Le Tourisme tunisien change de couleur, de ton et de visage… Jeunes gens à vos idées, partez!

C’est dans un cadre typiquement tunisien que le séminaire de capitalisation du « Programme d’appui aux initiatives entrepreneuriales dans le tourisme durable », a été organisé hier, mardi 25 juin.

Cette initiative d’accompagnement et de financement de projets portés par des entrepreneurs dans les régions du Nord-Ouest, Tunis, Mahdia, Djerba-Zarzis et Tozeur dans le cadre d’un tourisme durable », s’est déroulé dans le Palais Beylical à Ksar Saïd pour que contenu et contenant racontent, en parfaite symbiose, une Tunisie qui tient à devenir une destination de choix, une Tunisie riche de par son patrimoine, sa spécificité et son Histoire. L’ambiance festive de la célébration de deux années de réussite du « Programme d’appui aux initiatives entrepreneuriales dans le tourisme durable » a donc été ressentie dans les arômes d’antan. Arômes qui se dégageaient des ornements des murs, du toit et du décor pour nous rappeler une parcelle de l’Histoire tunisienne. Une époque ottomane qui a empreint notre culture.

Mais ce qui a vraiment fait des étincelles, ce sont les multiples success-stories racontées ce jours-là. Il s’agissait de parcours brillants qui ont émergé du terroir même de ce pays, des histoires de réussite qui ont certes puisé dans les richesses géographiques de ce pays et ses ressources naturelles, mais qui ont aussi pu voir le jour grâce à des idées ingénieusement inédites et un accompagnement digne de respect.

Le tourisme, autrement
Pour ce qui est de l’accompagnement, c’est justement M. Mohamed Moez Belhassine, Ministre du Tourisme, qui a donné le premier ton. En ouvrant le séminaire, Belhassine n’y est pas allé par quatre chemins. Il a illico presto mis en exergue les différents mécanismes d’accompagnement déployés par son département pour mettre en place des actions concrètes à même d’accompagner et de financer des prestataires des services touristiques. Et ce, à travers différents mécanismes d’accompagnement qui s’inscrivent dans le cadre de la coopération internationale. « Grâce aux efforts communs, les bénéficiaires ont acquis les compétences requises et les connaissances nécessaires pour intégrer les pratiques durables dans leurs activités touristiques », a indiqué le ministre, Et d’ajouter que les prestataires ont appris à valoriser les ressources locales, à minimiser leur empreinte pour créer un tourisme écologique qui offre des expériences authentiques aux visiteurs tout en mettant en avant les richesses naturelles du pays, en racontant l’Histoire d’un patrimoine Tunisien et en préservant un riche legs aux générations futures. Le ministre a par ailleurs ajouté que le tourisme classique intéresse certes une catégorie de personnes, sauf que certains touristes ne veulent plus seulement visiter les villes, mais ont de plus en plus une prédilection pour les vues naturelles, la nature brute, les montagnes, les déserts. « Le touriste aime se sentir libre de ses mouvements et cherche un bon guide et une facilité de déplacement. Tout ceci s’inscrit sous l’enseigne du tourisme durable qui fait notre credo dans les dix années à venir. Dès lors tout entrepreneur ayant des idées créatives qui servent ce projet peut bénéficier du programme de formation, d’accompagnement et de financement », a-t-il précisé.
C’était ensuite au tour de M. José Froehling, chef de projet « Promotion du tourisme durable » à la GIZ, de conter le récit réel qu’est le Programme d’appui aux initiatives entrepreneuriales dans le tourisme durable. Rappelant que ce projet s’articule sur deux volets principaux (technique et financier), Froehling n’a pas manqué de rappeler « l’importance de l’accompagnement individuel lequel a permis aux bénéficiaires de réussir », a-t-il dit, laissant entendre que pour mettre en œuvre leurs idées et développer leurs activités économiques de manière durable, il leur fallait une main bienveillante. « Le soutien financier a joué un rôle crucial dans la création entrepreneuriale. En fournissant des fonds à ces entrepreneurs en tourisme durable, cela leur permettait de minimiser les risques d’investissement. Nous avons permis à nos bénéficiaires de démarrer immédiatement et de mettre leurs idées à exécution. Le financement leur a permis aussi de réaliser des progrès plus rapides », a précisé M. Froehling.

Des pas de géants
166 projets ont bénéficié du « Programme de soutien aux initiatives entrepreneuriales dans le tourisme durable ». Les 166 bénéficiaires, ont été techniquement soutenus alors que 154 bénéficiaires ont été soutenus financièrement avec près de 200 nouveaux emplois créés au cours des deux années passées. La valeur du financement a atteint l’équivalent de 5000 euros par bénéficiaire. Une somme octroyée sous forme de services ou en guise de matériel.
Abordant les nouvelles tendances du tourisme à l’échelle internationale, et ce qui est désormais connu sous l’appellation « Slow Trip » ou « le voyage en douceur », Mme Chéma Gargouri, fondatrice et directrice exécutive de l’Association TAMSS, a expliqué, chiffres à l’appui, qu’il s’agit d’un marché en pleine expansion et d’une tendance en plein essor. « La taille du marché international du tourisme durable a été estimée à 2,73 billons de dollars en 2023. Elle devrait atteindre 9,17 billons de dollars entre 2023 et 2032, enregistrant ainsi un taux de croissance annuel de plus de 14% », a-t-elle affirmé.
Et Mme Gargouri d’ajouter que le tourisme durable nécessite et sollicite le leadership local dans la mesure où en renforçant les systèmes locaux et en répondant aux besoins des communautés, l’entrepreneur a déjà un gage de réussite. « L’entrepreneur dans ce domaine est particulier car il entretient les émotions, le partage, l’échange, le don de soi et l’aventure humaine.

