ans, Alia El Kateb était surtout portée sur des œuvres figuratives. Mais il est clair aujourd’hui que les toiles exposées n'ont plus rien à voir avec l'art figuratif.
D’autres intérêts ont été développés depuis la Révolution, répond l’artiste pour expliquer cette orientation. C’est que l’artiste aime les nuances, car sa  personnalité sensible est elle-même nuancée.  Pour elle,  peindre un tableau est comme écrire un poème à l’aide d’un pinceau. Il aura fallu qu’elle plonge en elle en se faisant confiance.
Vingt-quatre  tableaux exposés et  admirés, mais que perçoit-on lorsqu’on les observe attentivement? L’artiste se fait guide agréable : «chaque toile relate un événement vécu, tels les pétards et les feux d’artifices, les détonations dans «Explosion nocturne», les conspirateurs qui sèment le trouble dans «L’incertitude» d’un trio «Troïka», la souffrance dans tous ses états  dans  les «Cœur brisés». Une note d’optimisme surgit  malgré tout  dans cet univers obscur et confus avec une correspondance dans certaines toiles entre peinture et musique où la couleur sonne et la forme résonne ! «Un clin d’œil à l’octobre musical affirme l’artiste.»
La  Capture» apparait pourtant et  trois femmes ni nues ni soumises sur les toiles, allant de la femme nue à la pudique jusqu’à « l’Extravertie», dans un «Jugement» qui fait allusion au mouvement  Femen brutalement condamné.
Les diptyques en Technicolor transmettent étrangement un souci écologique dans un pays ressemblant à une décharge publique à ciel ouvert. Lors de ses promenades, l’artiste n’hésite pas à amasser ce qui traine : une branche de palmier, un tissu déchiré, divers papiers… reprenant vie en devenant vedettes sur la toile.  Le pays lui,  peut-il être récupéré ?
De la clarté sous des airs plus ou moins graves, mais au fond, une grande paix et une grande sérénité. De l'eau pure qui coule…
Alia El Kateb parait  particulièrement fière de sa création, exposée qui démontre la réalité d'un 6e sens qui s'appelle l'imaginaire.  
Le public connaisseur n’a pas tari d’éloges envers l’artiste-peintre au cœur de cette expo originale d’actualité. Sa touche sensible et suave a été une ode de fraicheur et un  témoignage de nos joies et de nos peines… Une porte  ouverte sur l’âme.

Nadia Ayadi

 

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