Donc, le touriste ou le voyageur qui va venir est aussi différent. Il cherche à vivre une aventure humaine. En tant que responsable de la mise en œuvre de ce programme, il fallait que nous trouvions cet équilibre. C’est-à-dire, comment appuyer les entrepreneurs à aborder cette profession d’une manière professionnelle et générer des revenus. » Pour ce qui est du rôle de la TAMSS, Mme Chéma a noté que l’association œuvre depuis dix-huit ans sur le terrain à travers trois départements : femmes entreprenariat et droits de l’Homme. « 65 personnes travaillent à plein temps pour créer de l’emploi depuis nos trois bureaux à Tunis, à Sfax et à Médenine. C’est dans le cadre du volet entreprenariat que nous prêtons main forte au programme du tourisme durable. Il s’agit d’un programme en partenariat avec la GIZ et financé par l’Union Européenne et la BMZ. Un programme qui cible un tourisme durable à travers un investissement financier et en nature et ce, aussi bien en faveur des projets en phase de lancement que ceux ayant besoin de consolidation », note-t-elle. Et d’ajouter que tout entrepreneur qui porte un message et une mission a bénéficié du programme. « Nous avons sélectionné 166 entreprises sur 800 tout au long de ces deux ans pour qu’ils bénéficient de formation, d’accompagnement, d’assistance technique et d’un montant moyen de 16 mille dinars. Une somme conséquente pour des micro-projets et de petites entreprises si leur modèle économique est viable d’autant plus qu’ils ramènent aussi leur propre contribution sous forme de biens, de terre ou de savoir. Et si je dois conclure je dirais qu’il s’agit d’un secteur qui a du potentiel. Et pour joindre l’utile à l’agréable, il s’agit de projets qui se développent à l’intérieur du pays et contribuent donc au développement des régions de l’intérieur. Il s’agit d’initiatives locales qui peuvent venir de l’extérieur de la région mais qui émanent souvent d’entrepreneur locaux où on assiste à une appropriation de son propre environnement. Nous encadrons et finançons, ensuite une fois le projet est mis en place, il implique le citoyen-entrepreneur qui assume une part de responsabilité, le gouvernement qui en assume aussi une autre part ainsi que les autorités locales lesquelles doivent veiller à la durabilité et à la viabilité du projet ».

Petits budgets, grandes idées !
Il est à noter que 64% des bénéficiaires possèdent des diplômes d’études universitaires. Les activités accompagnées sont majoritairement des maisons d’hôtes, des tables d’hôtes, des activités Outdoor,et des startups. « Nous avons réussi à formaliser 42 initiatives dont 54% de patentes individuelles et 31% des SARL », a déclaré pour sa part Mme Jihène Ben Messaoud Mzali, cheffe de projet TAMSS. « Le capital moyen de ces projets est de 1 à 20 mille dinars. Et 64% de ces projets n’ont pas eu recours aux crédits bancaires d’où l’impact de notre programme ». Il a également été précisé que 80% des bénéficiaires étaient satisfaits étant donné la valeur ajoutée de cette subvention qui est parfois supérieure ou égale au capital initial, tandis que 85% des bénéficiaires se sont dit satisfaits des formations accordées.
L’événement a été aussi une occasion pour la projection de deux vidéos mettant en valeur la contribution du Ministère du Tourisme et ses commissariats impliqués, la GIZ et Tamss. Elles ont également mis à l’honneur les bénéficiaires du Programme sur, principalement, cinq zones d’intervention.

La journée a été clôturé avec des panels de strory-telling où durant la première partie, six bénéficiaires du programme ont partagé leurs expériences, leurs parcours et témoigné de l’appui dont ils ont bénéficié. Il s’agit des entrepreneurs de « la Fontaine » Bénine à Ain Draham, de « Tilli Tanit » à Mahdia, de la Startup « Invented Technology » à Djerba, de « Samanah Valley » à Sousse, de « Wildy » à Tunis et du « Voyageur du Désert » à Tozeur. Le deuxième panel a été axé sur l’écosystème du secteur du tourisme durable en Tunisie. Des représentants de Greenovi, du DMO Mahdia, de Leaders International, du Groupement d’Intérêt Economique MDINTI ainsi que la directrice RSE et développement durable à la STB ont expliqué l’accès au financement jugé par les participants comme difficile en Tunisie. Et ce, tout en soulignant que le Programme d’appui aux initiatives entrepreneuriales est un mécanisme permettant de résoudre une partie de cette problématique en permettant aux porteurs de projets de passer à l’œuvre et de réaliser leur rêve. Ils ont également mis l’accent sur l’importance de la durabilité qui est devenue une nécessité pour les entreprises aujourd’hui.

Rappelons que le « Programme d’appui aux initiatives entrepreneuriales dans le tourisme durable » est implémenté par TAMSS, en partenariat avec le projet « Promotion du Tourisme Durable » qui est mis en œuvre par le Ministère du Tourisme avec l’appui de la GIZ et financé conjointement par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et par l’Union européenne dans le cadre de son programme « Tounes Wijhetouna » .

Abir CHEMLI

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